La Gravité [critique]- quand le film de banlieue revisite ses propres codes
Deux frères, l’un champion de France d’athlétisme, l’autre en fauteuil roulant, et un voyou tout juste sorti de prison sont confrontés à une nouvelle génération des garçons de la cité, baptisés les « Ronins ».
Ces derniers , cheveux teints en rouge et nippés de blousons aux effigies nippones qui ont une approche collective du leadership partagé, où chaque membre est habilité à prendre ses propres décisions, sachant qu’il sera soutenu par sa bande .
Une lutte sans merci va alors s'engager entre les différentes générations, alors qu'une alerte cosmique semble de plus en plus menacer la cité.
Le cinéaste franco-burkinabé Cédric Ido emmène avec une audace réjouissante le film dit de banlieue sur un terrain inattendu.
Convoquant la science-fiction et le thriller d’action sur fond de mysticisme, La Gravité nous livre un état des lieux sociétal apocalyptique et sans rémission tout en brassant pas mal de thèmes sur la loyauté et la fraternité au sein de la classe marginale.
Une allégorie d’atmosphère pré-apocalyptique baigne pendant tout le film et va prendre tout son sens au cœur des querelles intenses de la cité…
En mêlant film de banlieue a priori classique à des éléments empruntant aussi bien au cinéma japonais qu’à celui de John Carpenter, le tout accompagné de références à la culture manga, la Gravité à l'ambition de réinventer les codes du genre, dans la lignée du très beau Gargarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh ou du récent La Tour de Guillaume Nicloux
.Pour son premier long métrage, Cédric Ido plante sa caméra dans une cité et y ajoute un brin de fantastique.
Cédric Ido tente un pas en avant ambitieux, qui; s'il n'est pas pleinement abouti ( les personnages manquent parfois d'épaisseur, et la fin du film laisse pas mal de pistes inexplorées) est vraiment à saluer.
La Gravité réussit en effet dans ses meilleurs moments à trouver un moyen poétique de filmer un monde, celui des cités au bord de l’implosion.
Mention spéciale à la musique composée par Evgueni et Sacha Galperine qui accentue la dimension mystique et mystérieuse de la mise en scène.
La gravité**
De Cédric Ido, avec Max Gomis, Jean-Baptiste Anoumon. 1 h 26.