Le comédien Lucien Jean-Baptiste avait connu en 2009 un très beau succès public et critique avec sa toute première réalisation, "La première étoile", l'histoire d'une famille d'antillais qui découvrait les joies du sport d'hiver : frais, sans prétention, touchant et très souvent amusant, le film visait juste par son efficacité et sa sympathie affichées.
Malheureusement, en allant voir en salles- on était peu nombreux à le faire- son second long, "30 degrès couleurs", j'avais bien vite déchanté tant les stéréotypes et la caricature dominait largement l'ensemble et les bonnes intentions du premier film .
Sorti en mars 2016 " Dieumerci,"mettait en lumière le parcours d’un homme et son combat pour aller de l’avant et oser vivre de sa passion et son film tout à la fois drôle, sincère et touchant, dégageait, un vrai charme auquel il étaitdifficile de résister.
A peine dix mois après cette belle surprise, un quatrième long métrage sort déjà en salles : Il a déjà tes yeux, qui continue sur cette dimension là, d'un cinéma populaire fait d'humanité et de corde sensible en s'attaquant à un sujet de société : l'adoption.
On avait pu voir le film en avant avant-première de prévue à LYON au UGC CONFLUENCE le 13 décembre dernier- l'année dernière quoi- en présence du réalisateur et des adorables actrices Aïssa Maïga, Marie-Philomène Nga et Delphine Théodore.
IL A DEJA TES YEUX s'amuse des clichés sur l'adoption avec beaucoup de tendresse, à défaut de beaucoup de mordant, et malheureusement, sans tomber dans la caricature de son second film, il ne possède pas forcément les mêmes qualités d'humour et d'émotion de ses premiers et troisième essais.
"Il a deja tes yeux " se présente ainsi une sympathique comédie qui propose une idée de départ originale mais qui ne va pas beaucoup plus loin que son pitch, et souffre de quelques facilités et de situations et personnages assez convenus avec des personnages secondaires notamment (le complètement félé Vincent Elbaz dans un rôle plutot habituel pour lui , la bonne copine jouée par Delphine Théodore) .
Des personnages et situations qui semblent avoir été vus des milliers de fois dans les comédies françaises standart, d'autant plus que la réalisation ne fait jamais mine d'aller plus loin que le simple champ/contechamp de base..
Difficile cependant de bouder son plaisir devant la bonne humeur et la fraicheur qui se dégage du sujet et l'envie de se frotter à un sujet tabou, le racisme à l'envers, ainsi qu'aux thématiques de l'acceptation de la différence et du regard des autres, même si on aurait aimé que le cinéaste aille au delà de la comédie gentillette où les enjeux dramatiques sont à peine effleurés..
Mais qu'importe nos réserves : "Il a déjà tes yeux" est clairement un feel good movie et si les deux grincheux rédacteurs de baz'art présents lors de la projection n'ont pas beaucoup ri devant les facilités d'écriture, les spectateurs de l'avant première semblaient vraiment sortir de la salle avec le grand sourire aux lèvres, d'autant plus que Lucien Jean-Baptiste et son équipe étaient particulièrement sympathiques et bienvaillants lors de la rencontre du 13 décembre..
Comme l'ensemble de sa filmographie, le dernier " bébé" (à l'image du mignon bébé blondinet qui est le personnage donnant le titre au film) de Lucien Jean-Baptiste est avant tout un film d’acteurs et de personnages, et tant pis si l'écriture et surtout la mise en scène pêchent un peu.
Pour la première comédie française vu en 2017 ( enfin même un peu avant, comme vous l'aurez compris) le résultat n'est ni enthousiasmant ni ( encore moins) déshonorant..
En revanche, malgré les facilités, la mise en scène ultra classique, j'ai passé un vrai bon moment. C'est joli !