Rencontre avec la réalisatrice Léonor Serraille pour le film Un petit frère
"Un petit frère" est sorti en salles mercredi dernier et c'est incontestablement un des plus beaux films de ce début d'année.
En s'inspirant visiblement assez fortement de la famille de son compagnon, Léonor Séraille s'attache à faire le portrait d'une famille immigrée qui quitte la Côte d'Ivoire par arriver à Paris, un portrait loin de l'image véhiculée dans les œuvres de fiction.
Dans Un petit frère, un film qu'on a vu et qu'on aime beaucoup il n’est en effet nullement question de clandestinité, de faux-papiers ou de destins souvent glauques et/ou sordides.
La réalisatrice déploie avec énormément de maîtrise sur trente ans une histoire universelle derrière le parcours singulier de Rose et de ses enfants dont les incarnations changent au fil des époques.
Le film a été projeté lundi 23 janvier 2023 en avant-première au cinéma Lumière Terreaux en présence de Léonor Séraille et d'Annabelle Lengronne.
A cette occasion on a eu la chance d'avoir un tête à tête avec la réalisatrice et l’interprète du rôle principal.
Petits extraits choisis de notre rencontre avec Léonor Seraille :
Rose, c'est en quelque sorte un électron libre, une figure de l’insoumission qui a du style, énormément de légèreté en elle avec quelque chose de très enfantin parce qu’elle est du côté du jeu. Mais elle a aussi de la tragédie en elle. Parce que son amour de la liberté l’amène vers des situations compliquées. Elle a sans doute vécu auparavant quelque chose de lourd avant, qu’on a préféré garder un peu “opaque“.
L'importance des silences et des non dits
"Tout ce qui est intime, les non-dits, les silences à l’intérieur des familles, c'est un endroit dans lequel on peut s'aventurer de façon très riche. Et après Jeune Femme, je n’allais pas capter les flots de gens qui verbalisent ce qu'il ressentent, plutôt raconter ce qu’ils n'arrivent pas à se dire. Et comment des silences ont façonné aussi une famille ; ce qui est dit dans les gestes, dans ce qu'on impose à l'autre en tant que parent…
Un film universel.... malgré lui
"Un petit frère n'est pas mon histoire de famille, mais je peux m'y projeter. Je peux me projeter dans Rose, dans ce garçon qui déprime parce qu’il ne sait pas quelle vie il doit embrasser. Je n'aime pas trop le terme car il recouvre tout et n'importe quoi mais le film tend quand même à une certaine universalité, c'est certain. Un spectateur qui vient d’Argentine m’a dit que l’histoire de Rose, c’était sa vie alors qu’elle vient d’Afrique subsaharienne ; c’est exactement ce qu’on a voulu."
Raconter 25 ans en moins de deux heures
" J’aimais bien cette contradiction de raconter 25 ans et que ça tienne en moins de deux heures. Ça permet des ellipses franches, des résonances, des éclats, des gestes ou même que des objets traversent le film. Comme un costume d’enfant, qui devient un costume d'adolescent puis de jeune homme, accroché dans une chambre…"