Critique cinéma : Une comédie pas si ENORME que cela ..
On sait depuis "Les coquillettes" ou "la Vie au ranch "que le cinéma de Sophie Letourneur ne ressemble à pas grand chose à ce qu'on voit ailleurs.
Sa marque de fabrique: un mix audacieux mais pas toujours réussi entièrement de comédie complétement décalée, presque burlesque avec une approche quasi documentaire, prise sur le vif .
Tout ces ingrédients font de son univers cinématrographique quelque chose à l'équilibre précaire, avec un fil qui peut rompre à tout moment, malgré l'audace du projet.
Avec "Enorme", son dernier long métrage, en salles demain, on aurait pu penser que Sophie Letourneur avait mis un peu d'eau dans son vin .
En effet, au vu des deux grosses stars faisant partie du casting à savoir Jonathan Cohen et Marina Foïs, ainsi que du pitch qui peut faire penser à un scénario de grosse comédie française populaire - l'histoire d'une femme qui tombe enceinte contre son gré et voulu par son mari- "Enorme "semblait aller sur les rives d'un cinéma quelque peu plus mainstream que ses précédents longs métrages..
Or, à la vision de cet "Enorme", on s'aperçoit vite qu'il n'en est rien et que l'univers de Letourneur ne ressemble qu'à son propre cinéma, avec ses qualités et malheureusement aussi ses limites évidentes.
Plongeant ses deux grosses stars dans une intrigue très absurde et d'un burlesque pas très éloigné des films américains des Frères Farrely - à l'image de ce ventre vraiment monstrueux qu'arbore Marina Fois pendant la moitié du film- ou de Judd Appatow et son "en cloque mode emploi," Letourneur continue cependant dans cette voie vers un cinéma presque documentaire avec une image très naturaliste et un parti pris qui voit les personnages secondaires tous joués par des amateurs, qui incarnent d'ailleurs souvent leurs propres rôles ( gynécologue, sage femme, avocate ou la propre mère de Jonathan Cohen).
Un parti pris aussi singulier que déroutant qui séduit vraiment dans un premier temps, avec une première partie à la fois très drôle (un Cohen comme toujours au top même s'il en fait quand même un poil trop ) conjuguée à une réflexion pas si bête que cela sur l’appropriation du corps de la femme pendant la grossesse. et un retournenement bienvenu des situation ( c'est le mec qui décide de tout et la fille subit entièrement), qui s'avèere vraiment original.
Hélas, au bout de 30 à 45 minutes de film, la machine s'enraye nettement; l'aspect comique devient trop lourd, trop "hénaurme" .
Surtout les longues scènes documentaires voulues par la cinéaste entravent le potentiel comique du film, notamment avec une scène d'accouchement très longue, extrêmement réaliste mais vite ennueyse et pas très convaincante à l'écran.
Et l'image s'avère être franchement moche, ce qui lasse quand même au bout d'une bonne heure de film...
Bref, le cinéma radical et brut de Letourneur ,certes pas formaté pour un clou, est éminnement louable dans ses intentions mais s'avère finalement assez agacant et maladroit dans son exécution.
Etrange objet que cet #enorme de Sophie LeTourneur dont le pitch pourrait faire penser à une comédie grand public et qui s'avère un mélange de comédie burlesque à la Farrelly avec une approche très cinéma vérité sur la maternité ..original mais pas 100 % réussi..au ciné mercredi. pic.twitter.com/KZEMANSMXb
— Baz'art (@blog_bazart) August 28, 2020