Classique du cinéma russe restaurée : LA LETTRE INACHEVÉE de Mikhail Kalatozov
Quatre géologues partent en expédition au coeur des forêts de Sibérie, à la recherche d’un gisement de diamants. Le petit groupe explore sans relâche terres et rivières. L’automne arrive et les vivres commencent à manquer; il leur faut rentrer.
À l’origine une nouvelle de Valeri Ossipov, jeune écrivain et géologue, La Lettre inachevée s’inscrit dans un registre appelé la “prose documentaire”, soit un genre qui s’attarde sur les détails techniques et scientifiques de son récit, une méthode souvent utilisée dans les romans de science-fiction.
Cette nouvelle racontant la mort tragique d’un groupe de géologues en Iakoutie, un espace longtemps effacé des cartes dans le but de protéger les ressources diamantaires de l’Union, a attiré les studios de production du territoire soviétique.
Kalatozov et Ouroussevski, intéressés, ont contacté l’auteur et ont obtenu son accord pour une adaptation en collaboration avec deux scénaristes professionnels : Grigori Koltounov et Viktor Rozov. La version cinématographique de La Lettre inachevée, traduit du russe Neotpravlennoe pismo, est née dans un contexte politique de revalorisation des scientifiques soviétiques et notamment des géologues.
Quelques années plus tard, on retrouve cette utilisation des éléments chez Andreï Tarkovski dans son film L’Enfance d’Ivan. Tourné sur un an pour photographier les quatre saisons, La Lettre inachevée est un film époustouflant et épuré, autant par sa technique que sa narration.
Ce survival movie mâtiné de romance nous plonge dans un décor aussi menaçant que resplendissant, au sein duquel l’homme se confronte à la grandeur et la puissance de la nature.
L'inventivité de la mise en scène est prégnante et dégage une grande force émotionnelle.
Plus qu’une étape entre ses deux chefs-d'œuvre que sont Quand passent les cigognes et Soy Cuba, Kalatozov signe une œuvre incontournable de sa filmographie.
- Livret de 60 pages : compte-rendu d'observation, journal de tournage, souvenirs de David Vinitski (chef décorateur) - un beau livret qui exhume à sa façon des secrets de tournage assez épique à retrouver UNIQUEMENT SUR LE BLU RAY