Sélection polars étrangers : 4 romans policiers parfaits frissonner cet été!
De l'italien, du norvégien et deux américains..On vous amène hors de France pour notre sélection polar à un mois du Quais du Polar 2021 dans sa version estivale et à un mois aussi du début des vacances d'été.
Petite revue des forces en présence :
1/Le Code de Katharina Jorn Lier Horst ( Série Noire Gallimard)
« Ça a d’abord suscité de la peur, qu’une jeune fille disparaisse ainsi. Puis l’arrestation a plus ou moins provoqué un soulagement, mais aussi un choc. Quand cette histoire d’enlèvement a été connue, les gens étaient troublés. Joachim Krogh, le père de Nadia, était un homme controversé. Il l’est toujours. De nombreuses personnes se figuraient que ça avait un rapport avec lui. Quand c’est arrivé, il était en pleine phase de restructuration et venait de fermer la scierie. Certains disaient que cela pouvait être la vengeance d’un employé. Près de cent personnes avaient été licenciées, des gens qui y avaient travaillé toute leur vie, dont la famille y était parfois depuis plusieurs générations. »
Un bon vieux cold case qui remonte à la surface. Un lien ténu vient d’apparaitre entre une jeune fille et une jeune femme disparues à deux ans d’intervalle, il y a près d’un quart de siècle. L’inspecteur William Wisting sent bien qu’il tient quelque chose, surtout que cette affaire, classée officiellement, lui a toujours laissé un arrière-gout d’impuissance. A chaque anniversaire de la disparition, il rend visite à Martin Haugen, le mari de Katarina, la jeune femme qui s’est volatilisée il y a vingt-six ans. Comme un rituel, ce dernier attend le policier pour un état des lieux du fait divers. Wisting a toujours l’intime conviction que le mari n’a pas tout dit. Mais cette année Haugen n’est pas chez lui.
William Wisling qui cultive avec bonheur l’art d’être grand-père doit aussi compter sur Line, sa fille journaliste, qui pige justement sur les deux affaires. Presse et police deux sœurs ennemies, qui savent parfois très bien travailler ensemble.
Un bon vieux polar très bien troussé, vif et bien mené. Une enquête tordue à la conclusion plutôt maline, mais qui manque finalement de la profondeur sociale et politique qui faisait l’originalité de « Fermé pour l’hiver » ou « Du disparu de Larvik ». Dommage car le couple père/ fille en perpétuelle évolution devient de plus en plus attachant.
2/ L'île des âmes, Piergiorgio Pulixi, Gallmeister
"En Sardaigne, le silence est presque une religion. L’île est composée de distances infinies et de silences ancestraux qui ont quelque chose de sacré. Tout en est imprégné : les collines de maquis qui se découpent jusqu’à l’horizon, les champs de blé à perte de vue, les plaines recouvertes de ciste, de lentisques, de myrte et d’arbousiers qui saturent l’air de parfums enivrants ; les montagnes qui se dressent timidement vers le ciel, comme par peur de le profaner"
Bientôt, la découverte d’une nouvelle victime les place au centre d’une enquête qui a tout d’une malédiction. De fausses pistes en révélations, Eva et Mara sont confrontées aux pires atrocités, tandis que dans les montagnes reculées de Barbagia, une étrange famille de paysans semble détenir la clé de l’énigme.
Polar d'ambiance vraiment épatant L’île des âmes exploite parfaitement le lieu où il est situé, à savoir : la Sardaigne, son histoire, son mode de vie insulaire, cet alliage entre multicultures et traditions. @GallmeisterHL pic.twitter.com/OkUe19b04O
— Baz'art (@blog_bazart) May 26, 2021
3/ La vie dont nous rêvions , Michelle Sachs 10/18
"Les hommes avant Sam voulaient me sauver, souffler sur mes bobos pour les guérir. Sam veut tout reprendre de zéro. Et je répugne à le décevoir, parce que décevoir Sam est la pire chose qui soit. C’est la fin du monde, vraiment, et le retour du vide, inexorable et désespérant, qui me ronge de l’intérieur. « le mari. le maître de la maison. J'imagine qu'il m'explique seulement ce que je ne sais pas. Ce dont j'ai besoin. Ce que je veux. Qui je suis. En échange de quoi, je lui donne tout. Je lui donne précisément la femme qu'il veut que je sois. Une prestation parfaite. Il ne se satisferait pas de moins."
