Pour la journée de la femme qui a lieu ce mercredi on fait un second clin d’œil à la littérature avec un "deux coups en un ", puisqu’on met en avant une auteur femme, dont le dernier film est un hommage aux femmes, et qui sera présente lors d’un Festival Quais du Polar où les femmes seront en nombre, ce qui est une excellente nouvelle vu que le monde du polar reste évidemment éminement masculin.
« Poule fait un signe de la main. On sait. Mais c’est trop tard et des images affluent, éclairs de conscience, souvenirs brutaux ou joyeux des visages, des plages, l’avion. Les années avec Rodolphe et les désillusions, amères, la réalité de son grand départ, et, sans s’en rendre compte, Moé a commencé à parler, et les mots la débordent, non, elle ne voulait pas se dévoiler, mais c’est si lourd de porter seule son histoire de déconvenues en catastrophes, elle n’a qui cessé de trébucher, depuis si longtemps, toujours choisi les chemins sans issue, fait les mauvais choix puis les pires décisions, sans imaginer chaque fois encore si elle l’avait fait exprès…"
Sandrine Colette, on a en déjà parlé, dont l’an dernier à la même époque puisqu’elle devient une habituée du Salon Quai du Polar ce qui prouve sa légitimité en tant qu’auteur de romans policier."
Si cet auteur qui compte pourtant de plus en plus dans la littérature policière française, il faut savoir que dès son premier roman des nœuds d'acier , j'ai été totalement bluffé par la maitrise de Sandrine Colette, diplômée en sciences politiques (excusez du peu) sa capacité, pour son premier roman, à tenir parfaitement son intrigue du début à la fin, et de nous rendre absolument captivant et passionnant cette description d'un enfer qui nous parait à la fois totalement réaliste et totalement incroyable en même temps.
Lors de notre dernière chronique sur Sandrine Collette, on l’avait qualifié de « Stephen King français » qui n’aime rien que convoquer le diable et mettre en avant les grands espaces.
Changement de braquet et de décor dans son dernier roman Les larmes noires sur la terre qui s’éloigne des grands espaces et des paysages arides et des romans où les hommes sont aspirés par les forces diaboliques, puisque ici on est en région parisienne, dans le huis clos d’une casse de voitures, et si le roman se déroule dans un futur qu’on imagine proche, on est dans une réalité sociale très proche de celle que l’on voit dans les médias de tous les jours.
"La Casse", c’est ce bidonville géré par les pouvoirs publics, remplies d’épaves voitures toutes pourries les unes que les autres dans lesquelles des femmes en déshérence sociale ont trouvé refuge
Là, dans ce no man’s land particulièrement peu reluisant, plusieurs de ses héroïnes de quotidien, aux pseudos de combattantes ‘(Jaja la Guerrière, Nini Peau-de-Chien, la Poule et Marie-Thé la Douce) font preuve de solidarité pour y accueillir une nouvelle venue, Moé, beauté venue des iles, arrivant après plusieurs années de galère et une mauvaise rencontre un môme plein les bras et les désillusions à bras le corps.
À travers les épreuves particulièrement rudes de cette immense précarité sociale et des flash backs qui reviennent avec beaucoup d’habileté sur le parcours de ces parias de la société, le nouveau roman de Sandrine Collette est une sorte de guide de survie dans ce milieu particulièrement hostile où le désespoir semble être le compagnon de cordée.
Avec sa plume toujours aussi percutante et affutée, L’auteur ne nous épargnera rien de la descente aux enfers de son héroïne, mais contrairement à ses autres romans, insuffle un peu d’espoir grâce à cette solidarité sans faille de ses compagnes d’infortune… sans dévoiler la fin, on est heureux de constater que pour une fois, Collette évite de sombrer dans la trop grande noirceur en y intégrant une notion l’espoir qui faisait un peu défaut de ses autres parutions..
Cette très belle ode la solidarité féminine comme barrière à l’injustice sociale s’avère être un formidable conseil de lecture qui dépasse largement le cercle des amateurs de polars, et un nouveau sans faute d’un auteur qu’on ne manquera pas d’aller saluer à la fin du mois lors de sa venue à Lyon…
Conférence-rencontre avec Sandrine Collette (Extrait 6)
http://www.quaisdupolar.com/auteurs/sandrine-collette/
Sandrine Collette est née en 1970. Elle partage sa vie entre l’université de Nanterre et ses chevaux dans le Morvan. Des Noeuds d’acier, son premier roman, paru chez Denoël en 2013, a rencontré un vif succès critique et public avec plus de 12 000 exemplaires vendus. Il a reçu le Grand Prix de littérature policière.
http://www.denoel.fr/Contributeurs/Sandrine-Collette
C'est mon coup de cœur de l'année.