Depuis mardi soir  , le cinéma mondial a rendez-vous sur la Croisette pour le coup d'envoi du premier Festival de Cannes depuis le début de la pandémie de Covid-19. L'occasion de  faire le point sur nos dernières lectures sur le cinéma. 

De Spike Lee, le Président du Jury cette année au film Eiffel, gros évenement cinéma de l'été en passant par John Wayne et le cinéma français à l'international, retrouvez notre sélection coup de coeur spécial Cannes 

1/Spike Lee, un cinéaste controversé, Régis Dubois ( éditions Lett Motif)

Président du jury de cette édition de Cannes 2021, Spike Lee est, depuis ses débuts en 1986, autant connu pour l’originalité de son cinéma que pour ses coups d’éclats médiatiques

Auteur de plusieurs ouvrages sur le cinéma afro-américain, Régis Dubois a signé l’indispensable compagnon de route pour les fans de Spike Lee et ceux qui veulent mieux le connaître.

Revenant sur l’engagement du cinéaste mais aussi ses coups de gueule et ses coups de sang qui lui ont souvent causé du tort, l’auteur dissipe le grand malentendu qui fait de Spike Lee n communautariste ou un haineux.

Tout au contraire, Dubois montre que Lee a su rendre compte de l’incroyable diversité de la société américaine mais aussi de ses failles les plus sombres.

 Spike Lee a en effet cherché constamment à sortir les Noirs américains des rôles trop caricaturaux auxquels Hollywood les cantonnait, et lutté sans cesse pour faire reconnaître leurs talents devant comme derrière la caméra.

 Avec des œuvres engagées comme Do the Right Thing, Jungle Fever, The Very Black Show ou BlacKkKlansman, mais aussi des films moins controversés tels He Got Game, La 25e Heure ou Inside Man, il aura marqué de son passage l' histoire du septième art. 

Ce livre revient sur toute l’œuvre du cinéaste pour lui redonner la place qui lui revient au centre de l’historiographie du cinéma américain, avec la secrète intention de rappeler aux plus jeunes combien son rôle de pionnier fut décisif dans l’émergence d’un cinéma noir américain.

Cet ouvrage est limpide, aisé à lire et documenté.  Tout au long des pages, on voit comment Spike Lee ne cesse de provoquer des controverses avec ses films mais aussi en s’attaquant à la discrimination raciale de l’industrie hollywoodienne .

 2/ Atomic girl, Vivianne Perret (Manufacture de Livres) 

En 1956, la RKO réunit le cinéaste Dick Powell et , deux figures incontournables du cinéma universel : John Wayne et la flamboyante rousse Susan Hayward pour tourner une alléchante biographie du conquérant mongol Gengis Khan.

Coproduit par le milliardaire Howard Hugues, et tourné en partie sur un site radioactif en Utah, le film n'eut pas le destin escompté. John Wayne détesta toujours ce rôle, et le public ne s'y trompa pas. "Le Conquérant" n'est pas un bon film. Son échec au box office sonna le glas de la RKO.

Pendant ce tournage improbable , les États-Unis utilisaient le désert entre le Nevada et l'Utah pour expérimenter des essais nucléaires. 

C'est ce véritable candale sanitaire que Vivianne Perret raconte dans ce récit  qui met en scène stars hollywoodiennes et anonymes pour nous faire revivre un épisode de l’histoire américaine.

 Une dénonciation de la plus grande campagne de désinformation menée par le gouvernement américain dans le cadre du développement des armes atomiques et les coulisses d'un film maudit dans les affres du cinéma hollywoodien.

Le livre dévoile tout des frasques de l'excentrique Howard Hughes  que Scorsese avait croqué dans son film The aviator)  , millionnaire, producteur, obsédé par les microbes ( et les femmes) qui gouverne depuis une retraite aseptisée son argent, son pouvoir, ses stars et son cinéma.

 3/ Eiffel et Moi Caroline Bongrand ( édition Sixième(s)) 

"Tant de détermination et d'amour dans le fond mériteraient que quelqu'un lui érige un monument, en guise d'hommage."

