
" Il n'aurait pas du dire une chose pareille à Jolly. Vous ferez bien de prendre exemple sur vos mulets: ils ont la sagesse de crainder nos chameaux."
Auteur il y a quelques années d'un premier roman « La femme du tigre » pour lequel elle avait obtenu le prestigieux Orange Prize et un vrai succès de librairie partout dans le monde , Téa Obreth nous y narrait alors la reconstruction de l'ex-Yougoslavie sous forme de conte folklorique.
Presque dix ans plus tard, la romancière américaine d'origine serbe, revient avec roman historique dense qui se déroule dans l’Ouest américain du milieu à la fin du Xixe siècle
Avec son nouveau, et seulement deuxième roman, elle nous propose un western qui revisite les mythes fondateurs de l'Amérique... à dos de chameau.
De l'Arizona au Texas, à travers le destin de deux personnages, Nora, mère de famille abandonnée par son mari et Lurie, vagabond orphelin, Inland est l'histoire de la construction des États-Unis à la fin du XIXe siècle du point de vue des laissés-pour-compte.
Ce double récit se déroule en 1893 alors que s'achève pour les Etats-Unis le peuplement des derniers territoires restés sauvages.
Jonglant entre cette histoire d'une mère de quatre enfants qui fait face courageusement à la pénurie d'eau, terrée dans son ranch de l'Arizona, et d'un vagabond musulman ,au bout du rouleau.
La jeune romancière américaine parvient à réinventer un genre éculé qu'est le Western et le territoire de l’Arizona, aride et surprenant est quasiment un personnage à part entière ..
L'auteure maitrise parfaitement l'équilibre entre naturalisme, humour et élégance en y insufflant une pincée de réalisme magique. Bref, cette diablesse de Téa Obreht est toujours là où on ne l'attend pas !

" Inland », de Téa Obreht, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Blandine Longre, Calmann-Lévy, 472 p., 21,90 €.