Rencontre humour : Thomas Croisière pour Voyage en comédie au Toboggan de Décines le 23 novembre
Édouard Duprey , producteur pour le petit et grand écran et plus connnu sous le pseudo de Thomas Croisière dans lequel il officie comme chroniqueur sur France Inter, s'est lancé il y a peu dans un défi perilleux.
.Avec Voyage en comédie, son tout premier spectacle, Thomas Croisière rend hommage à la comédie populaire dans un spectacle d’humour et emmène son public vers un voyage en comédie, drôle et touchant, comme il sait parfaitement le faire.
Autant une initiation qu'un hommage au cinéma, le voyage en comédie Thomas Croisière embarque le spectateur pour 80 minutes de rires, souvenirs et anecdotes aussi incroyables que les merveilles de comédies qu'il évoque. Bonne nouvelle: Thomas Croisière accostera dans notre région, au Toboggan de Décines le 23 novembre prochain.
On a eu l'occasion d'échanger avec l'homme pendant pas mal de temps, car c'est une vraie machine à raconter des histoires de films. Intarissable sur Louis de Funès, Aldo Maccione, Claude Zidi ou Etienne Chatiliez, il a quand même réussi à nous parler entre deux anecdotes passionnantes sur le cinéma, du spectacle qu'il jouera à Decines le mois prochain et ce fut un régal de l'écouter.
On avait découvert une partie de ton spectacle voilà plus d'un an et demi au Radiant lors de la tournée France Inter intitutlée "On ne plaisante pas avec l'humour" sur la scène du Radiant de Caluire .Cela avait duré juste 20 minutes mais nous avait déjà paru formidable: Est ce que ce que ce petit aperçu est dans la lignée du "voyage en comédie" que tu vas proposer au Toboggan de Decines en novembre prochain?
THOMAS CROISIERE : Ah tu es gentil de commencer ton interview comme cela avec un tel compliment ..
La tournée france inter au Radiant, oui je m'en souviens un peu...
Ce n'était pas vraiment une partie du spectacle que j'ai joué là bas, mais les prémisses de ce qui allait donner le voyage en comédie, je commencais à me roder en fait, et je me souviens même avoir testé des blaques de pas très bon gout comparant une actrice porno et la charcuterie lyonnaise, j'en ai encore honte deux ans après et je te promets cette vanne là n'est pas dans le spectacle ( rires) ...
Plus sérieusement, j'ai vraiment hâte d'aller jouer du coté de la région lyonnaise car j'ai pas mal d'amis par la bas.
Et puis Lyon c'est la ville de "Tatav"- Bertrand Tavernier- un grand monsieur du cinéma que j'ai eu la chance de cotoyer un peu. Bertrand n'a malheureusement jamais pu voir le spectacle fini mais il a été essentiel dans mon souhait de parler de cette façon d'un certain cinéma...
Et puis le Toboggan j'ai hâte d'y être mais en même temps j'en ai un peu peur : c'est une salle de plus de 600 places-664 exactement- j'ai encore jamais joué mon spectacle dans une salle aussi grande, donc j'ai la pression déjà de la remplir , et ensuite de trouver mes marques pour jouer devant autant de monde
Comment est né à l'origine ce spectacle « Voyage en comédie » ?
THOMAS CROISIERE : Comme je te le disais , Bertrand (Tavernier) m'a directement inspiré pour faire ce voyage en comédie, d'ailleurs le titre est bien un hommage à son documentaire « Voyage à travers le cinéma français ». J'adorais chez Bertrand sa capacité à parler de tous les cinémas, du plus pointu au plus accessible, avec la même gourmandise, sans esprit de chapelle ni dogme. J'avais envie d’en présenter sur scène son pendant en comédie.
Disons aussi que c’est un prolongement de mes chroniques radio, nées de mon envie de parler des comédies qui m’ont marqué dans ma jeunesse : ce cinéma grand public et populaire qui n’est jamais récompensé aux Césars.
Le spectacle a été créé pas loin de Lyon, à Saint Etienne au festival ArcomiK en octobre 2020 sous l’impulsion de son directeur Farid Bouabdellah.
