Sortie DVD/ Shéhérazade, la jeunesse fiévreuse de Jean Bernard Marlin
Ovationné au Festival de Cannes lors de sa présentation la Semaine de la Critique,triplement primé à Angoulème , lauréat du Prix Jean Vigo, Shéhérazade, le premier long métrage du réalisateur marseillais Jean-Bernard Marlin a été reçu lors de sa sortie en salles en septembre 2018 par un accueil critique particulièrement enthousiaste; un engouement qui nous a semblé toutefois légèrement disproportionné au regard du résultat final.
Avec une démarche proche de Pasolini ou Kechiche, deux cinéastes qui semblent inspirer le jeune réalisateur que l'on a rencontré après la projection du film au Comoedia- sans oublier bien sur le cinéma de De Palma ,( avec un générique du début largement inspiré de "Scarface"), Jean-Bernard Marlin, qui réalise son premier long à près de 40 ans, est quand même loin de parvenir à la hauteur de ses cinéastes de chevet.
Certes, sa mise en scène est parfois percutante, et le cinéaste réussit à insufffler un peu de grâce dans un univers très sordide, et évite souvent de traiter son sujet avec 'angélisme ou misérabilisme, grâce à une sincérité évidente, mais Marlin ne parvient pas à rendre cette histoire de jeunesse à la dérive suffisamment originale et passionnante pour emporter totalement l'adhésion.
Outre le fait que le film est difficile à suivre parfois étant donné la tchatche et le vocabulaire utilisé par les protagonistes , Shéhérazade comporte un peu trop de passages obligés entre règlements de compte et surenchère de la violence.
Malheureusement, Jean-Bernard Marlin ne réussit pas vraiment à éviter les clichés et les situations archi-connues du meilleur film de gangsters, malgré sa jolie romance qui permet un basculement du romanesque au réel qui aurait pu amener le film totalement ailleurs et qui ne le fait que par intermittence .
Et si acteurs les jeunes Dylan Robert et Kenza Fortas sont confondants de naturel et de sincérité dommage que les personnages, qu'ils incarnent ne nous ont pas semblé , pas assez attachants pour qu'on soit totalement emporté avec eux.
On pense notamment au personnage principal, ce Zachary dont on a un peu de mal à comprendre les motivations et qui nous agace souvent par ses actions et ses décisions.; sa rédemption finale après la jolie scène du procès ( la meilleure du film, la seule où survient des regards de témoins extérieurs auxquels on peut s'identifier ) le sauvant quand même un peu.
Malgré ces réserves, cette peinture sans consession de jeunes à peine sortis de l'enfance et plongés trop vite dans la violence de l'âge adulte. est filmé avec suffisamment d'intensité et de justesse pour toucher le coeur du spectateur et sortir du tout venant des premiers longs métrages français.
Disponible à partir du 8 janvier 2019 chez AD VITAM