Critique - Chien de la casse : une amitié à l'épreuve de la rupture
Pour son premier long-métrage, Chien de la casse, le scénariste et réalisateur Jean-Baptiste Durand met en scène une amitié depuis plus de 10 ans entre deux jeunes hommes d'un petit village de l'Hérault.
Le premier est un taiseux, qui rêve de faire l'armée, l'autre est un petit dealer, beau parleur et passionné de littérature, qui le domine jusqu'à l'étouffer.
L'irruption dans le duo d'une jeune fille venue de Rennes, va bouleverser la donne.
Chien de la casse, qui a remporté le prix du public au festival Premiers Plans d'Angers, puise dans l'expérience du réalisateur Jean-Baptiste Durand, et dépasse en cela tous les clichés sur la jeunesse rurale. Ce premier film doux-amer raconte, avec tact et drôlerie, une histoire amitié inconditionnelle et étouffante à l’épreuve de la rupture, dans un contexte social très fermé.
La dernière très belle histoire d'amitié vue au cinéma c'était The Banshees of Inisherin, et on pense pas mal pendant la projection du film Chien de la casse au long métrage de Martin McDonagh .
Toutefois, au conte magnifique absurde et poétique, Chien de la casse lui préfère une approche plus naturaliste, plus proche du réel et de notre quotidien.
Chien de la casse propose un regard à la fois nuancé et tendre, et nous emporte avec douceur dans les campagnes oubliées, où les liens parfois fusionnels se tissent et se fissurent avec amertume, mais ne se défont jamais vraiment totalement.
Chien de la casse, ou du cinéma qui fait la part belle à la gentillesse et à la maladresse, et n’excuse ni encore moins n'accuse pas ses personnages.
Le premier long métrage de Jean-Baptiste Durand est une rude et touchante leçon de poésie, sur la survie d’une amitié trop bancale pour être viable entre un garçon qui prend trop de place et un autre à l’étroit dans son rôle de souffre-douleur ( à ce sujet, la scène de l'anniversaire de Dog au restaurant est d'une cruauté dérangeante et assez bouleversante)
Le film est porté par un trio magnifique, à la tête duquel trône la présence magnétique du toujours déroutant Raphaël Quenard, ici ténébreux, inquiétant, imprévisible et qui continue son indéniable et irrésistible ascension au sein du cinéma français.
Chien de la casse ***
De Jean-Baptiste Durand, avec Anthony Bajon, Raphaël Quenard, Galatea Bellugi. 1h30.
au cinéma le 19 avril 2023
Quand l'amitié entre deux potes d'enfance dans un village est mis à mal par l'arrivée d'une fille..Sur un Canvas classique, JB Durand livre une chronique fort attachante qui se joue des clichés et portée par une interprétation sublime, notamment Raphael Quenard #chiendelacasse pic.twitter.com/YjXrCO54a5
— Baz'art (@blog_bazart) April 14, 2023