« « Chaise » est dans le dictionnaire, comme si on savait pas ce que c’est ! »
« Moi si un jour je prends l’avion, je monte dans la boîte noire !
“Pour l’alcool, le matin j’ai le penchant. Le soir, j’ai le tombant.
- C'est normal, la messe en latin. C'est comme les Beatles en anglais".
Ces saillies mi absurdes mi poétiques vous font- elles rire? Alors, dans ce cas, vous devez connaitre forcément les Breves de comptoir, ces petites phrases si pleines de bon sens commun et récoltés depuis plus de 25 ans par un Jean-Marie Gourio imperturbable qui continue jour après jour à hanter ces bistrots que pour ma part, je le reconnais, je ne fréquente que pour acheter ma presse quotidienne.
Simplement armé de son crayon et d'un de ses petits carnets Rhodia sur lesquels il a déjà méticuleusement retranscrit plus de 50 000 Brèves, Jean Michel Gourio ne se lasse pas de restituer du mieux possible la parole populaire de son temps.
Ces brèves sont simultanémement pertinentes, subtiles, exquises, cocasses, amusantes, facétieuses, et pour ma part, j'ai commencé à m'en délecter au milieu des années 90 lorsque j'ai vu se jouer près de chez moi une de ces adaptations par Gourio lui meme avec une troupe de comédiens (dont Laurent Gamelon ou Chantal Neuwirth, des acteurs particulièrement aux petits oignons).
Grâce à l'éditeur Robert Laffont ( qui gère la collection Bouquins où sont édités cette nouvelle réédition des brèves de comptoirs), j'ai eu l'occasion de me plonger dans le troisième volume de ses Brèves de comptoir qui recouvre trois années de brève de comptoire de 2007à 2009) qui est sorti en novembre dernier.
Genre littéraire qui s'ignore, la brève de comptoir tient à la fois de l'acte manqué, de l'aphorisme à usage unique et de la fusée baudelairienne ; il fallait un poète à l'oreille bien tendue pour en saisir toutes les nuances et ce fut Jean-Marie Gourio qui s'y colla. Elles sont toutes là, fidèles, déconcertantes, drôles, poétiques, désarmantes, les Brèves saisies au vol au cours de ces dernières années que l'on croit condamnés mais qui résistent aux assauts des modes..
Petit bémol concernant cette édition qui manque par trop de contraste et de contexte. Les bréves se suivent les uns à la suite des autres, sans aucun repére temporel ni lien à l'information qu'elles commentent. On voit parfois , au gré d'un commentaire qui vaut son pesant d'or sur Sarkozy ou Obama, à quelle période elles se rattachent , mais il est un peu dommage qu'elles n'aient pas été classées par théme ou avec une "note de contexte" relatant l'information du moment.
Cela étant, de ces Brèves émerge tout de même l'inconscient collectif d'une France qui ne reste pas forcément cantonnée dans sa bulle et qui commente à sa manière sa propre histoire : la politique, les sciences, les moeurs, les faits divers, les événements de toute nature...
Allez, une petite dernière pour la route pour le fan de ciné que je suis :
"Au cinéma, quand on s'ennuie, on ne peut pas regarder par la fenêtre".... c'est un peu con, mais en même temps, c'est un peu vrai ,aussi, vous ne trouvez pas? Bref, c'est une brève de comptoir dans toute sa splendeur, et moi, je suis client..pas vous?...
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