Quand Football et fiction font bon ménage
Deux romans ou récits romancés qui utiilisent le football pour parler société et politique :
1/ Lev Yachine, un roman soviétique
Dans « Lev Yachine, un roman soviétique », essai mélé à une part de fiction, Laurent Lasne mêle l’histoire de l’URSS, du football soviétique et du légendaire gardien de but le seul gardien de l’histoire à avoir remporté le Ballon d’Or,
Laurent Lasne nous replonge dans l’histoire de l’URSS pour expliquer comment son plus grand sportif s’est construit un destin.
Dans ce texte, le football sert de métaphore pour raconter la Russie sous toutes ses coutures et ses paradoxes
À une époque où l’appareil du Parti communiste était pétrifié par l’idéologie, ce natif de Moscou, qui demeure révolutionna le jeu à son poste, s’est élevé au rang de légende, comme le récit de Laurent Lasne nous le montre parfaitement .
Lev Yachine. Un roman soviétique» de Laurent Lasne, Éditions Le Tiers Livre/Éditions L’Arbre bleu, 396 p., 19 €
2/Football Factory de John KING - au Diable Vaubert
"Eh bien voilà, mon grand. Les gars, tu sais, ont un bout de viande entre les jambes, et il se remplit de sang quand il renifle de la chatte. Du coup, la fille commence à mouiller, en voyant ça. Alors le gars, il met son bout de viande tout raide dans le trou entre les jambes de la fille, il remue d’avant en arrière pendant un moment, pour toi, deux ou trois secondes, et balance cette espèce de liquide blanc, épais comme du produit à vaisselle. Neuf mois plus tard, si tout se passe bien, un grafron sort en braillant, et le connard en question devra casquer pour lui pendant seize ans."
John King écrit la culture populaire anglaise et les racines sociales de la violence : punks, hooligans et autres joyeux damnés. Il a connu un succès immédiat avec son roman Football Factory (Points), adapté au cinéma par Nick Love en 2004 et premier tome d’une trilogie, grande fresque de la culture prolétaire britannique.
Ce classique de la pop culture britannique ressort en cette fin d'année 2020 dans une très belle réédition au Diable Vauvert l'éditeur qui l'a fait connaitre en France
"Huit heures, neuf heures, la soirée file à toute blinde, c’est la fin de la semaine, tu as deux jours devant toi et la bière est fameuse. Le paradis qui coule, glacé, âcre dans la gorge. Des bulles chimiques, un poison brassé à la hâte pour les locdus qui apprécient. Tous les gars sont chauds, ils racontent des conneries qu’on aura oubliées demain, la musique donne à fond et tu es obligé de crier, mais c’est le rythme qui compte."
Il n'a rien perdu de sa force, bien au contraire, ce roman qui décrit de manière assez radicale et avec un grand réalisme et une justesse d'observations le quotidien d'un jeune hooligan du club londonien de Chelsea, supporter de l’équipe de Chelsea qui travaille la semaine, en attendant de pouvoir se fritter avec ses adversaires le samedi de match. Belle traduction d'Alain Defossé!