Rentrée littéraire : Le coeur synthétique : le triste marché de l'amour passé 40 ans...
"C'est l'histoire d'une fleur bleue qui n'a plus de racines à force d'être dépotée. Un coeur dans un local une rose trémière coupée. Anaïs Berthel c'est une femme comme une autre qui désormais apprend la solitude comme l'exilée apprend une langue étrangère."
Adélaïde, fraichement divorcée de son mari se retrouve à 46 ans sur le marché des célibataires, avec une seule envie : retrouver très vite chaussure à son pied.
Hélas, elle va vite apprendre à ses dépens qu'une femme célibataire de plus de 40 ans a beaucoup de mal à trouver un homme qui lui plait que lorsqu'elle avait dix ou vingt ans de moins, malgré la frénésie de la vie parisienne.
La plupart des hommes présents sur le marché de l'amour semblent tous avoir des vices plus ou moins cachés : soit ils semblent bien plus interessés par des filles plus jeunes et affriolantes qu'Adelaïde, soit ils sont loin d'être fiables psychologiquement ou moralement..
Adelaïde, attachée de presse dans une grande maison d'édition parisienne, pourrait se consoler de ce triste constat en se focalisant sur sa vie professionnelle. Hélas, le tableau n'est pas très rose non plus avec un secteur de l'édition de plus en plus attaché au mercantilisme et aux apparences plutôt qu'à l'artistique et aux littéraires.
Heureusement que les copines, qui elles aussi, galèrent un peu sentimentalement parlant, sont présentes pour consoler Adelaïde de ce marasme ambiant...
Comment assumer son célibat à 45 ans et revendiquer d'être une femme libre et décomplexée tout en ne supportant pas la solitude et s'enflammer des que le moindre homme commence à nous parler? C'est tout le paradoxe auquel s'attache Chloé Delaume dans son nouveau roman, portrait acerbe et iroique de notre société actuelle où la technologie devrait nous permettre de faciliter les rencontres amoureuses alors que la réalité est tout autre.
Si Adelaïde, dans son coté parisienne un peu snobinarde aux idées bien arrétées sur les hommes et l'amour peut parfois agacer, elle reste touchante dans sa volonté farouche de trouver l'amour coute que coute.
La plume de Chloé Delaume, vive et constamment juste, est particulièrement convaincante lorsqu'elle insiste sur ce lien de sororité entre Adelaide et ses amies ou qu'elle dresse une peinture assez cruelle du monde de l'édition.
Le coeur synthétique n'est pas forcément le chef d'oeuvre de cette rentrée littéraire mais elle n'en demeure pas moins une lecture captivante et qui dit pas mal de choses sur les ambivalences de nos sociétés modernes.