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8 mars 2021

Rencontre avec Elliot Jane, chanteuse lyonnaise, rock et révoltée!

 8 mars,  pour la journée de la femme, c'est le moment idéal pour remettre en avant Eliott Jane notre artiste pop coup de coeur et  nouvelle gloire locale du moment .

Une artiste qui a dévoilé récemment Liberté chérie, un EP cinq titres dans lequel elle opére un savant mélange entre électro pop et chanson française.

Un disque qu'on a énormément aimé pour lequel elle a bien voulu nous dire quelques mots. 

S'en est ainsi suivie, la semaine passée, une longue discussion à batons rompus, dans une franchise qui lui sied bien au coeur et à l'âme : 

eliott jane

 Une révoltée passionnée par le rock  

 Révoltée, je crois pouvoir dire que je suis née un peu comme ça. 

Il faut savoir que je n'étais pas une enfant facile à vivre (sourires).

 Je pense que je n'arrivais pas communiquer autrement que par la violence.

L'école, ce n'était vraiment pas fait pour moi, je ne voyais pas  trop l'intérêt d'y aller puisque je voulais faire que de la musique. 

Un seule idée fixe me tenait au ventre : celle de vivre comme j'en avais envie et cela passait avant tout pour la musique et le rock. 

 J'ai une formation assez rock à la base , je suis  même titulaire d'un DEA de chant rock obtenu en 2011, c'est un cursus que j'ai suivi à l’École Nationale de Musique de Villeurbanne et qui m'a appris pas mal de chose, sur ce que je voulais faire et ne pas faire aussi (rires) . 

Parrallèlement, j'ai fait partie du groupe Jina dans une épopée punk underground avec lequel on a tourné pendant sept années dans l'ensemble des scènes underground de France et même au dela des frontières.

Et puis à un moment, j'en ai eu un peu marre et j'ai eu envie de chanter en solo.

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Pourquoi tenter l'aventure en solo après cette carrière avec Jina?

Se lancer en solo m’a permis de faire un travail introspectif et d’aller au bout de ma vision.

J’ai commencé ce groupe alors que je n’étais même pas encore majeure et pas encore mûre artistiquement. Je ne savais pas encore ce que je voulais ni même qui j’étais. 

Par ailleurs, j’étais  un peu lasse des compromis notamment artistiques que la vie de groupe exige. 

La vie d'un groupe c'est comme une famille on fait tout ensemble, on s'aime et se déchire c'est parfois très violent. 

J'avais vraiment besoin de me retrouver et retrouver une part de liberté. 

 Il fallait vraiment que je tente des choses, sortir du travail collectif pour entamer un travail plus personnel.

Ce travail de recherche au plus profond de moi même, cela faisait très longtemps que j’éprouvais le besoin de le faire.

Nous étions certes arrivés au bout d’une belle aventure humaine mais on n'a rien rompu de ce qui nous liait, nous sommes toujours très proches dans la vie.


Un album aux références musicales très diversifiées

Je suis un électron libre et je m’ennuie vite s il n’y pas de contraste et pas de saveur dans ce que je fais. 

Dans le disque, j'ai eu envie de mélanger tous les genres que j'aime : la chanson française, la britpop, l'électro pop, la new-wave, le punk et le grunge.

Paul Mcartney est mon premier coup de foudre musical, quand j'étais toute gamine, suivi de près par Police, Peter Gabriel, ou Madonna.

Puis plus tard à l’adolescence, j'ai découvert Nirvana, The clash , Nirvana, Sex pistols , Joy Divion, The Smith et plein d'autres encore dans cette mouvance.....

Maintenant, ça fait quelques années que je n’écoute quasiment plus que des artistes francophones car je m’intéresse de plus en plus  aux textes.

Dans cet album je fais quelques jeux de mots en m'amusant avec la langue française comme pouvait le faire un Gainsbourg par exemple..

elliot jane

Elliot Jane, un nom de scène très singulier

Quand je me suis lancée dans une carrière solo, j'avais envie d'un pseudo qui renvoie à une androgynie intrinséquement liée en rock et mettant en même temps en avant le coté garçon manqué qui me colle à la peau depuis toute petite.

Mon prénom à l'état civil, c'est Jeanne, et je trouvais cela pas mal de l'angliciser et de l'acoller à un prénom masculin . 

Eliott est alors venu de façon évidente, car c’est un prénom porteur de souvenir d’enfance.

D'abord, c’est un clin d’oeil à Billy Eliott, cet enfant qui se bat pour obtenir sa liberté de danser envers et contre tout.

Cela renvoie également à Eliott le petit garçon dans E.T .

Enfin, j'ai voulu aussi faire un clin d'oeil à Eliott Smith, cet  immense artiste que j’ai énormément écouté pendant l’adolescence et avec qui j’ai commencé la musique.

Un EP pensé comme une véritable mise à nu 

Dans ce ce premier E.P, je me livre complètement, sans pudeur, à travers tous les titres. 

C’est une première prise de parole en solo et le résultat de plusieurs années de recherche, à la suite de ce qui peut ressembler à unesorte de " crise d’identité".  

Je ne voulais pas que le disque entre dans une case particulière et qu’il réponde à un style en particulier.

J'ai voulu le faire avec une vraie sincérité. 

Chaque titre est d’ailleurs une déclinaison de la liberté, j’aborde la liberté sous différentes formes.

