Another year, Mike Leigh, grand oublié de Cannes?
Tom et Gerry forment un couple outrageusement heureux. Autour d'eux gravitent famille et amis qui n'ont pas la même chance. Il y a Mary qui accumule les échecs sentimentaux et noie son désespoir dans l'alcool. Peut-être que l'achat d'une petite voiture rouge va changer sa vie? En attendant, elle vient souvent chez Tom et Gerry pour trouver un peu de réconfort. Ken, un autre ami de Tom tout aussi esseulé, a le béguin pour Mary mais cette dernière n'a d'yeux que pour Joe, le fils de ses amis.
C'est un film que j'attendais avec une énorme impatience, depuis sa présentation au dernier festival de Cannes, car Another Year était un peu considéré comme la palme du coeur, décerné par une grande majorité des critiques, surtout de la presse étrangère.
Vu le sujet et la grande sensibilité de Mike Leigh dont j'avais adoré all or nothing ou Secrets et mensonges, je me disais que ce film allait me faire chavirer comme jamais.
Or, je dois le reconnaitre, comme assez souvent dans pareil cas, le film m'a laissé en bouche le gout de la -légère- déception, d'autant plus cruelle que je ne saurais pas réellement en définir les raisons. Certes, la réflexion sur le temps qui passe et les relations familiales et amicales ( à travers la question de savoir ce que l'on peut accepter en amitié, et si on doit faire faire primer la famille sur les amis?) est belle et bien présente, et très subtilement amenée.
Ce qui est sur , c'est que le film pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses, et c'est peut etre la force, mais aussi sa limite principale : lorsqu'on quitte la salle, il y a comme un gout d'inachevé, on est content d'avoir partagé 2 heures en compagnie de ces gens, mais on aurait certainement aimé être plus emporté, plus ému par leurs destinées. Refuser les rebondissements incroyables et les portes qui claquent est un parti pris salutaire qui change du tout venant de la production , mais hélas, il manque peut etre à cette oeuvre un tout petit peu de puissance émotionnelle et de lyrisme à laquelle Leigh nous avait habitué.
Cela étant dit, par rapport au film Oncle Bonmee qui a eu la palme la même année 2010 , Another Year était quand même bien plus accessible et aurait évité de creuser ce fossé entre le public et le festival, comme hélas on le reproche un peu trop souvent au festival de Cannes.