On s'en félicite tant qu'on peut, notamment dans nos échanges sur les réseaux sociaux avec d'autres médias culturels, mais la rentrée du cinéma français s'annonce particulièrement belle cette année.
Sur la lancée de la locomotive "120 battements par minutes", tout un tas d'excellents films français vont débouler sur nos écrans entre ce 30 août et la mi octobre, avec la sortie d'"au revoir làhaut", l'adaptation par Albert Dupontel qui a mis le feu aux poudres à Angoulème la semaine passée.
En attendant on revient sur un film qui sort ce mercredi et qui fait partie des très très belles surprises du cinéma français.
Second long métrage réalisé par le grenoblois Teddy Lussi-Modeste, le film « Le prix du succès » est aussi réussi par son sujet, rarement traité au cinéma que par sa réalisation et son casting.
Le Prix du succès a pour personnage principal Brahim, un humoriste qui monte, qui, pour franchir un nouveau cap, a se trouve olbigé de se débarrasser de son manager et bras droit de toujours, accessoirement aussi son frère, détail qui a son importance dans une famille maghrébinne ou les liens du sang priment sur le reste
La question de la fidélité à ses proches lorsque ceux ci sont plus un obstacle vers les sommets de la gloire qu'un moteur est une question passionnante et plutôt originale, et cette tragédie fratricide au pays du stand up est aussi haletante que brillament abordée au cours d'un scénario co écrit par Teddy Lussi-Modeste et Rebecca Zlotowski.
Partant d'une histoire qui lui est intime ( lors de son intégration à la FEMIS, sa famille, persuadée que le cinéma allait le faire devenir riche lui a demandé une liste de biens culturels particulièrement onéreux, Teddy Lussi-Modeste a creusé cette histoire de racket familial en s'inspirant de faits divers qui defrayé la chronique au cours de ces dernières années (du rappeur Rohff au footballeur Karim Benzema) pour montrer à quel point l'ennemi qui vient de l'intérieur peut être plus pernicieux et plus dangereux que les requins qui gravitent autour d'un succès.
La famille comme lieu théorique de protection et de bienvaillance peut parfois être le plus dangereux : c'est ce que nous montre parfaitement « Le prix du succès » qui voit la déliquissence d'un lien fraternel sous fond de trahisons, et de jalousies.
Dans son premier long-métrage, « Jimmy Rivière », le cinéaste montrait déjà un personnage central tenter de s'affranchir de sa communauté et des traditions inhérentes.
Ici, il quitte la communauté des gens du voyage, pour une famille originaire d'Afrique du Nord, mais plus que le modèle ethnique c'est la question sociale qui interesse les deux scénaristes du film : comment la réussite peut vicier les rapports et comment la célébrité fausse sa propre perception et celle que les autres ont de nous : une fois arrivé à un haut niveau de succès, est-il possible de s’affirmer pour soi, ou bien a ton tendance à s’affirmer pour les autres, à savoir ses admirateurs et ses proches?
Brahim est sans cesse traversé par la culpabilité de « trahir sa race », complexe largement ressenti par tout individu qui doit gérer un succès foudroyant et voir , sa condition sociale hausser de niveau du jour au lendemain.