Le déclic est venu en fait de mon ami, le metteur en scène Thibault Ameline, qui m’a suggéré d’écrire un one man show à partir de mes chroniques. Je m’y suis mis pendant le confinement, et c’est évidemment Thibault qui me met en scène !.
On a pu livrer une version qui tient à peu près la route en 2021 et 2022 au Théâtre de l’Œuvre à Paris .
J'ai d’abord commencé à sortir de Paris en faisant des dates surtout dans les lieux où j’avais des copains Progressivement, je dois dire que le spectacle commence à monter en gamme, je découvre quand même la scène a près de 50 ans, il a fallu quelque peu d'ajustement.
Et pour ce voyage en comédie, ton fameux avatar Thomas Croisière était le personnage idéal pour prendre la barre, non?
THOMAS CROISIERE : Je joue en effet sur le personnage de Thomas Croisière qui va embarquer tous les spectateurs vers un voyage en comédie.
Je me mets dans la peau d'un réalisateur acteur connu qui est dénoncé par CopyGolri pour avoir honteusement copié un film culte; et je dois me justifier lors d’une conférence de presse. Comme arguments de défense, je vais utiliser des extraits et anecdotes de cinéma, et en même temps faire découvrir aux spectateurs mon cinéma qui a bercé mon enfance et sa jeunesse.
Je fais pas mal de renvois à des répliques cultes pour remémorer ces réalisateurs, ces actrices, acteurs et films si cultes.
Bref, le plaidoyer vite devenir un vibrant hommage au cinéma français. Ce n’est pas une conférence ennuyeuse, j'ai vraiment voulu que cela soit rigolo !
Je remets un coup de projecteur sur des films oubliés. C’est un plaisir pour moi, comme une partie de cartes entre copains…
Et on y croise qui exactement dans ce voyage?
THOMAS CROISIERE : Oh, beaucoup de monde : de Louis De Funès à Marie Laforêt en passant par Jean-Paul Belmondo, Philippe Clair, Vladimir Cosma, Jerry Lewis, Aldo Maccione…et même Michel Sardou !
Et dans les films on aura droit à Mon Curé chez les nudistes, Le Père Noël est une ordure, La Boum, des extraits des Morfalous, de La Traversée de Paris...
C’est surtout avant tout le plaisir de voyager à travers le cinéma de la comédie populaire française.
D’où vient cette passion pour ce cinéma là?
THOMAS CROISIERE : Je crois qu'on est de la même génération toi et moi (NDLR: tout à fait) donc est on est tous deux des enfants de la pop culture.
Une des plus belles années pour la comédie a été 1982, l’année du dernier film de De Funes. J’avais 8 ans et j’étais déjà attiré par le cinéma.
Je ne ratais pas le film du dimanche soir sur TF1. J’allais voir L’As des as avec ma grand-mère…
J’adore tout ce qui est pop culture, BD, cinéma, musique, ce sont pour moi les trois mamelles de la culture.
À la maison, nous avions beaucoup de cassettes, de BD et de disques. Quand on s’y met tôt, ça devient vite une passion et ça fait presque 50 ans que ça dure !
Cette passion transmise par mes parents, je la transmets à mon tour à mes enfants et le hasard fait que je la transmets désormais également aussi aux auditeurs de France Inter et sur scène.
Mais du coup tu as eu envie de réhabiliter un cinéma qui à tes yeux manquait de reconnaissance de la part des critiques?
TC : "Réhabiliter" , ce n'est pas vraiment le terme que j'employerais mais ce qui est sur c'est qu'en travaillant sur France Inter, je me suis rendu compte qu’on parlait très bien de réalisateurs, comme Godard, Truffaut et d’autres.Mais pas aussi bien de réalisateurs de comédies comme Oury ou Poiré qui à mon sens sont des génies du même tonneau .
Ce désir profond de parler d’eux à la radio et sur scène vient d’une envie de rendre hommage à ces auteurs, acteurs et réalisateurs. Et puis, ça fait du bien de rire, tout simplement, surtout par les temps qui courent et la folie du monde.