La vie dont ils rêvaient ? Une vie tellement parfaite pour Sam, Merry et Conor leur bébé, de purs bobos newyorkais venus prendre un nouveau départ en Suède. Un air pur et vivifiant, un ciel bleu électrique, une maison nichée dans les bois à trente minutes de Stockholm.
Tout cela sonne tellement vrai, tellement authentique, comme dans le catalogue de vente d'un célèbre fabricant de meuble.
Heureusement il ne faut guère plus d'une vingtaine de pages à Michelle Sacks pour faire de ce tableau idyllique une toile de Fontana.
Merry ignore que Sam a dû démissionner de son poste de professeur d'université à cause d'un scandale sexuel et Sam ne sait pas qu'en son absence, Merry visite des sites internet qui récoltent les témoignages de très mauvaises mères.
L'arrivée de Frances, l'amie d'enfance de Merry, ne risque pas d'arranger les choses. Un élément perturbateur dans une situation déjà perturbée voilà de quoi faire une bonne histoire.
Disons-le tout net « La vie dont nous rêvions » n'est pas vraiment un livre sympathique, mais c'est un livre impossible à lâcher.
Véritable mise en abime du mensonge dans le mensonge dans le mensonge, la romancière va vraiment très loin.
Mais elle réussit, grâce à une écriture blanche très efficace, à rendre le lecteur empathique face à des personnages odieux.
Michelle Sacks transforme l'illusion du bonheur en véritable tragédie et tricote un thriller bleu layette particulièrement efficace.
Attention ,« happy end » peu conventionnel.
4/Le musée des femmes assassinées de Maria Hummel; Actes Sud
"Après les inquiétudes concernant la soirée et son refus de pparticiper au catalogue de Natures mortes, je commence à penser qu'elle a de bonnes raisons de ne pas parler de son passé. On sent en elle une histoire de violence.Nous avons peut etre en commun plus que ce que je ne le pensais"
Maria Hummel nous entraine dans les coulisses du monde de l'art avec en point d'orgue la disparition de l'artiste dont l'exposition très attendue est en préparation.
Maggie travaille pour le Rocque Museum à Los Angeles, un musée d'art contemporain et mise en cause dans cette disparitionse met à enquêter pour comprendre la soudaine disparition de la célèbre artiste Kim Lord...
Disparition volontaire ou involontaire, cette absence à son vernissage soulève les rivalités,et autres secrets inavoués
Une réflexion profonde et assez originale sur le monde de l'art et la place de la femme place dans une société où la violence semble inspirer l'art contemporain . Comment peut on intérpréter la violence faite aux femmes? Pourquoi sommes nous fascinés par elle? Voilà quoi répond cette enquête construite avec pas mal d'originalité. On pense parfois àau Da Vinci Code mais en plus profond et plus subtil.
Si on ajoute quelques de belles pages de descprition sur LA, on a là une bonne partie des atouts de ce polar assez étonnant!
Bas Terrant est le nouveau directeur du musée. Yegina a en horreur son zèle de blondinet BCBG et sa volonté de publicité tous azimuts pour faire du Rocque une “destination incontournable” plutôt qu’un musée. Étant donné que Yegina a passé sa vie entière à mépriser les masses, et qu’elle se définit sans complexe comme élitiste, elle a failli en venir aux mains avec Bas quand il lui a parlé de son programme d’expositions et du créneau où elle pourrait insérer une nouvelle idée “populaire”, L’Art de la course automobile.
"Je me souviens d'une déclaration de Kim Lord au sujet de la peinture, le médium qu'elle a choisi pour s'exprimer : le Tueur des Femmes esseulées, le Rôdeur nocturne, le Dormeur macabre - on donne aux monstres de Los Angeles des surnoms très évocateurs. Dans le même temps, leurs victimes ressemblent à des mannequins. Il y a ce vernis de glamour sur leur souffrance et leur humanité, a-t-elle dit."