Rencontre avec Jean-Pierre Améris pour son film les Folies fermières
Les actrices Sabrina Ouazani et Bérengère Krief entourent Jean-Pierre Améris et David Caumette; le 4 mai à Lyon
Le 4 mai dernier, on est venus saluer comme il se doit la venue à Lyon du réalisateur local Jean-Pierre Améris, tout heureux de présenter son nouveau- et très réussi film, « Les Folies Fermières » .
Cette très sympathique comédie, qui sort en salles dans deux jours, est inspirée de la vie de David Caumette.
David Caumette, c'est cet agriculteur du Tarn, qui pour sauver son exploitation agricole, créa en 2015 une ferme-auberge avec un spectacle de cabaret.
Jean Pierre Ameris, David Caumette et deux comédiennes du film les formidables Sabrina Ouzani et Bérengère Krief etaient présents à cette rencontre aussi enjouée que bavarde (David Caumette est un être aussi prolixe que le pesonnage joué par Alban Ivanov est taiseux dans le film) que passionnante.
Voici l'essentiel des propos qu'a tenu le si affable Jean-Pierre Améris suite à cette rencontre :
Un projet qui prend sa source dans un reportage TV
« Tout a commencé en 2018, un de ces nombreux soirs que je passe devant la télé car en fait, j'aime beaucoup ça, regarder la TV (rires.)
Je tombe sur un reportage sur France 3 Régions sur un jeune agriculteur qui a eu l’idée de faire un restaurant et un cabaret dans sa ferme pour la sauver de la faillite.
J’ai eu alors un vrai coup de foudre pour cette histoire et pour cet homme.
J’ai été touché par sa façon de répondre à la situation difficile dans laquelle se trouvait son exploitation par une idée aussi fantaisiste que celle de créer un cabaret. Il a une idée fixe, beaucoup d’obstacles à surmonter et n’en démord pas.
C’était un vrai personnage de cinéma ; un opiniâtre comme je les affectionne particulièrement.
Je trouvais que faire un film autour de la vie de David permettait à la fois de parler des difficultés que rencontrent les paysans et de montrer comment il faut réagir, chercher des idées et compter sur le solidaire pour y faire face.
J’ai trouvé cela beau quand on sait les difficultés des paysans – avec les 250 suicides par an, les 27 fermes qui ferment par jour – qu’un homme et sa femme répondent à la crise par une idée, la fantaisie."
Jean-Pierre Améris -David Caumette, des affinités et des combats en communs
"On s’est rencontrés trois semaines après avoir vu le reportage.
Il m’a raconté beaucoup de choses, on s’est de suite très bien entendus.
David est un homme avec qui je me suis retrouvé bien des points communs.
Il faut dire que si David a beaucoup bataillé contre l’administration, ce que je n'ai pas forcément voulu montrer dans le film, moi aussi je me bats régulièrement contre les financiers , plus globalement, tous les professionnels de l'industrie du cinéma, comme on dit, bref, tous ceux qui vous imposent tout un tas de contraintes parfois un peu absurdes.
Je me reconnaais pas mal dans David car, comme lui je pense avoir un caractère positif et je ne m'’avoue pas vaincu face à l’adversité.
On a aussi ancrés en nous la même envie de faire du spectacle, de donner du plaisir aux gens, qui nous a fait nous retrouver.
Nous sommes en fait des sortes d'outsiders. Tous les deux, on trace notre route, au départ individualiste, mais toujours dans le but de faire du collectif.
Les folies fermières, le film et le cabaret de David, c'est en quelque sorte l'éloge du collectif."
Une autre façon de montrer l'agriculture
« Ce que propose David dans son cabaret, c’est vraiment un très joli spectacle.
Il a commencé en 2015 et son cabaret a réellement sauvé son exploitation.
Ce qu’il a fait est vraiment très beau quand on sait le nombre de fermes qui disparaissent chaque année en France.
C’est très difficile de tenir le coup quand on est agriculteur. Avec ce film, j'ai eu envie comme David l'a fait avec son projet de monter une nouvelle façon de raconter l’agriculture.
On a eu quelques films, de Petit Paysan à Au nom de la terre, qui l’ont traitée, avec une grande force évidemment, mais souvent de façon tragique.
De mon coté il était important de prendre le contre pieds de cela et de réaliser une comédie humaine inspirée d’une histoire vraie, une renaissance, une réponse au désespoir par le spectacle sans nier les difficultés.
Je veux aussi montrer comment on peut surmonter les a priori : ceux que les paysans ont sur les artistes et vice-versa ».
" Le monde paysan déplore un grand nombre de suicides, environ 250 par an.
La seule solution pour eux est de se diversifier en créant des chambres d’hôtes ou comme David des animations.
David avait lui-même pensé au suicide lorsqu’il a eu cette idée lumineuse à laquelle sa famille effondrée ne croyait pas du tout.
Pendant la tournée des avant-premières, beaucoup d’agriculteurs m’ont dit s’être retrouvés dedans.
On a montré le film au salon de l’Agriculture. C’était le grand test et on a reçu un accueil très chaleureux.
J’espère que ce film va continuer de redonner des couleurs à l’agriculture et jeter un coup de projecteur sur ce monde en souffrance.»
Un mélange de fait réels et de fiction
David aime le dire lui-même, ce film c’est 70 % de sa vie et 30 % de fiction.
Les jeunes agriculteurs ont vraiment des difficultés à se diversifier parce qu’ils butent sur le conformisme et les traditions des anciennes générations.
Dans le film, le grand-père joué par Guy Marchand ne trouve pas cela normal, cette idée de faire autre chose que d’élever des bêtes.
C’est en quelque sorte le drame des jeunes générations qui sont bloquées par les anciennes générations hostiles au changement.»
Les actrices Sabrina Ouazani et Bérengère Krief entourent Jean-Pierre Améris et David Caumette
Une histoire qui trouve ses origines dans le Tarn, mais tournée au Cantal
« Je suis de Lyon mais originaire de Roanne du côté maternel et mon paysage a toujours été le Massif central., j'y suis beaucoup allé avec mes parents quand j'étais gosse.
Et puis le Cantal, j'ai tendance à dire avec un peu de dérision que c'est mon coté Clint Eastwood qui parle ( sourires).
Je voulais donner au film un côté western avec ce personnage qui est un peu le cow-boy qui veut sauver son ranch. Là, sur les grands plateaux du cantal, on était à plus 1 000 mètres d’altitude on avait pas chaud c'est sur comparé au Tarn, mais on en garde un souvenir formidable ( rires)..
Les agriculteurs chez qui nous avons tourné nous ont enseigné énormément de choses . Michèle Bernier a appris à fabriquer du cantal et Alban Ivanov à traire les vaches et à nettoyer leurs mamelles.
Alban Ivanov notamment était très content d'avoir un rôle plus en retenue, plus inspiré de ma personnalité que celle de David d'ailleurs et également ravi d’incarner un agriculteur parce qu’il est issu d’une famille paysanne du côté de sa mère. »
Sabrina Ouazani et Bérengère Krief
Les Folies Fermières de Jean-Pierre Améris à voir au cinéma le 11 mai.
Merci à UGC Lyon, Apollo FILMS et Auvergne Rhône Alpes cinéma.
Crédit Photo: Fabrice SCHIFF