Le Discours : le film et le livre : deux critiques en une !
Pour son huitième long-métrage, après le succès du Retour du Héros, Laurent Tirard s’attaque cette fois à l’adaptation du roman Le Discours de Fabrice Caro, qui n’est autre que l’auteur de BD "Fabcaro.
Un roman qui nous avait enthousiasmé à sa sortie...
Que pense t-on alors de son adaptation qu'on peut voir actuellement en salles?
On vous le dit de suite et on en profite pour vous reparler du bouquin par la même occasion:
La critique du roman :
"Et je réalise tout à coup l’incongruité de ma ponctuation : pourquoi un point d’exclamation à la fin de bisous ? Pourquoi cet emballement soudain ? Ce point d’exclamation délivre un message inverse à celui souhaité : ce point d’exclamation est une demande, une supplique, un cri de douleur, il mendie une réponse, il quémande de l’amour, c’est de la ponctuation de genou à terre, il hurle Sonia, bordel, qu’est ce que tu fous ! Réponds-moi ! Tu vois pas que je suis malade de chagrin, que je n’y arrive pas sans toi, que tout est vide et fade et sans le moindre sens. Il se veut festif et léger mais il n’est que larmoyant et inquiet."
Deuxième roman de Fabrice Caro dit Fabcaro, connu au delà du cercle des initiés depuis le triomphe de sa BD, bientôt adapté au cinéma, "Zaï Zaï Zaï Zaï" (publié chez 6 pieds sous terre, 2015, 250.000 exemplaires vendus), "Le discours" est un des bijoux littéraires qui fait assurément du bien, vu les sujets toujours très sombres et très noirs qui ornent les bacs de ventes des librairies .
Avec ce roman, on découvrait une facettedifférente de l'auteur de BD corrosif avec cet humour tout feu tout flamme à la Hara Kiri si une grande partie de son humour est intacte, le cynisme disparait au profit d'une mélancolie tenace et évidente.
Unité de temps, unité de lieu, unité de décor : , tout dans le Discours se déroule dans la tête du personnage principal,au rythme tumultueux de la pensée du personnage , le même jour, dans un même lieu, au cours d’un repas familial.
Le point de départ de l’histoire ? Une demande de discours à Adrien, le personnage principal et le narrateur, de la part de son futur beau-frère pour le mariage de sa soeur. Comme Adrien est plutôt un « looser » l’idée de parler en public le plonge dans un grand désarroi, début d’un monologue intérieur qu’on imagine très bien façon stand up.
Adrien n’attendrait pas désespérément le SMS de sa petite amie Sonia, qui lui a imposé « une pause », son regard sur son environnement serait moins sévère. Mais là tout l’agace, tout le déprime et c’est très drôle .
Le discours de Fabrice Caro aurait pu tomber dans un certain cynisme car il se moque de pas mal de conventions mais le roman fourmille de petits détails qui montre la tendresse sous le regard mordant et ce sens aigu de la formule absolument formidable de Fabcaro.
"Le discours" peut se lire comme une pièce de théâtre aux allures de one-man-show, où l'on rit énormément et qui est traversé par une forme de mélancolie , qui parle de malentendus avec nos proches et de désillusions , et de cet égocentrisme et de cet individualisme qui est un peu le mal de notre époque.
Adrien, génial anti héros du quotidien nous réjouit et nous ravit tant Fabrice Caro maitrise à merveille l’art de la chute et des situations absurdes...
Critique du film :