Baz'art  : Des films, des livres...
28 octobre 2021

Chronique DVD : LES 2 ALFRED de Bruno Podalydes (chronique+ Interview)

 

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Deux Pierrot lunaires dans un quotidien qui leur échappe.. Et pourtant c'est peu de dire qu'ils en font des efforts. pour tenter de s'adapter à ce monde 2.0 qu'ils appréhendent si mal ..

Avatar pour manif, chauffeur hyper connecté, chargeur de drone pour  Archimboldo, assistant d'une  directrice jargonnante et disruptive dans une voiture " intelligente" pour Alexandre ...

C' est sûr, dans ce nouveau monde, il n' y a pas de pilote dans l' Uber!!

 On sait depuis "Versailles Rive Gauche" ou "Liberté Oléron" que Bruno Podalydès  n'a pas son pareil pour insuffler de la dérision dans sa peinture gentiment cruelle d'un monde en perdition où ses héros ont du mal à trouver leur place.

On le sait, l’humour permet d’éviter le manichéisme  et il y en pas une once dans ce portrait doux amer de son monde déshumanisé qui touche le spectateur par son universalité évidente .

 Devant ce film, on pense beaucoup au  savoureux "Effacer l'historique" : il existe  en effet une même filiation entre les deux films une même tentative-réussie de rire de notre monde ultra connecté et ultra liberal avec une belle poésie en prime.

Les deux frangins Podalydès- Poda pour les intimes-  prennent  le parti  de nous faire rire- alors que le constat est quand même glaçant. 

Tout ce qu'on a envie de dire devant le plaisir pris par ce film et  par celui de Kerven Delépine qui revient à la surface c'est : vive les comédies déconne/ectées... 

Les deux Alfred" un film drôle, tendre et poétique, à l'image de la personnalité des frères Podalydes.

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Extrait de notre interview avec  Bruno Podalydes.

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" On peut être critique envers cette technologie à outrance, tout en s'amusant à la positiver  et à  mettre en avant les côtés touchant.

L'hyper connexion crée  des situations aussi  angoissante que terriblement  irrésistibles : on prête de plus en plus d'humanité aux machines et on se comporte soi-même de plus en plus comme des machines.

Du reste, c’est toujours assez drôle d’être dépossédé par un engin. Les objets que je montre dans mon film vont finir par se  détraquer, comme s’ils se rebellaient à leur manière de ces algorithmes qu'on leur impose.

Mais  je n'ai rien inventé,  Charlie Chaplin dans "les temps modernes" ou bien  encore Jacques Tati lui-même, un cinéaste qui compte beaucoup pour moi, pointaient du doigt cette folie du monde ordinaire, cette aliénation, cette hyper dépendance aux machines.

Dans "Playtime", vous avez cette scène formidable où un type pilote un ascenseur dôté d’un tableau de bord auquel il ne comprend rien  et  l’ascenseur n’en  fait qu’à  sa tête. 

Dans  « Les Deux  Alfred », j'ai en effet créé des situations finalement assez  similaires: cette voiture autonome qui refuse  de reconnaître Séverine,  qui conduit toute seule, et décide unilatéralement d’aller  se recharger en électricité. 

Ou quand mes personnages s'échangent des données par Bluethooth, on entend des sons de bisous pour montrer que les téléphones se reconnaissent et s'embrassent entre eux, c'était quelque chose qui m'amusait beaucoup, de jouer avec  tout ça...

 Je n'ai jamais effacé les traces d'enfance. Tout est là aujourd'hui  en moi comme cela était il y a 50 ans, il n'y a pas vraiment eu de rupture.

Et je retrouve souvent au cinéma des sensations d'enfant, des saveurs. 

Comme si ma perception du monde était plus juste quand c'était la première fois. Par exemple, le fait d'avoir jouer avec mon frère Denis dans ce film, c'est  exactement comme retrouver les joies des jeux de notre enfance tous les deux, les petits spectacles familiaux que l'on faisait tous les deux devant les parents.

Et la spontanéité la légèreté, la liberté de ces jeux d’enfant  n'ont pas du tout disparu. On peut  jouer une scène pendant une heure  sachant,  qu’à l’arrivée, il n’en restera que quatre répliques.

On peut sortir des trucs énormes qui  n’ont éventuellement rien  à voir avec l’histoire ou qui  sont totalement contradictoires avec le sens qu’on  veut  lui donner.

C'est  quelque chose de drôle et de très stimulant  de repenser les choses de notre époque à l'aune de sa naïveté de notre enfance : à mon sens, cela crée un vrai ressort de comédie et plus généralement une envie globale d'écrire et de réaliser  à nouveau des films.  

 

Les 2 ALFRED

SORTIE EN DVD LE 27 OCTOBRE 2021 

 BONUS

 • Une vidéo diaporama des photos de tournage

 

 

 

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