Eva, le film qui m'a fait aimer la SF
Après les films de guerre (coréen de surcroit), l'éditeur Wild Side a tenté, (et, taisons d'emblée le suspens, y a grandement réussi) , de me réconcilier avec un autre genre cinématographique contre lequel je suis aussi un peu en froid, il s'agit évidemment du film de science fiction, à travers la sortie DVD d'un film de science fiction espagnol, Eva, sorti en mars dernier sur nos écrans.
Je dis "évidemment", car, quiconque me connait un peu n'en revient pas du fait que j'ai beau me proclamer cinéphile, je n'ai jamais réussi à tenir jusqu'au bout devant des chefs d'oeuvre de la SF, de 2001 l'odysée de l'espace à Blade Runner. J'ai en effet besoin, pour adhérer un tant soit peu à une histoire, à ma dose de rationnelle et à des personnages que je pourrais croiser dans ma vie, et les androides ou bien encore les Jedis, désolé, je ne les ai jamais vu faire la queue avec moi pour acheter le pain...
Je pensais, au vu des réactions des cinéphiles que je cotoie, et quotidiennement et sur la blogosphère, être une exception, mais un des bonus du DVD de ce film m'a informé du contraire : visiblement, selon le réalisateur du film Kike Meillo, un certains nombre de passionnés du cinéma ont un peu de mal avec l'univers de la science fiction, trop éloigné de leurs références habituelles pour pouvoir se raccrocher à du concret et à se prendre en empathie avec les personnages et l'histoire qui leur est contée.
Ainsi, pour contrecarer ces réticences préalables du public, le metteur en scène, qui est également le coscénariste du film, a planté le décor de son film dans un monde qui, bien que se déroulant en 2041, ne s'éloigne que très peu du nôtre.
Ainsi, dans Eva, les progrès technologiques se font quasi exclusivement autour des robots qui, contrairement aux autres des films de science fiction ne représentent pas une menace pour l'homme, mais au contraire, sont là pour faciliter son quotidien présentes à chaque détour. Ces scènes avec les androides donnent lieu, soient à des séances de toute bauté, avec des effets spéciaux efficaces et mais subtilement placés, soient à des scènes assez légères, notamment avec le génial Luis Hornar, vu chez Almodovar, et ici totalement jouissif en androide ménager un peu trop sentimental.
Et, à part ces robots, nous ne verrons aucune voiture volante ou de décorum méga-urbain à la BladeRunner, les personnages du film évoluent dans des décors réels, mais très poétique en même temps, la vieille maison isolée dans la neige où se joue une grosse partie de l'intrigue confèrant à l'histoire un coté mélancolique et fantasmagorique parfaitement bienvenu.
Le réalisateur espagnol, dont c'est le tout premier film, arrive donc à révolutionner avec grand talent les codes inhérents au genre de la science-fiction en lui donnant un niveau de poésie rarement atteint.
Car, et cela pourrait certainement géner les vrais amateurs de SF, le film est avant tout un vrai mélodrame poétique et mélancolique, qui voit un chercheur de génie (joué par l'allemand Daniel Bruhl, étrangement trés convaincant en espagnol), revenir après 10 ans de vadrouille, dans sa ville natale finir ses recherches à la recherche de l'enfant original qui lui servira à mettre au point le caractère émotionnel du nouvel androïde qu'il doit fabriquer.
Et cette quête va le ramener vers son amour de jeunesse, et de la fille de celle ci, la fameuse Eva du titre, une petite fille de 10 ans, mutine et intelligente qui pourrait bien être l'enfant modèle que recherche Daniel.
Je ne dévoilerai pas plus l'histoire, car elle dévoile une surprise de taille qui se déroule vers la fin, et je déplore d'ailleurs un peu le fait que le résumé du dossier de presse en dit beaucoup trop, et gache ce twist final (que, du coup, j'avais un peu deviné avant la fin).
Ce qui est sur c'est que la clef du film est bien sûr dans le titre, Eva, cette petite fille de 10 ans interprétée avec plein d'aplomb par la jeune Claudia Vega qui fait preuve d'un vrai talent d'actrice, assez rare pour une fille de cet âge.
Mettant en scène les dangers de l'intelligence artificielle, Eva constitue un film de science-fiction innovant et fascinant, qui n'a malheureusement pas connu, du moins en France ( Il a remporté 3 goyas, l'équivalent des césars espagnols) le succès qu'il méritait, malgré un prix du public au Festival de Gerardmer cette année.
Si vous avez raté en salles cette petite merveille de cinéma d'anticipation, rattrapez vous sur sa sortie DVD & Blu-ray d'ici quelques jours ( le 5 Septembre 2012), vous ne le regretterez pas, foi d'un (ancien) allergique à la S.F.