Le cinéma de Ken Loach à travers 2 films ( Festival Lumière suite et presque fin)
Vous en avez marre de me voir parler de Ken Loach et du Festival Lumière???
Bon, dans ce cas, sachez que mes billets sur ce festival sont bientôt finis, et concernant le cinéaste anglais, je reviendrais simplement en ce 1er novembre, et pour la toute dernière fois, sur les 2 films que j'ai eu l'occasion de voir à l'occasion de ce très beau festival qui s'est achevé la semaine passée, 2 films parmi les plus récents de sa filmographie, Looking For Eric et Road Irish
1. Looking for Eric (2009)
J'avais déjà vu ce film, une des toutes premières comédies de Mister Loach, qu'il avait présenté lors du festival Cannes 2009. Mais je l'avais visionné sur Canal Plus, dans des conditions pas bien optimum (comme très souvent lorsque je ne vois pas un film en salles) et je n'avais pas été emballé par cette comédie, que j'avais trouvé symlpathique mais sans plus, avec une idée d'un Cantona en coach personnel d'un looser, jolie mais pas exploitée jusqu'au bout.
Avant la prjoection, Ken Loach a tenu à nous préciser comment lui est venue comment est le projet du film: "J'ai reçu un message me disant qu'Eric Cantona souhaitait entrer en contact avec moi. C'était il y a deux ou trois ans. Sans lui, ce film n'aurait jamais existé. Un producteur français, Pascal Caucheteux, s'était entretenu avec Rebecca O'Brien, la productrice, et avait suggéré que nous nous rencontrions, lui, Eric et nous. Ils savaient que Paul Laverty, le scénariste, et moi nous intéressions au football. Eric avait quelques idées, toutes très intéressantes, en particulier une histoire sur sa relation avec un fan. Paul et moi avons trouvé que c'était un domaine intéressant à explorer - non seulement la joie et le plaisir du football et le rôle qu'il joue dans la vie des gens, mais aussi la notion de célébrité et la manière dont on construit la popularité de quelqu'un à travers la presse et la télévision."
Ce qui est sûr, c'est que (re)découvrir Looking for Eric dans l'amphithéatre de la Salle des 3000, à l'occasion de la remise de ce Prix Lumière a donné une dimension totalement différente au film, à tel point que j'ai eu l'impression de voir une nouvelle oeuvre .
Il faut dire qu'on a pu assister, pendant les deux heures de film, à une vraie interaction avec le public, comme j'en ai rarement vu dans une salle de cinéma. Il y a eu les rires de 3000 personnes, même si toutes ne rièrent pas forcément en même temps, mais aussi les applaudissements qui retentissent en pleine projection, à des répliques, le plus souvent lors des aphorismes de King Canto "Celui qui ne lance pas les dés ne fera jamais de double six. » Parfois les plus beaux souvenirs sont les plus difficiles à supporter." La présence dans la salle de l'ex numéro 10 de Manchester a certainement fait beaucoup dans la réaction du public :pour un peu, on se serait cru au théâtre, L' impact du film en fut indéniablement augmenté, les émotions décuplées.
Et le film m'a du coup beaucoup plus emballé que lors de la première vision, notamment en ce qui concerne les scènes de groupe, bien dans l'esprit de solidarité dans la misère que Loach développe de film en film, mais dans un versant définitivement plus léger .
Ainsi, c’est avant tout grâce à ses collègues-amis qu’Eric va affronter et finalement surmonter ses démons: sa lâcheté passée, son laisser-aller actuel, qu’il soit sentimental, familial ou professionnel.
Looking for Eric apporte une joie rarement vue dans le cinéma de Loach et ravit par ce qu'il est porté par une humanité débordante, un humour ravageur et une richesse d'esprit.
Car quand Ken Loach s'intéresse au football, il ne peut s'empêcher de nous montrer qu'aujourd'hui les ouvriers ne peuvent plus se payer de places au stade, alors que les petits caïds s'offrent une loge à Old Trafford.
Puisque son film parle de l'amour d'un fan pour le célèbre joueur de football, Ken Loach nous avait aussi expliqué en préambule sa façon de fonctionn,et qu'il avait à tout prix a tenu à faire la surprise au comédien Steve Evets : "La surprise est la chose la plus difficile à jouer. Evets savait seulement que Cantona était impliqué comme producteur, mais pas comme acteur. Le jour où Cantona devait commencer à jouer, Eric Cantona s'est caché derrière un drap noir que nous avons placé autour de la caméra, puis nous avons joué la scène. Steve regardait en direction du poster grandeur nature de Cantona. Eric s'est glissé derrière lui et il s'est mis à parler. La surprise a été totale."
Comme quoi, même pour un film d'apparence plus mineure dans la filmographie de Loach, la préparation fut essentielle et contribua beaucoup à la réussite du film.
Quoiqu'il en soit, les spectateurs de la Cité Internationale, dont votre humble serviteur en chef de file, sans doute galvanisés par la présence du réalisateur et de son acteur roi, ont chaudement salué le générique de fin, en offrant une standing ovation de plus de cinq minutes au film et évidemment à son metteur en scène.
Celui là, je l'ai vu la veille de la cérémonie, au cinema Comedia, mais, hélas sans présentation préalable, ni par Loach en personne, ni par un autre acteur (comme son premier film Kes, par exemple, présentés soit par Hypollite Girardot, soit par Jean Pierre Daroussin)...
Personne n'a donc voulu se déplacer pour parler de ce film?? Ouh, ca sentait déjà pas très bon au départ :o)
Je me souviens que ce film avait été choisi à la toute dernière minute au festival de Cannes 2010, et n'avait pas laissé une forte impression à l'ensemble des festivaliers. Du coup, je n'étais pas allé à l'époque dans les salles tenter l'aventure de ce virage à 90%, puisque dans ce film Ken Loach abandonne la chronique sociale et aborde les rives du thriller engagé.
Et malheureusement, mes réticences d'avant film ont été confirmées par la vision de ce film, sans doute un des plus faibles de l'immense filmographie de Loach.
Le film a certes l'immense atout d'aborder un sujet peu connu (les agissements militaires de sociétés privées qui ont fait fortune depuis le début de la dernière guerre en Irak), mais le scénario, pourtant écrit par le fidèle compagnon Paul Laverty, manque vraiment de subtilité.
L'intrigue n'évite pas les stéréotypes et le personnage principal du mercenaire est un peu trop caricatural (l'acteur principal a desfaux airs de Jason Statham, du coup on pense un peu malgré nous à ce genre de personnages avec plein dans les muscles et rien dans le crane).
On regrette que les personnages soient moins complexes que d'habitude, et que la volonté de Loach et de son scénariste est plus de dénoncer les agissements de que d'instaurer une vraie dramaturgie avec une évolution digne de son nom de ses personnages.
Le tout se suit sans désintéret, mais sans grande passion non plus. Ce n'était pas forcément le film de Loach à voir dans cette rétrospective (qui passait notamment Raining Stones ou Ladybird que j'avais déjà vus mais que j'aurais pu revoir), mais au moins pourrais je dire que j'ai complété ma filmographie de Loach....
ROUTE IRISH - Bande-annonce VO