Baz'art  : Des films, des livres...
5 janvier 2020

Critique cinéma : First Love de Takashi Miike : L'amour à mort

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Les incontournables tops 10 de la très belle année 2019 à peine digérés, 2020 se profile déjà avec son lot de promesses et de surprises à venir.

Au milieu de tant d'expectatives, une chose est sûre : l'année démarre très fort avec le nouveau film de Takashi Miike, le cinéaste nippon qui ferait passer n'importe quel bourreau de travail pour un affreux procrastinateur avec ses 4 films réalisés chaque année depuis un quart de siècle.

Les mandales pleuvent, les têtes roulent et les bouches tordues de douleur passent du rire aux larmes dans un flot de violence hystérique et d'humour noir...

Pas de doute, nous sommes bien chez Takashi Miike, que la folie et la boulimie de cinéma ont mené aux confins du pire et du meilleur dans sa carrière.

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Fidèle à son habitude, l'auteur d'Ichi the Killer prend un malin plaisir à faire exploser les codes de tous les genres comme les corps, avec un goût prononcé pour les films de yakuzas.

Dans First Love, ceux-ci sont au bout du rouleau et leur superbe entamée de toute part, que ce soit par la police ou les triades chinoises, déterminées à réussir leur OPA sur le pré carré de ces gangsters au statut si particulier dans la société japonaise.

Au milieu de ces faciès mangés par une vie violente émergent trois visages poupons : celui de Kase, membre de la pègre qui échafaude un plan pour trahir son clan et s'envoler avec un sac rempli de drogue, celui de Leo, star montante de la boxe condamné par une tumeur au cerveau récemment diagnostiquée et Monika, une jeune toxicomane mise en gage et prostituée chez un couple de mafieux pour rembourser les dettes d'un père violent. Ambiance.

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Ces trois destins s'entrechoquent violemment quand, à la tombée de la nuit, le poing de Leo s'abat par hasard sur le visage du flic corrompu, complice de Kase, qui poursuivait Monika, laquelle servait de rouage dans le plan pour subtiliser la drogue des yakuzas.

L'amour se répand dans le sillage du boxeur qui prend la toxico sous son aile, tandis que les cadavres s'accumulent dans celui de Kase, bouffon maladroit qui tente de rattraper sa combine désespérée. La nuit s'embrase et l'odeur de l'argent réveille les plus bas instincts.

Yakuzas, Chinois et policiers se lancent dans une course-poursuite démentielle au cœur de la nuit tokyoïte. Leo et Monika, eux, tentent d'éviter les balles.

Dopé par une photo très élégante et des effets virevoltants, First Love est un véritable plaisir de cinéma. Scènes d'actions et dialogues trash s'enchaînent à une vitesse folle jusqu'au final, complètement foutraque, cerise sur un gâteau rempli d'hémoglobine sous un glaçage pop.

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Les scènes, pleines d'inventivité, laissent aussi affleurer un sous-texte qui donne du coffre au film : les personnages féminins, aussi peu nombreux que magistrales, sont bien décidés à briser le moindre pervers, le crépuscule des yakuzas, vaincus par la mondialisation, pourrait traduire celui des valeurs morales de la société japonaise moderne tandis que leur affrontement avec les triades chinoises évoquerait de manière grinçante la course à l'échalote entre les deux pays à l'échelle géopolitique.

 Certes, tout n'est pas parfait dans le film, notamment le scénario qui avance par à-coups et des effets un peu moins réussis que d'autres, mais le film est d'une telle générosité qu'il serait difficile de bouder son plaisir, d'autant plus quand elle s'accompagne d'une grande maîtrise, à condition bien sûr d'être amateur du genre.

 

First Love, le dernier Yakuza de Takashi Miike, actuellement en salles

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