Rentrée littéraire 2022 :Gros coup de ♥ « Les Enfants endormis », Anthony Passeron
Des romans français de la rentrée littéraire qu'on a lu jusqu’à présent, Les enfants endormis est sans doute celui qu'on a le plus envie et besoin de défendre
Anthony Passeron (dont c’est le premier roman) nous raconte comment sa famille a été bouleversée, abîmée, meurtrie par les années sida.
Anthony Passeron renverse la rentrée avec ce récit intime et sociologique d’une famille aux premiers temps du sida.
L'histoire se passe dans une famille de petits commerçants dans l’arrière pays niçois, dans un petit village au début des années 80.
Dans cette famille, Désiré est le fils rêveur, celui qui n’a pas envie que sa vie se résume à un train train quotidien, celui qui n’a pas envie de s’absorber entièrement dans le travail comme tous les autres membres de la famille. Désiré est le frère du père de l’auteur (son oncle).
Un micro-organisme, surgi d’on ne sait où, réussissait à enrayer une longue histoire d’ascension sociale, une lutte pour devenir quelqu’un de respecté. Il suscitait des sentiments de honte, d’exclusion et d’humiliation qu’elle s’était jurée, il y a longtemps, de ne plus jamais revivre.
La direction de Claude Bernard, gênée par l’apparition d’une population homosexuelle que l’infectiologue attire dans ses consultations, lui signifie que, s’il doit continuer à travailler sur ce syndrome, il devra trouver un autre hôpital où exercer.
Anthony Passeron déroule doucement le fil de la vie de Désiré qui, a 20 ans, rattrapé par l’ennui, part sur un coup de tête à Amsterdam.
C’est à partir de ce moment que comme des dominos qui tombent les uns après les autres, la vie tranquille et sans bruit (dans ce petit village, le qu’en-dira-t-on, la « réputation » est très importante) de la famille de Désiré va commencer à dévier. Le fait que l’épidémie s’incarne ici dans un personnage qu’on suit depuis son enfance, un personnage qui a vraiment existé, la rend d'autant plus « réelle ».
Si réelle, que j’ai lutté lors de la seconde partie du roman (dont je brûle de vous en dire plus car pour moi c’est un sujet qui est resté, il me semble, très tabou ) contre les larmes au fur et à mesure de ma lecture.
Anthony Passeron arrive à faire un grand écart entre avancées de la science expliquées toujours très clairement face à cette nouvelle épidémie (et on voit aussi tous les enjeux géopolitiques, économiques) et un récit familial singulier mais pourtant universel et bouleversant.
Bref dans l’océan de titres de la rentrée littéraire, ne ratez pas Les enfants endormis..
« Les Enfants endormis », d'Anthony Passeron (Globe, 288 p.).