Critique cinéma : les très belles apparences de Marc Fitoussi
Même s'il avait vaguement tâté de l'intrigue policière avec Pauline Détective et même le trop sous-estimé Maman a tort , où il y avait une petite dimension enquête dans une compagnie d'assurance, ces deux expériences restaient dans une veine soit très légère, soit très réaliste.
On peut donc dire que Les apparences, le nouveau long métrage de Marc Fitoussi est également sa toute première incursion dans le domaine du thriller, lui qui avait jusque-là brillé dans le registre de la chronique légère et sociétale, de la Ritournelle à son second film, qui a connu le plus de succes, "Copacabana ", qui a révélé une Isabelle Huppert comique pour la première fois depuis longtemps.
Désirant au départ adapter du Patricia Highsmith, une romancière dont il apprécie l'ambiguïté psychologique de ses personnages, mais voyant que tous les droits de ses livres ont été préemptés par l'américain Sidney Polack et ses héritiers, Marc Fitoussi s'est rabattu sur l'adaptation d'un roman policier suédois, le roman "Trahie "de Karin Alvetgen.
Au départ, comme toute l'œuvre de cette romancière suédoise qui ne nous a jamais fait monter au plafond, "Trahie" est un thriller un peu banal et un peu plat.
Mais Marc Fitoussi l'a adapté très librement en y insérant une dimension sociale- avec ce couple d'expatriés français qui n'étaient pas dans la première version- et pas mal de rebondissements particulièrement bienvenus.
Forcément, alors qu'on ne pensait pas à Chabrol en lisant le roman initial, la dimension nouvelle apportée par le réalisateur ne peut nous empêcher de faire penser à un thriller que n'aurait pas renié le réalisateur de " la Cérémonie" ou du "Bouche" r.
On y retrouve en effet la même peinture cinglante, presque cynique (mais jamais totalement) de ces milieux de grande bourgeoisie où les faux semblants sont légions; mondialisation oblige, la province Chabrolienne étant ici remplacée par une capitale européenne, aussi élégante qu'inquiétante, Vienne, capitale d'une Autriche que des cinéastes comme Michael Haneke ou Ulrich Seidl n'ont eu de cesse de nous montrer les côtés les moins reluisants.
Mais plus qu'un vague ersatz d'un film de Chabrol, "Les apparences", avec son scénario très rondement mené et sa mise en scène élégante et ouatée, est un thriller amoureux particulièrement réussi qui plaira à tous ceux qui aiment les films de genre intelligents et très soignés.
Évidemment, les personnages sont moralement répréhensibles et ne sont forcément pas tous animés des meilleures intentions (c’est la matière première des thrillers) et ce jeu des apparences, promis par le titre, va s'intensifier au fil d'un récit de plus en plus retors, les personnages allant jusqu'à l'acte le plus immoral pour garder la face.
À ce jeu-là, Karin Viard, qui s'aventure de plus en plus dans des personnages vraiment borderline y est une fois de plus vraiment épatante, et à ses côtés, Benjamin Biolay, pas toujours à son avantage au cinéma, est épatant en chef d'orchestre froid et taiseux mais finalement moins antipathique qu'il n'en a l'air.
Les seconds rôles (notamment Evelyne Buyle ou Pascale Arbillot) sont au diapason, d’ailleurs comme les personnages secondaires sont excellents dans les meilleurs Chabrol pour finir de rendre ce premier thriller de Marc Fitoussi comme une des belles réussites de cette rentrée cinéma !
Même s'il avait vaguement taté de l'intrigue policière avec Pauline Détective On dire que Les apparences, le nouveau long métrage de Marc Fitoussi est également sa toute première incursion dans le domaine du thriller et que c'est un premier essai plus que réussi . pic.twitter.com/GxBzesGzw2
— Baz'art (@blog_bazart) September 17, 2020
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