Acide : Victor Dumiot livre un premier roman totalement décapant !
Dans le métro, une femme vient de recevoir de l'acide sur le visage. La douleur est insoutenable. Tout est brûlé. Camille dit d’elle-même qu’elle est inhumaine parce qu’elle se trouve tout à coup confrontée à des regards, à des comportements qui lui signifient que sa présence est devenue insupportable, insoutenable pour le reste de la communauté humaine.
Comment se reconstruire dans cette société basée sur l'image quand son visage est en lambeaux?
Ce qu'elle ne sait pas encore c'est que quelqu'un a filmé la scène.
La vidéo se retrouve sur le darknet, un lieu sans limites où demeurent toutes les horreurs de l'humanité. Et c'est Julien, homme associal qui passe sa journée sur le web, qui va tomber dessus et n'aura alors plus qu'une obsession : tenter de retrouver la victime.
On aime énormément Acide, premier roman de Victor Dumiot, pour plusieurs raisons :
- Acide est une descente aux enfers que l’on n’aurait pas osé imaginer même dans ses cauchemars les plus sombres.
- Acide est une réflexion sur la monstruosité, dans laquelle le mot de « monstre » n’est pas – ou très peu – prononcé.
- Acide est un choc littéraire, violent, cru, noir, barbare, affreux, oppressant, malsain, radical et intense.
- Acide est une radioscopie précise et acérée de notre époque, cette société de miroirs et de l’image, où se cristallisent toutes nos solitudes contemporaines.
- Acide est une plongée au plus profond dans le vice et un récit d’une rare puissance traitant d’un sujet d’une extrême violence qui sort vraiment des sentiers battus.
- Acide est anxiogène, révoltant, dérangeant... les qualificatifs ne manquent pas pour ce roman clivant qui aura ses admirateurs et ses comtempteurs.
Extraits
"On défigure les femmes, on en burqaïse certaines, mais pas les hommes : normal. Sacrifier notre visage à votre désir : normal. En lambeau ou en cage. Le visage des femmes est l’instrument primordial de la tentation "
« L’acide, ce n’est pas comme un feu. Au moins avec le feu, on sait ce que l’on peut éteindre. On sait comment. On sait où chercher. On sait à peu près ce qu’il faut faire. Les bons réflexes à adopter.
Mais avec l’acide, le mal se déroule à l’intérieur. »
« Mon visage est figé dans un temps qui ne concerne plus les hommes. Quand on perd son visage, on se perd soi-même. On perd le droit d’être soi parmi les autres. La mutilation vous sort de la norme. À mon entrée à l’hôpital, je n’étais plus affiliée, plus complètement affiliée à l’espèce humaine.
" La beauté est permissive, autorise le mépris, le dédain, la légèreté, elle permet d'être désagréable, hautaine, infréquentable, rancunière, excessive, renfermée, débrayée. Et même, comble du comble, de se sentir laide par logique petite-bourgeoise. ''
Prix Maison Rouge Biarritz 2023
Acide, Victor Dumiot, éditions Bouquins, 20 €, 17 août 2023.