Double actualité pour Jack London, dont on fête le centenaire de sa mort en ce mois d'octobre 2016 : une entrée dans la fameuse collection de la Pléiade, et un très beau livre paru chez La Martinière et arte éditions que notre chroniqueuse a dévoré pour nous :
"J'aimerais mieux être un météore superbe, et que chacun de mes atomes brille d'un magnifique éclat, plutôt qu'une planète endormie [..] je veux brûler tout mon temps"
De Jack London (1876-1916), je ne savais pas grand chose en ouvrant ce beau livre, si ce n'est les titres des livres qu'il a écrit (et souvent étudiés à l'école) : L'appel de la forêt, Croc Blanc, Martin Eden.
J'étais même étonnée de lire dans les premières lignes, qu'il fut l'écrivain américain le plus célèbre de son temps.
Endormi, il ne l'a jamais été, se retrouvant durant sa vie vagabond, chercheur d'or, rancher, marin-explorateur, reporter de guerre et militant socialiste passionné et auteur d'une cinquantaine d'ouvrages alors qu'il mourut à l'âge de 40 ans ?
Le livre retrace les grandes étapes de la vie de l'écrivain explorateur de sa naissance dans une Amérique quasi neuve et en pleine industrialisation et sa jeunesse dans les quartiers pauvres de San Francisco à la fin de sa vie.
Par des portraits photographiques de lui mais aussi de sa mère Flora, incapable de lui montrer la moindre marque d'affection mais qu'il ne laissera jamais tomber, on entre à petits pas dans sa vie.
Livré à lui même très jeune, Jack London trouve refuge dans les livres même si dès 10 ans il exerce des petits boulots et a peu de temps à consacrer à sa seule évasion. Engagé à l'usine dès 14 ans, il trouve un autre moyen de s'enfuir : la pêche. Sa vie à bord d'un navire dans la mer du Béring lui inspirera sa première nouvelle qui lui vaut un prix.
Obligé de travailler à nouveau en usine pour subvenir aux besoins de sa mère et de John London, son père adoptif, il vit de plein fouet le capitalisme sauvage.
"Comment se fait il qu'aujourd'hui des millions d'hommes vivent de manière plus misérable que l'homme des cavernes ?"
Il participe alors à une immense marche de chômeurs traversant les États unis d'ouest en est et vivant comme un vagabond. Pour sortir de la mendicité, il décide de reprendre ses études et est un élève brillant.
Aventures dans le grand Nord (formidable inspiration littéraire pour lui), enquête auprès des miséreux dans l'East End à Londres alors qu'il est un écrivain connu au début du XXème siècle, correspondant de guerre dans le conflit russo japonais, engagement politique, vie personnelle, chaque épisode de sa vie montre l'homme entier et avide d'aventures qu'est Jack London.
Son ranch, son aide financière constante à sa mère et ses amis, le contraignent d'écrire sans cesse, si bien qu'il finira par dire :
"je suis si fatigué d'écrire que je me couperais les doigts et les orteils pour m'éviter d'écrire encore".
En réunissant encarts montrant le lien entre des épisodes de l'histoire ou de sa vie et son oeuvre, photos à travers le temps (on peut dire qu'au moins jusqu'à ce que la maladie le rattrape, Jack London était un bel homme), manuscrits et textes mêlant grande histoire et petite histoire (celle de l'écrivain) , Les vies de Jack London brosse non seulement le portrait d'un homme au destin exceptionnel mais celle d'une époque.
Les vies de jack london-
Editions de la martinière, arte éditions
auteur Michel Viotte
avec la collaboration de Noël Mauberret