L'important était de vider son sac sans penser à ce que j’allais apporter. 
Ce premier disque est complètement hybride  car j’ai voulu qu’il soit à l’image de la vie, ni tout rose ni tout noir.
 

 

Une mise à nu qui passe aussi par la langue française

J'ai voulu chanter en français c'était plus sincère, sans la barrière de la langue.

 Ce sont des chansons que j’ai toutes écrites il y a  maintenant 2 ans. 

Je traverais à cette époque une sorte de crise d’identité et rompre avec l’anglais m’a amenée un peu inconsciemment dans un registre très éloigné du rock et de la folk.

J’ai commencé à écrire en français dans la bibliothèque de mon père qui est un lieu qui m’inspire bien.J’ai grandi au milieu des livres anciens, il n’y pas plus familier comme endroit à mes yeux.  Bien sûr que je porte en moi mon passé, et mon histoire et que cela influe sur mon écriture.

Je raconte des histoires intimes et des expériences de vie tout en essayant d’y apporter une dimension poétique et une part d'imaginaire, souvent lié au cinéma que j'aime celui des USA des années 90 comme Thelma et Louise ou Sailor et Lula, des références auxquelles je pense forcément dans un morceau comme Camden Street. 

Sailor et Lula de David Lynch : Critique du film | LeMagduCine

 Un disque en solo mais pas réalisé toute seule ....

 Une fois les chansons écrites, j’ai commencé le travail avec Julien Espinoza aux studios de La ruche, où nous avons pris le temps de la recherche de l’univers sonore pour habiller ces chansons.

Au bout d’un moment nous manquions trop de recul, alors nous avons décidé de faire appel à Nicolas Steib, talentueux réalisateur lyonnais qui avait  les oreilles plus fraîches que les notres (sourires) .

Nous avons réalisé l’E.P ensemble en télétravail en 4 mois, à distance de mars à juin 2020.

J’ai juste enregistré mes voix au moment du déconfinement au studio Polycarp à Lyon .

Avec Nicolas et Julien, nous avons voulu habiller  chaque titre comme une facette différente de ma personnalité, c’est pourquoi chaque chanson a une tonalité bien distincte particulière.

 J'ai aussi eu la chance de trouver un label (La Ruche) qui m’a laissé totalement libre de mes choix artistiques, ce qui m'a permis de m’épanouir artistiquement.

Eliott-Jane

 Des textes très personnels et universels en même temps 

Je donne à ceux qui veulent l'écouter une partie de moi après, libre à eux de l’aimer ou de détester ma musique.

 J’espère que certains se reconnaissent dans les histoires que je raconte .

Même si j’ai eu une vie marginale au final, je pense que j’ai vécu les mêmes histoires d’amour et de vie que n’importe quel autre personne.

On a tous  vécu des deuils des séparations,  été sous emprise de quelqu'un et réussi à s'en libérer, non (rires)? 

Je reçois énormément de message de gens qui disent qu’ils adorent et se retrouvent dans mes textes, même si je ne sais pas pourquoi et finalement d'ailleurs, peu importe la raison. 

Un mot sur le titre phare de l'EP"A la vie à la mort"? 

L’intention première de ce titre était en effet de communiquer avec des gens partis trop tôt ou perdus de vue. 

C'est une  invitation à profiter des gens qu’on aime tant qu’il est encore tant.

Je voulais aussi dire qu’on peut facilement se souvenir des être perdus avec joie et bonheur une fois la période de deuil et de souffrance résolue.

Je ne voulais surtout pas avoir une approche dramatique et sombre de la mort mais au contraire l’aborder de manière positive.

Car la mort n’est pas obligatoirement triste : l’homme étant de toute façon condamné à disparaître, très rare sont les personnes qui n’ont jamais perdu un être cher et chanson peut toucher n’importe qui.

  Chanter des choses graves, mais toujours avec désinvolture

J’ai l’impression que mes influences punk se ressentent à travers l’urgence des textes et surtout par l’interprétation désinvolte que j'essaie de mettre , comme le fait aussi par exemple un artiste comme  Pete Doherty.

Même sur un morceau omme "Violence "qui cloture l'album, un titre qui aborde le sujet des violences physiques et psychologiques; même si le morceau est plus premier degré que les autres, j'ai essayé de ne pas surcharger en pathos et surcharge dramatique mon interprétation, c'était essentiel pour moi !

 Comment défendre son disque en dehors du live ?

C'est pas toujours évident mais on peut quand même le défendre, les médias sont notamment là pour cela, tu en es la preuve  vivante ( rires).

La musique peut  pleinement circuler sur internet, sur les réseaux sociaux et via les playlists. 

Finalement, le fait de sortir mon disque en ce moment c’est l’occasion de préparer le live sans trop de stress.

Tu sais, c’est notre devoir en tant qu’artiste de continuer à faire vivre la musique en dehors des concerts. 

Aprèsn si je ne chante pas du tout en live dans les mois à venirn je peux commencer à m'inquiéter pour mon statut d'intermittente car   je n’ai pas de plan B , je ne sais faire que ca en fait !!! 

  

 "Liberté Chérie", Eliott Jane

Sortie de l'EP sur toutes les plateformes depuis le 22 janvier

Crédit photo  Eliott Jane © Benoit kalka   

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