Nouveauté poche : Ni fleurs ni couronnes: quand la plume de Maylis de Kerangal fait des merveilles
Ni fleurs ni couronnes est l'un des premiers titres de Maylis de Kerangal, paru aux éditions Verticales en 2006.
Le premier récit qui donne son titre au volume, se situe en Irlande, en 1915. Rescapé d'une famille décimée par la pauvreté, Finbarr Perry tente de s'embarquer pour les États-Unis. Il va être le témoin du naufrage du Lusitania, torpillé par un sous-marin allemand. Accompagnée d’une inconnue, il part alors en mer repêcher les noyés.
Deux récits en miroir pour faire entendre le souffle des corps qui se libèrent, dire la matérialité physique et poétique du monde qui les contient et concilie leurs gestes, la tension entre l'animé et l'inerte, entre le mort et le vivant.

"Le jour vient donc où Finbarr observe ses frères qui piétinent derrière la barrière en se parlant à voix basse. Il lui suit des yeux quand ils traversent la cour d'un pas neuf et poussent une dernière fois la porte de la maison Peary. Il connait la suite.Il sait qu'à l'intérieur, dans la pénombre, Sean et Flann expédient les adieux à la mère, se penchent sur son front d'ivoire, sur sa chemise de nuit vague qui empeste la sueur aigre des alités, aussitôt s'en écartent pour aller étreindre le père hébété. "
Dès les premières lignes de ni fleurs ni couronnes, j'ai pensé "Qu'est ce que c'est bien écrit !".
Au-delà de ces généralités, ce qui est "bien écrit" pour moi l'est il pour vous ? Je sais que je n'aime pas les contes car les traits sont exagérés et je préfère la veine naturaliste.
Est ce que le fait que Maylis de Kerangal pose sa plume en Irlande, sur une île, qu'elle parle de mer, de bateau, est totalement indifférent au fait que j'ai été comme totalement sous le charme rapidement ? Sûrement pas !
En tous cas, je me suis délectée de chaque phrase de Ni fleurs ni couronnes regrettant presque son format très court même si même la chute est parfaite.