Rencontre Cinéma / Quelques confidences de Daniel Auteuil pour "Amoureux de ma femme "
Dans les rencontres que j'ai la chance de faire régulièrement avec les artistes en lien avec leur actualité culturelles, il y a les mémorables avec des auteurs réalisateurs écrivains particulièrement passionnés et investis dans leurs volonté d’expliquer leur travail et de transmettre quelque chose- la discussion avec Dominique Sylvain que je vous ai retranscrite lundi matin en fait assurément partie- et d’autres dont on sait dès le départ que l’artiste est en promo de façon un peu contrainte et forcée et semble être en pilotage automatique, répétant l mêmes phrases qu’il a déjà du affirmer des centaines de fois sans aucune conviction ni volonté de rendre cet échange un peu différent des autres..
Ainsi lorsque l’immense comédien et moins immense réalisateur Daniel Auteuil a présenté son film "Amoureux de ma femme" sur Lyon en ce début avril trois semaines avant la sortie de son film (qu'on a chroniqué le jour de sa sortie), je n’ai bien sûr pas hésité à répondre favorablement à l’invitation de le rencontrer, qui n’arrive quand même pas tous les jours.
Et même si je n'étais pas vraiment amoureux de son film ( sic) je me suis dit que je le lui cacherai facilement et tenterais de trouver quelques questions plutôt générales pour tenter de le mettre en avant
Hélas, trois fois hélas cette rencontre m’a paru quelque peu décevante, Monsieur Auteuil donnant l’impression de se présenter devant la presse contraint et forcé et surtout pas du tout d’humeur à expliquer son film dans le détail, coupant court toute volonté de réfléchir sur le message dudit film, préférant botter en touche en arguant qu’il n’avait voulu faire qu’un film léger et ne pas aller chercher plus loin que cela..
Bref une rencontre qui m’a semblé un peu ronronner, où finalement les questions n’ont révété finalement que peu d’importance, vu que Daniel n’y a pas vraiment répondu, afin de pouvoir placer ce qu’il avait déjà prévu de placer, et ce qu'il jugeait estimer important sur son film et tant pis pour l'échange constructif et profond que j'aurais( et visiblement je ne suis pas le seul si j'en juge les déceptions communes de mes collègues) aimé avoir avec cette immense personnalité du 7ème art ..
Vvoici donc un petit échantillon des pensées et propos de Daniel Auteuil à propos de son film amoureux de ma femme
"L'argument de départ d'AMOUREUX DE MA FEMME est de partir de la réalité d'un dîner durant lequel mon personnage découvre la nouvelle compagne de son meilleur ami, une fille à tomber. Le reste n'est que du cinéma que je me fais, le tout sous les yeux de ma femme qui sait très bien m'emmener là où elle veut."
" Déjà la pièce portrait les germes d'un film que j'adore, "Le Magnifique" de Philippe de Broca, où Belmondo inventait sa vie Un peu comme Jean-Paul Belmondo mon personnage s'invente sans arrêt une double vie qui répare et sublime la vraie. Ce va et vient entre fantasmes et réalité n'a qu'un but : faire l'éloge du rêve qui enrobe de couleurs vives la grisaille de nos existences.
"Je ne vois pas la théâtralité comme un défaut, pour moi, c'est un instrument dramatique qui permet de nourrir une histoire... évidemment que des comédiens au théâtre jouent différemment que fassent à une caméra, il n'y a pas de gros plans, de montage. Mais la différence par rapport à la pièce c'est que je tenais à ce que le jeu des comédiens soient les mêmes dans les rêves et dans les scènes réelles pour que le spectateur ne sache plus où il est alors que dans la pièce tous ces scènes d'aparté étaient bien plus tranchées..."
"Une théâtralité trop marquée empêcherait le spectateur de rentrer trop dans l'histoire, la caméra doit contenir une trop grande excessivité."
"Je revendique totalement la légèreté de ce film, je ne veux du tout chercher à le "cérébraliser", lui trouver trop de significations; j'assume la légèreté comme un art à part entière et ce que ‘j’ai envie de faire devant vous...
"Dans amoureux de ma femme, j'avais envie que la réalité se mélange tellement bien à la fiction qu'on ne sache plus assez vite quelle est la part de réalité et la part de rêve.
Mon but en faisant de film c'était de perdre le spectateur et de l'amener un peu ailleurs en partant d'un canevas classique de vaudeville. Tout dans ma mise en scène et dans la façon dont on joue i va parfaitement dans le sens de ces objectifs du film : perdre le spectateur au travers de son imagination,
Un vagabondage où l'on se rend compte que nos vies sont remplies de faiblesses, de confusion, de paysages sans ligne droite où il est plus intéressant de se raconter des histoires pour arriver à mener une vie qui nous ressemble... du bout des rêves.
Ce film n'est rien d'autre qu'une fantaisie amoureuse à travers laquelle se diffuse une question à laquelle chacun pourra répondre: que désire-t-on quand on désire l'autre? " Mais là où certains pensent que les rapports amoureux sont factices et grotesques, je me passionne et je me trouble sur ce qui fait la stabilité d'un couple."
"Sandrine Kiberlain représente la féminité dans son sens le plus entier, l'intelligence et la beauté mais surtout sa force à ne pas se laisser déposséder, à prendre les choses en main. Nous avions joué ensemble il y a quelques années dans un film de PIERRE SALVADORi, APRÈS VOUS, et j'attendais la bonne occasion pour me retrouver face à elle à l'écran...
Sandrine est parfaite pour ce genre de personnage qui peut en une seconde passer de la séduction à la colère. C'est une partenaire formidable et une camarade de jeu remarquable, avec qui il est très facile et agréable de travailler...
Quant à Adriana Ugarte, elle pourrait très bien être une héroïne d'un film de Buf\uel comme CET OBSCUR OBJET DU DÉSI R. Elle sait être double pour interpréter les deux facettes d'un même personnage, mi- ange."
AMOUREUX DE MA FEMME est sorti le 25 avril dernier et est encore actuellement projeté dans un certain nombre de salles de cinéma