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17 septembre 2019

Lectures en poche: rentrée 2019 / Nos quatre premiers conseils

 

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On parle beaucoup de rentrée littéraire en grand format depuis un mois sur baz'art ( on refera prochainement avant la saison des prix un bilan pour mettre en avant nos gros coups de coeur et vous permettre de faire un choix ), mais il est important aussi de mettre en avant les sorties en poche, car c'est aussi la rentrée littéraire pour les poches.

Voici donc  pour ce mardi conseil, la première partie de nos huit coups coeur en romans poches qui viennent de sortir , deux français et deux étrangers : 

 

heures rouges

1 Les heures rouges, Lena Zumas ( 10/18)

"Une fois l’avortement déclaré illégal, avaient annoncé les membres du Congrès, il y aurait plus de bébés susceptibles d’être adoptés. Interdire l’IVG ne causait de mal à personne, avaient-ils affirmé, parce que les gens qui avaient un utérus défectueux ou sperme anormal pourraient simplement adopter ces bébés supplémentaires.
Mais les choses ne s’étaient pas passées ainsi."

Une n'arrive pas à avoir d'enfant, une autre rêve d'être autre chose qu'une mère, une autre encore ne veut pas l'être aussi tôt, une dernière a eu une fille qui ne connaît pas son existence...

Dans un futur proche aux ETATS UNIS, l’avortement est interdit, les femmes seules sont menacées à court terme de ne plus pouvoir avoir recours à la procréation médicalement assistée ni à l’adoption.

C'est quatre destins de femmes qui  vont se croiser dans les Heures rouges dans une Amérique du futur où encore une fois des hommes décident ce qu'il convient de faire du corps des femmes. 

Dans ce récit visionnaire et assez terrifiant la romancière  Leni ZUMAS nous invite dans la vie de ces 4 femmes avec humour parfois, poésie souvent et revendique, à travers elles, le droit pour chacune de disposer de son corps.

Un roman ô combien dur mais Terriblement actuel. 

 

 2/ La mise à nu, Philippe Blondel ( Folio;15/08/2019)

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 "Nous passerons près de vingt ans ensemble. Nous aurons deux filles. Nous nous séparerons sans cris ni heurts. Un jour, alors que la soixantaine approchera dangereusement, nous tournerons sur la rocade une partie de la nuit, en écoutant une radio dédiée aux grands succès des années précédentes et nous comprendrons que, quoi qu'il arrive, nous sommes indéfectivement  liés l'un à l'autre."

 Écrivain à 50% de son temps et prof d'anglais troyen dans les 50% restants, Jean Philippe Blondel a publié son premier roman il y a maintenant  près de 20 ans ans, Accès direct à la plage', qui  avait connaît un grand succès de librairie et qui installait l’univers de cet auteur plus à l’aise à mon sens dans l’intime  et le personnel que dans les grandes envolées romanesques.

Cette "mise à nu " sorti début debéut 2018 en grand format marquait son retour  à sa veine la plus personnelle et plus psychologique avec un roman qui  possède une dimension introspective et mélancolique qui touche profondément le lecteur.

Un professeur d’anglais (tiens donc),  un peu désillusionné  à la veille de ses 60ans ( bon Blondel en a quand même 10 de moins) , voit à l’occasion d’un vernissage sur son chemin revenir un ancien élève jadis effacé   devenu peintre célèbre et  porteur d'une  demande  pour le moins incongrue qui fera remonter pas mal de souvenirs à la surface

Ce récit sera donc l’occasion pour Blondel de faire le bilan existentialiste de l'existence d’un personnage qui semble lui ressembler pas mal et qui surtout recouvre pas mal  de ses obsessions et passions : les voyages, la peinture, le Royaume uni, l'enseignement... .

