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19 juillet 2021

Critique cinéma : on a vu Titane, la Palme d'Or de Cannes 2021!

 Samedi soir, un Spike Lee, quelque peu désorienté, et ses huit jurés ont donné la récompensé suprême (NTM?) à un film transgressif et défricheur, qui aura fait tout sauf l’unanimité parmi les critiques et surtout parmi le public (depuis mercredi, on voit passer en boucle cette vidéo sur Allo ciné de spectateurs indignés). 

Cette Palme d'Or 2021, on était allés voir au cinéma dès le jour de sa sortie (rare qu'un film palmé à Cannes soit déjà visible en salles) et on s'était rendu compte rapidement que ce film là, pasisonnant mais imparfait, ne pouvait que diviser. 
Voilà notre avis sur Titane,  œuvre tour à tour percutante, protéiforme et atypique, outranciere, décousue et dérangeante .

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 Julia Ducournau  s'était faite remarquer dès son premier long métrage en 2017 avec un film, Grave qui détonnait assurément dans le paysage cinématographique français et qui a certainement ouvert une brèche; plusieurs longs métrages hexagonaux flirtant avec l'horreur et le fantastique se sont ainsi multipliées dans les années qui ont suivi.

Autant dire que la réalisatrice était particulièrement attendue au tournant avec son second film, qui pouvait ainsi donner une indication de l'état du cinéma de genre en France, d'une richesse remarquable.

 Avec ce projet, qui mêle hybridation entre une femme et une machine, amour pour les voitures et quête de paternité, Julia Ducournau enfonce le clou.

TITANE_Photo_2©Carole_Bethuel

Par rapport à Grave, ce Titane, film encore plus radical, explose les carcans du genre, dans toutes ses acceptations.

La représentation du corps, des genres, des dérèglements de l'esprit sont plus que jamais au cœur du travail de la cinéaste. 

 Titane semble être une œuvre transgenre ne serait ce que par le biais de son étrange personnage principal Alexia, personnage hybride par nature, équivoque par obligation.

TITANE_Photo_5©Carole_Bethuel

 Julia Ducournau prolonge ses obsessions et ses interrogations sur le corps comme moyen d'expression, portées par des influences déjà remarquées dans Grave (Carpenter et Cronenberg explicitement assumés) tout en réussissant à imposer son propre univers. 

La mise en scène nous réserve quelques très belles scènes (de danse collective ou d'incendie) qui sont un régal pour la rétine  grâce au formidable travail du directeur de la photo Ruben Impens.

 Dommage que cet univers esthétique admirable se fasse quand même au détriment du scénario.

Ce probleme d'écriture, on ne ressent pas forcément devant un Cronenberg ou un Lynch.  Il faut dire que le récit de Titane, trop alambiqué et décousu,  fait fi de trop d'invraisemblances et d'élipses et empêche de se passionner pour ce que l'on voit et plus embêtant encore, à croire aux enjeux dramatiques. 

On passe d’une scène à l’autre sans tout saisir des tenants et aboutissants  : la logique d’enchainement des scènes et l’évolution des personnages  paraissent trop hâtive et mal écrite .

https://images.midilibre.fr/api/v1/images/view/60eff1218fe56f39f4035086/large/image.jpg?v=1

Le personnage d'Alexia , d'abord machine de guerre inflexible devient une petite chose fragile sans que le scénario ne puisse vraiment nous l'expliquer et le spectateur semble projeté dans un univers inconnu qui lui impose des éléments censés lui être acquis, et qui ne le sont pas vraiment. 

Dans Titane, on ne cesse de se semande qui est Alexia: tueuse en série consciente ou inconsciente? Des questions fondamentales  laissées totalement sans réponse, frustrant le spectateur un peu trop rationnel.

Plus globalement, on a quand même un peu du mal à comprendre ce que Julia Ducournau cherche à nous raconter sur la thématique de la famille. 

Une thématique déjà présente dans Grave, et ici incarné à la fois par un père biologique indifférent (un Bertrand Bonello pas sympa du tout)et un père de substitution intense et perdu, joué par un Vincent Lindon qui livre une   interprétation puissante*.

 

https://www.courrierinternational.com/sites/ci_master/files/styles/image_original_765/public/assets/images/rtxehqco.jpg?itok=XkOHQK3u

 Bref,  nous ne crierons pas au génie devant Titane mais nous ne hurlerons pas non plus au scandale total comme les esprits un peu trop raisonnables qui se sont largement offusqués samedi soir devant le palmarès de cette 74eme édition.

Une proposition de cinéma, certes pas aboutie à 100 %,  mais assurément originale qu'aura voulu récompenser le jury du dernier festival de Cannes . 

 *On sera plus mesuré sur l'interprétation, pour son premier role au cinéma, de la jeune Agathe Rousselle qui a un peu plus de mal à convaincre dans un rôle pas évident à jouer.

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