Baz'art  : Des films, des livres...
9 décembre 2020

Critique CD/Centre Ville : Calogero soigne le fond et la forme...

 

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 Reconnaissons le : lorsque Calogero a été contraint de repousser la sortie de son nouvel album “Centre-Ville”, initialement prévu début novembre, on a eu peur de devoir attendre de longs mois avant d’entendre le successeur de l’excellent Liberté Chérie.

Heureusement assez rapidement, Calo nous a donné la nouvelle date de la sortie, finalement fixée au 4 décembre dernier .

On peut aisément imaginer que le label et l’artiste ne désiraient pas attendre trop longtemps avant de partager l'oeuvre au public, et par ailleurs, la musique étant désormais tellement digitalisée, une sortie de disque ne connait  pas les mêmes contrainte qu’une sortie de film.

Bref, "Centre-Ville" a été dévoilé au public vendredi dernier et on aurait du mal à attendre plus tant l’album est un bijou qui synthétise le meilleur de l’artiste.

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Dans "Centre-ville" on retrouve , sans doute de manière encore plus prégnante que dans "Liberté chérie", ce talent de mélodiste hors pair et cette faculté à rassembler autour de lui, un peu comme le faisait Julien Clerc du temps de sa grande époque, les meilleurs paroliers pour écrire des textes  grand public mais jamais mièvres ni racoleurs.

 Parmi ceux-ci,  le désormais fidèle Paul École, avec qui Calogero avait déjà travaillé pour les très beaux "Le portrait" et "Les feux d'artifice; trône en bonne place.

 Ici, les titres "Le temps", "C'était mieux après"-  éloge à l’audace qui prend le contre pied parfait de cette fameuse phrase réactionnaire qu’on entend souvent dans les plateaux de TV ou "Celui d'en bas",  épatent par leurs textes si universels et touchants, vecteurs de vérité, d’émotion et d’espoir en même temps. 

L'essentiel semble dit avec un sens de l’épure et de la suggestion dont Calogero a souvent été le maitre étalon.

Parmi les autres  paroliers présents sur les précédents opus, sa compagne Marie Bastide  livre un très juste  « Cinq heures et quart », un aveu d’amour matinal au rythme d’une bossa nova de meilleur effet.

Et dans les nouveaux collaborateurs de Calogero, la rencontre avec  Benjamin Biolay, de tous les bons coups  ou presque (il faut dire qu'ils ont désormais le même label, Polydor,ça doit aider le rapprochement)  fait des étincelles sur deux titres de l’album (mais il parait qu’il y en 4 ou 5 autres qui auraient pu prétendre y être), "Centre-ville "ou le très déchirant "Mauvais perdant",  poignante histoire d’amour invivable et qui refuse de finir.

Calogero2020_009_(C)Laurent_Humbert

Plus globalement, "Centre ville", conçu pendant le confinement et dont le titre  « on fait comme si » a servi de point d’ancrage est un savant et très réussi alliage de ballades déchirantes, dans lesquelles les cuivres  apportent  souvent un lyrisme bienvenu ("La fille d’en bas", qui fait un peu penser au veiller tard de Goldman) et de rock plus balancés avec des titres comme "la Rumeur" ou "Vidéo", deux textes qui stigmatisent notre société actuelle ultra connecté et assez propice aux mauvaises langues.

Mais, rassurons nous,  malgré le confinement et la période allant à la mélancolie et au pessimisme ambiant, Calogero refuse de voir tout en noir et continue de parler de lendemains qui chantent et de signes d'optimisme.

Pour illustration,  ce flamboyant  "Peut etre "sur les projets que fait une mère sur la destinée de sa fille est une ode à la tolérance.

Ou bien encore Stylo vert, qui ferme l’album, le déchirant récit d'un père illettré qui tente de donner le change face à ses enfants fait carrément venir les larmes d'émotion.

 On sait depuis longtemps que Calogero -et ses paroliers donc- ont su trouver les mots les plus justes pour aborder les problèmes sociaux et sociétaux dans ses titres,  tout en soignant l’efficacité mélodique de ceux-ci .

 Ce "Centre-ville", sans doute un des meilleurs albums de sa désormais copieuse discographie, le prouve avec un brio manifeste.  

 Calogero, « Centre-ville », Universal; sortie le 4 décembre 

 

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