1/ La nuit des béguines, Aline Kiner (Liana Lévi Picolo)

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« Elles ont cheminé ainsi, serrées l’une contre l’autre, dans les rues encombrées par les étals, les chariots à bras et les traineaux. Toutes deux portent ces longs manteaux de camelote grise que revêtent souvent les béguines à l’extérieur. Il n’est jamais bon d’être une femme seule dans les rues de Paris. Leur habit les protège autant que la modestie de leur attitude. Mais comment éviter, dans une telle foule, qu’une main vous frôle, qu’un corps se frotte contre le vôtre ? »

Paris, an de grâce 1310. Maheut, mariée de force et violentée la nuit de ses noces a fui. Dans la grande cité, la toute jeune fille à la chevelure flamboyante est une proie, la proie des hommes frustres qui aiment la chair fraiche, comme celle des dévots et autres religieux qui considèrent que la rousseur est fille du diable. Heureusement dans le quartier populaire du Marais, derrière de hauts murs, des femmes vivent libres des hommes.

Les béguines qui accueillent Maheut peuvent travailler, étudier et circuler librement sans avoir à choisir entre le cloitre ou un mari. Le jour où Marguerite Porete est brulée vive en place de Grève, les béguines savent que leur statut risque d’être remis en question.

Marguerite, femme de lettres éclairée est l’auteur d’un livre qui indispose l’église toute puissante. « Le miroir des âmes » révèle une pensée humaniste annonçant que l’homme pourrait vivre sa foi en dehors de tout dogme, rien de tel pour énerver le grand inquisiteur. Le destin de Maheut et du livre interdit seront inextricablement lié et le temps des béguines inexorablement compté.

C’est avec un vrai talent romanesque, qu’Aline Kiner passionnée d’histoire nous entraine dans le Paris du Moyen-âge. Dans les rues boueuses et pestilentielles, au milieu de la grande cité, des femmes se battent.

Regardons notre monde contemporain avec les lunettes de l’histoire. Inquisition, intolérance, guerre de religions, violences faites aux femmes, bien sur le monde d’aujourd’hui, dans les grandes démocraties est beaucoup moins violent qu’au XIVe siècle, mais bon sang n’oublions pas  que cet équilibre fragile a été long à mettre en place.