Annecy 2023 : on a vu Saleem, premier long métrage Jordanien en compétition et rencontré sa réalisatrice
Contraint de quitter sa ville natale avec le reste de sa famille après le décès de son père le jeune Saleem a décidé de se renfermer en lui et de ne plus montrer ses véritables sentiments. Contraint d’aller à l’école, il essaie de se faire discret, même à l’approche bienveillantes de camarades ou de la conseillère sociale de l’établissement. Mais tout changera pour lui au moment où il découvrira une vieille carte au trésor.
D’abord peu motivé à la décrypter, il finira par se prendre au jeu et se décidera à en parler à ses copains de classe.
Entre les indices notés sur la carte et ceux trouvés aux différents endroits de la ville, la petite équipe finira par arriver à l’endroit précis où la magie agira , qu'importe la façon dont elle le fera.
Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de regarder un film de Jordanie, encore moins un film d’animation.
Cynthia Madanat Sharaiha, réalisatrice jordanienne a réussi une sorte de prodige : faire sortir « Saleem » des frontières du pays, puisqu’il est projeté cette semaine à Annecy, et qu'il est le tout premier à porter haut et fort les couleurs de l'animation jordanienne, en sélection officielle dans la compétition Contre champs.
Les thématiques abordées s’avèrent souvent délicats,, comme la résilience après un deuil ou la facon d'apprendre à s'aimer, mais elles sont toujours racontés avec une certaine légèreté et toujours à hauteur d'enfant.
Sous couvert de film d'aventure à la Indiana Jones, Saleem est en fait beaucoup plus un récit d'apprentissage qui permettra aux jeunes enfants de tenter de dépasser des épreuves douloureuses.
Afin de mieux narrer les aventures de « Saleem » l’équipe de production a décidé d’employer deux genres graphiques différents : la 3D pour l'histoire traditionnelle et la 2 D pour toutes les fois où Saleem entend une histoire afin de visualiser ses pensées d'enfant.
L'ensemble présente des images de la plus haute qualité tout en conservant un sens impressionnant du réalisme tout en conserver une dimension intimiste , introspective et optimiste salutaire .
Les personnages que Saleem rencontrera au cours de son parcours initiatique ( une consillère d'orientation, un viel épicier ancien pecheur) sont tous animés d'une bienveillance extrême et permettront de tendre la main à notre jeune héros pour qu'il apprenne à grandir.
Une animation qui mérite grandement sa place au festival Annecy, ne serait ce que parce qu'elle nous permet d'appréhender une animation et une culture bien différente des modèles occidentaux .
Saleem de Cynthia Madanat Sharaiha (Jordanie)
Durée: 1h30 min
Famille, Aventure, Animation
Réalisatrice: Cynthia Madanat Sharaiha
Avec les voix de: Osama Harhashi, Sala Sharaiha, Dawood Afishaat, Laith Naqawah, Dolly Dib
Pas de date de sortie connue pour le moment en France .
Rencontre avec la réalisatrice Cynthia Madanat Shraid:
En quelques mots, quelle est l’histoire de « Saleem » ?
Celle d’un mignon petit garçon qui vit avec sa maman, son frère et ses sœurs, suite à la disparition tragique de son papa. Renfermé depuis, il va faire une incroyable découverte et vivre un voyage inoubliable grâce à la carte au trésor trouvée dans un vieux coffre. De là, il va finalement se faire de nouveaux ami-e-s, rouvrir des souvenirs enfouis et lentement mais sûrement, se retrouver. « Saleem » est une histoire mystique et moderne. Nous souhaitions donner une voix aux enfants qui souffrent, tout en parlant et gardant l’espoir »
« Saleem » est votre 1er long-métrage animé. Comment est né ce projet ?
Même si notre pays la Jordanie n’a pas de conflits, nous nous sommes basés sur le vécu de certains réfugiés. En 2017, nous avions fait un épisode sur notre chaîne « Youtube » qui parlait d’une petite fille abusée sexuellement. Tout en se basant sur ce fait réel horrible, nous voulions aussi montrer comment s’en protéger et expliquer à quel point les enfants en sont impactés. « Saleem » parle aussi des traumas des enfants et nous souhaitons donner une voix à ceux qui souffrent, tout en parlant et gardant l’espoir.
A quel point était-ce compliqué de lever les fonds afin de concrétiser votre animation ?
C’était un vrai défi, d’autant plus que nous-même avions beaucoup investi car nous croyons tellement en son histoire. Mais heureusement, nous n’étions pas les seuls. Différents autres fonds nous ont soutenu. Venant d’investisseurs privés, d’organisations caritatives pour les enfants et également d’autres participants très actifs dans l’art et la culture jordaniens.
« Saleem » est présenté dans la section « Contrechamps » au « Festival international du film d’animation d’Annecy ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous et qu’en ressentez-vous ?
C’est une incroyable surprise pour nous. Nous sommes très heureux que « Saleem » soit si apprécié et qu’il ait été choisi dans cette section, surtout avec son côté tragique. Sincèrement, c’est un honneur pour nous d’avoir été sélectionné et d’y aller. Nous sommes aussi heureux d’être l’une des voix entendues, parmi toutes celles des enfants dans le monde, restant trop silencieuses. C’est un festival très important dans le milieu de l’animation, et le fait que le public voit certaines souffrances des enfants, reste important.
Que signifie la présence de l’oiseau pour vous ?
Je pense que le pigeon signifie différentes choses pour différentes personnes. Tout dépend de son origine. Nous voulions faire un symbole d’espoir, de réconfort qui apporte des conseils et dont chacun a besoin au moins une fois dans sa vie. Le pigeon représente aussi pour moi, une aide spirituelle, voire surnaturelle par rapport à Dieu, à l’Univers ou à toutes autres divinités liées aux croyances humaines.
Quels sont vos prochains projets ?
Je crois que je peux déjà en parler… Nous pensons faire un spin-off sur « Saleem ». Nous réfléchissons déjà beaucoup à une histoire basée sur l’un des personnages comme « Zaina », « Mlle Amal » ou quelqu’un d’autre. Nous avons aussi beaucoup d’autres idées pour de nouveaux courts-métrages. Mais sans liens avec « Saleem ».