C’est vrai quand même qu’on a sérieusement tendance à mépriser la comédie parce qu’elle est partagée et populaire, ce qui a d’ailleurs complexé des tonnes de comédiens et de réalisateurs.
Mais quand on regarde le box-office français, la comédie est largement ce qui nous réunit le plus.
A la base, c'est le désir de transmettre qui est le moteur du spectacle non?
TC : Carrément , c’est même l'essence dans le moteur ! À mon âge, mon vrai plaisir se trouve dans la transmission L’idée du spectacle, c'est vraiment de redonner leurs lettres de noblesse aux comédies populaires, moins considérées que les drames.
Elles font avancer le monde, car elles nous parlent de nous en abordant les faits de société. Prends l’exemple d'un film comme "La cage aux folles" , sorti en 1978. Malgré les critiques qu'on entend parfois dessus de la part de l'intelligenstia, le film reste encore vraiment actuel et d'une belle modernité !!
Le matériau de base est immense ! Comment ta sélection s'est faite ?
THOMAS CROISIERE : Je te le fais pas dire, c'est super frustrant de faire des choix, j’ai dû élaguer vachement dans ma première mouture qui durait presque trois heures, alors que je suis convaincu qu'un spectacle d'humour ne peut dépasser une heure trente sinon on perd le spectateur .
Je suis entré dans l’écriture en évoquant Louis de Funès, à mon avis le plus grand acteur comique français. Après, j’enchaîne sur Gabin, Belmondo, la bande du Splendid, etc.
Mais je n’ai pas dit mon dernier mot et il y a de quoi faire, 4, voire 5 voyages en comédies ( rires)..
Là, il y a un « numéro 2 » en projet, où je rendrai hommage notamment à Pierre Richard et à Patrice Leconte, entre autres.
Producteur, réalisateur, auteur, acteur, chroniqueur, et désormais humoriste sur scène, c'est pas un compliqué d'avoir un tel planning ?
THOMAS CROISIERE : Ce qui est chouette, c’est que je ne fais que des métiers-passion ! Il se trouve que j’adore travailler, et que j’ai une grosse capacité de travail et d’enthousiasme.
Après, c’est une question d’organisation, et c’est vrai qu’avec cette tournée, ça complique un peu les choses mais quand on est passionné on trouve toujours le temps de faire les choses, c'est pas à toi que je vais expliquer cela, n'est ce pas? ( rires)
Acteur, j'aime bien donner des coups de mains à des potes sur des petits roles comme je l'avais fait dans Quai d'Orsay de Bertrand (Tavernier), mais je n'ai pas d'agent donc aucun plan de carrière je prends ce qu'on me propose et ce qui colle avec mes disponibilités.
Un dernier mot, avec un petit retour aux origines du mythe: peux tu nous raconter comment ton personnage de Thomas Croisière, la version frenchy de Tom Cruise, est né ?
THOMAS CROISIERE : Disons que j’ai compris assez tôt qu’on aime bien mettre les gens dans des cases. En France, on ne peut pas à la fois être sérieux et drôle.
Effectivement, j’ai ces deux personnalités, Édouard Duprey, producteur de cinéma et père de deux enfants et une autre, Thomas Croisière, pour faire des blagues.
Cette identité-là est venue d’un concours télé de Jacques Martin.
J’avais envoyé deux candidatures : une sous mon vrai nom, avec des vraies photos et une sous un faux nom, avec des photos de Tom Cruise. C’est grâce à cette dernière que j’ai été appelé.
Ce jour-là, j’ai décidé que mon personnage médiatique serait Thomas Croisière, je ne pouvais pas me douter que presque trente ans, Thomas Croisière me suivait encore et que j'allais jouer sur scène sous son nom ( rires).
THOMAS CROISIÈRE le jeudi 23 novembre 2023
Voyage en comédie Mise en scène : Thibault Ameline
Durée 1h20 (80 minutes)
Kaly Productions et Houlala productions
Thomas Croisière, présentera son spectacle, Voyage en comédie, jeudi 23 novembre au Toboggan de Decines.
Thomas Croisière s'amuse égaement à Paris au théâtre du Lucernaire vendredi et samedi 21h30
Dimanche 19h
du 22 septembre au 31 décembre