Après les coulisses d'un film tourné dans les années 50 on fait un net bond en avant avec les tout aussi peu glorieuses cuisines internes d'un film contemporain,  qui sort en salles cet été, le 25 août , bien qu'il raconte une histoire très ancienne,  à savoir la construction de la Tour Eiffel 

Scénariste du film , Caroline Bongrand dévoile les coulisses de ce scénario jugé trop fou, trop grand, trop cher dans son ouvrage intitulé "Eiffel et Moi". 

C'est un parcours particulièrement long et éprouvant de  + de 25 ans que la romancière et scénariste nous partage, en miroir  évident de l'épopée que Gustave Eiffel a connu pour sa création devenue LE symbole de Paris .

Caroline Bongrand écrivaine de renom et de talent , est la scénariste d'un film au nombre effarant de rendez-vous manqués  et d années de luttes acharnées, de rencontres plus (Olivier Dahan, Thomas Bideguain) ou moins ( Luc Besson) bienveillantes pour donner vie à une histoire folle, à découvrir le 25 août sur le grand écran 

Elle dévoile tout, entre passion, espoir, trahiston et découragement l'histoire de ce scénario refoulé puis trop convoité par 5 producteurs et 5 réalisateurs français et américain... 

De Christophe Barratier à Ridley Scott, en passant par Luc Besson et Marion Cotillard, tous ont lu le script, mais aucun n'aréussi à voulu  aller plus loin.

L'occasion plus que jamais de contrecarrer la fameuse image de la grande famille du cinéma et impossible désormais d'aller voir le film finalement réalisé par Martin Bourboulon (qui n'en sort pas franchement grandi non plus dans le livre) avec les mêmes yeux qu'avant d'avoir lu ce livre.

4/ Un trésor français, Isabelle Giordano (Fayard)

"En France le cinéma est une religion.  On se retrouve après une séance pour se disputer et discuter des heuires durant sur un acteur ou sur un scénario .Martine Carol, François Truffaut, Brigitte bardot puis à leur tour Catherine Deneuve, Jean Jacques Annaud et désormais Marion Cotillard ont conquis les esprits depuis plus de vingt ans, avec la régularité d'un métronome, notre industrie figure dans les trois premières places des palmarès des festivals mondiaux. Et les Oscars, cette compétition si convoitée et jalousée des artistes américains, les français ont été distingués plus de 80 fois sur 92 éditions, faisant ainsi largement mieux que tous leurs voisins européens"

On finit cette sélection avec un livre qui, contrairement au précédent ne fachera personne, 
Isabelle Giordano , ancienne Madame cinéma de Canal plus,  et qui a toujours eu une approche du cinéma très consensuelle et anti polémiste.

 

Projection du film "The Artist" à Rangoun dans le cadre du Memory International Film Heritage Festival in Yangon le 6 novembre 2016• Crédits : YE AUNG THU - AFP

Celle qui a aussi  pendant 15 ans a été Directrice Générale d’UniFrance Films de 2013 à 2019, en charge de promouvoir le cinéma français à l’international  déclare dans son ouvrage intitulé Un trésor français , paru récemment aux éditions Fayard,  son amour pour le cinéma français- et plus globalement a culture française- qui est portée en vénération à travers le monde, de Isabelle Huppert à  Catherine Deneuve ou Agnès Varda

.Surfant sur le concept de soft power, un label officieux que la France a récolté en 2017,  Isabelle Giordano nous démontre à quel point les films français sont très présents dans l’ensemble des festivals internationaux, et que c'est  l’occasion  idéale pour la France de s’imposer comme l’un des acteurs principaux de l’industrie cinématographique.

Toujours optimiste et passionnée, Isabelle Giordano explique, preuve et exemples divers à l'appui, comment l'industrie du cinéma se transforme avec l’arrivée de nouveaux acteurs et de nouvelles façons de regarder ces productions .

Un point de vue loin du défaitisme ambiant  et du discours anti cinéma français que l'on voit passer sur les réseaux sociaux, donc plutôt salutaire à lire ! 

 

Un trésor français

Isabelle Giordano

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