Récits d’objets : "L'Ourse qui danse ": un récit inouï sur les Inuits
"J'étais alors dans mon âge guerrier. En revenant au village, je retrouvais mes racines. Les mots d'autrefois. Le gout de nos viandes goulûment machées, le désordre fou, le chaos aimables de nos maisons. Nous n'avons jamais appris à tenir un intérieur comme vous dites: nous sommes des errants, jamais nous n'avons imaginé nous sédantariser. Chez nous lorsque quelq'un meurt, on arrache les portes et les fenêtres pur que son esprit puisse s'envoler."
Le musée des Confluences de Lyon, a lancé depuis quelques années une formidable collection intitulée « Récits d’objets »; collection qu'on avait déjà présenté en tout début d'année .
Elle consiste à solliciter un ou une écrivaine pour lui proposer de choisir un objet de son choix dans les collections du musée pour qu’il s’en inspire et en tire un texte sous la forme de son choix (conte, récit, court roman, etc.).
À partir de mai 2020, les éditions Cambourakis s’associent au musée des Confluences pour coéditer cette collection à raison de deux titres par an c'est la romancière et traductrice italienne Simonetta Greggio (auteure de "Elsa mon amour "en 2018 chez Flamarion) qui inaugure ce partenariat avec "L’Ourse qui danse", un court récit inspiré par une statue Inuit.
Dans ce court roman extrêmement documenté dans lequel elle rend un hommage appuyé à l'illustre Jean Malaurie, ethnographe spécialiste du monde polaire, Simonetta Greggio centre son récit autour la rencontre d’un homme inuit et d’une ourse.
Une confrontation a priori effrayante qui se transforme en fascination et profond respect mutuel puisqu’après s’être affrontés et mutuellement blessés, homme et ourse vont cohabiter et survivre l’un grâce à l’autre avant que l’homme ne rejoigne sa famille.
Un texte imprégné par les coutumes et les croyances de cette population, qui souligne la différence des modes de vie entre Occidentaux et Inuits mais également entre une ancienne génération en quête d’une forme de communion avec la nature et les animaux et la jeune, hélas beaucoup plus méfiante et distante.
Entre conte animalier et chronique documentaire, "L'ourse qui danse" nous montre combien la communauté inuite possède une vision symbolique du monde, englobant tout à la fois vie matérielle, organisation sociale et croyances, dans lequels cohabitent humains, esprits et animaux de l’Arctique.
L'ourse qui danse est ainsi un texte extrêmement vivant et documenté, propice à la découverte de cette culture inuite, notamment son rapport aux animaux, par opposition au mode de vie moderne et occidental qui évoque pas mal des romans de nature writing comme "De pierre et d’os" de Bérangère Cournut ou "Croire aux fauves" de Nastassja Martin.
Premier texte aux éditions Cambourakis de la collection « Récits d’objets », en coédition avec le musée des Confluences à Lyon.
En librairie depuis le 19 août .