Une écriture pudique, et une vraie et belle empathie pour ses protagonistes font le sel d’une jolie histoire où  littérature, nostalgie et  peinture se mélangent  habilement.Beau portrait d’homme qui doute, au cours d’un  roman intime et tendre- dont la fin un peu abrupte frustre cependant un peu- qui peut faire réfléchir le lecteur sur le sens de sa vie et le chemin qu’a a pris sa destinée, à la fois si proches et si différents de ses rêves de jeunesse .

 

3/ Sophie Divry, trois fois la fin du monde ( J'ai Lu) 

 

9782290207895

"Le temps passe cruellement, lentement, et l'envie d'hurler, hurler comme un fou, me prend parfois en retour de promenade, quand la serrure tourne avec un bruit sinistre et que je suis enfermé pour 48 heures dans cette cellule noire. J'ai envie de tuer, de frapper et de mourir."

  Sophie Divry  est une romancière  ( elle est  100% lyonnaise, car résidente lyonnaise :o) prometteuse, qui  est parvenue dans plusieurs de ses romans à insuffler  une certaine poésie dans son univers qui pourrait sembler un peu banal en premier lieu.

Joseph découvre la prison en même tant que la douleur de perdre son frère,  tué lors d'un braquage. Désormais, il va connaître l’isolement au milieu des autres, la saleté, la perte d’intimité. Sauf qu'une catastrophe industrielle inattendue va lui permettre de s'enfuir de la prison, Joseph se retrouve seul, dans la zone touchée par les radiations. Il va lui falloir survivre coûte que coûte.
Projet original qui nous fait passer de la dureté du du milieu carcéral  à celle de la nature la plus sauvage, le lecteur passe brusquement d'une cellule de prison à l'immensité de la nature sauvage.
Trois fois la fin du monde combine les genres (drame carcéral, chronique social, récit de survie) avec ambition et réussite  en allant même du coté du  roman philosophique :  Vivre seul rend-il plus heureux, est ce préférable pour se préserver de la folie des hommes.
Trois fois la fin du monde est donc une agréable découverte sur un thème déjà exploité mais transposé dans notre monde complexe basé sur la possession et, le pouvoir
Comme dans ses précédents romans, Sophie Divry sait faire montre d'un  un sens de la tension dramatique pour livrer un roman singulier et puissant.

4/ Asta, Jon Kalman Steffanson ( Folio 05/09/2019)

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« La meilleure manière de contrer la mort c’est de se constituer des souvenirs qui, plus tard, auront le pouvoir de caresser doucement et d’apaiser les blessures de la vie. »

ll n’est pas simple de résumer en quelques mots cette saga qui se déroule en Islande des années 50 à nos jours autour d’Asta (sans le a en islandais ce prénom signifie amour) et de Sigaldi son père ainsi que de tous ceux qui ont compté dans leur vie.

Asta raconte deux vies « ordinaires » dans le sens où les personnages principaux ne sont pas des héros ayant marqué l’histoire ou ayant accompli des choses qui l’aurait changée mais grâce au talent de Jón Kalman Stefánsson et de son formidable traducteur Eric Boury, elles deviennent extraordinaires. Leurs vies sont à la fois semblables aux nôtres et à la fois mille fois plus romanesques et cette dichotomie infuse tout le roman. Le bien et le mal, le sexe et la mort, le désir et l’amour, la raison et la folie.

Ce roman est tellement riche qu'on a l’impression que face à un festin, on a  décrit chichement un misérable amuse bouche.

Asta est une saga mélancolique qui envoûte au fur et à mesure de la lecture ; au fur et à mesure que Sigaldi -peintre en bâtiment victime d’une chute d’échelle et allongé sur le trottoir, incapable désormais de bouger- se remémorait des épisodes de sa vie ; au fur et à mesure que  l'on découvre les lettres écrites par Asta à celui qui partageait sa vie.

Asta est une saga exaltante tant il y est question de poésie, du pouvoir de la musique, du rôle de l’écrivain par rapport à ses personnages (le narrateur apparaît ainsi lors de plusieurs chapitres) sans jamais tomber dans l’exposé. Au contraire Jón Kalman Stefánsson a le don de mêler idées et actions, sensations et images.

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