paris brest tanguy viel adaptation arte

Les longs métrages  du réalisateur Philippe Lioret, ancien ingénieur du son devenu réalisateur en 1993 avec le déjà très bon "Tombé du ciel", sont empreints d'une belle sensibilité et une belle humanité, et d'une grande tendresse.

Que ce soient " Je vais bien, ne t’en fais pas," qui a révélé Mélanie Laurent, "Welcome avec Vincent Lindon, sur l’engagement auprès des migrants,   ou encore les moins connus mais tout aussi beaux "Toutes nos envies" et" Le fils de Jean", tous ses films auront  creusé la veine humaniste d'un cinéma sensible et à la mise en scène discrète qui sait se mettre au service des acteurs, toujours excellents lorsqu'ils jouent pour Lioret .

 Sa dernière  fiction adaptée du roman de Tanguy Viel : "Paris Brest" ne passera certes pas par le chemin des salles ( tant mieux pour nous, vu que toutes les salles de cinéma sont actuellement fermées et qu'on n'a pas grand chose à se mettre sous la dent en terme de nouveautés) mais est projeté directement à la TV, sur arte, dès le vendredi 27 mars en prime time ( ou dès maintenant sur you tube et à la fin de cet article ).

 Philippe Lioret adapte librement le roman éponyme de Tanguy Viel pour raconter le retour au pays d’un jeune homme, venu régler ses comptes avec ses parents et sa propre conscience.

Plus âpre et cynique que les autres longs métrages de Lioret, Paris Brest fait pas mal penser à du Claude Cabrol dans le côté satire de la bourgeoisie de province de parvenus sans scrupules ( les personnages de parents, assez glaçants joués par Gilles Cohen et Valérie Karsenti) à travers cette  histoire de famille brestoise racontée avec une belle fluidité à 5 ans d'intervalle et remplie de  secrets, de hontes, de faux-semblants,  qui font les grandes histoires.

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Mais contrairement au roman de Viel, véritable jeu de massacre glacé et glacant , on retrouve quand même dans cette adaptation son sens aigu de l'observation,et cette tendresse autour de la relation de Colin et de sa grand-mère,  plus développés que dans le roman original.

Le cinéaste de Toutes nos envies a resserré son  scénario sur  les non-dits familiaux, thèmes récurrents de son cinéma qu’il explore une fois encore avec une profonde véracité et a insisté sur l'éventualité d'un pardon, là encore, différemment du roman de Viel

S'appuyant  sur des dialogues particulièrement ciselés, le film de Philippe Lioret fait la part belle aux acteurs , en premier rang duquel Anthony Bajon (Tu mérites un amour, Au nom de la terre), Ours d’argent du meilleur acteur (Berlinale 2018 pour La prière),  confirme son immense talent et confère sa sensibilité intrinsèque à la révolte contenue de son beau  personnage.

Lioret donne également un très beau personnage de grand mère devenue riche sur le tard, à une Catherine Arditi plus habituée aux planches théâtrales qu'à l'écran, petit ou grand.

Un film de TV qui vaut largement un long métrage de cinéma voilà qui est un trésor inestimable à ces temps de confinement !