Baz'art  : Des films, des livres...
22 décembre 2023

Focus sur les éditions "On ne compte pas pour du beurre" : Grace Ly, "Est ce que tu as faim?"

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La nourriture, un langage de l’amour ? C’est bien par ce biais que Anna-Yi et sa grand-mère communiquent, expriment leurs liens tous les mercredis. Grand-Mère aime cuisiner et fait en général les choses à sa manière. Le « je t’aime » est remplacé par le « Est-ce que tu as faim ? », sous tout forme de gourmandises. Elle « ne lui fait pas de bisous avec ses lèvres » mais « respire juste son odeur », comme un « baiser par le nez », car ce serait « comme ça qu’on embrasse les enfants dans le pays d’où elle vient ». Ce court et doux récit grâce aux illustrations de Mélody Ung, parle de transmission, d’héritage familial et de racines. Derrière ces racines, l’idée que les manières d’exprimer l’amour dans nos sociétés occidentales ne sont pas uniques. Et qu’il est important de visibiliser d’autres récits pour se construire…

Cette histoire est aussi celle de Grace Ly, qui décide, au-delà de la co-réalisation de l’indispensable podcast Kiffe ta race aux côtés de Rokhaya Diallo, d’écrire désormais pour les jeunesses : « Il y a ce que je vivais chez moi, où on parlait des langues qu’on n’étudiait pas à l’école, on mangeait des plats différents de la cantine, et ce que je vis à l’extérieur » où il arrivait qu’elle ressente de la honte, confiait l’écrivaine à Period. « La littérature et les arts ouvrent le champ des imaginaires (…) moi j’ai grandi à des visages auxquels je ne pouvais pas forcément m’identifier ». Des visages qui ont manqué à ses enfants et qui peuvent alimenter des images trompeuses et des représentations négatives des personnes asiatiques, jusqu’à provoquer de la honte vis-à-vis de ses origines sino-cambodgiennes. Ce recueil permet de célébrer la communion, le partage et sa façon de vivre, de dire « je t’aime », plus enrichie grâce aux double-cultures. Et pourquoi pas partager un moment autour d’une recette d’œufs marbrés au thé et au soja ? 

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Derrière ce projet, une proposition d’Elsa Kedadouche et Caroline Fournier, les deux fondatrices de la maison d’édition On ne compte pas pour du beurre. Fondée en 2020, cette idée part d’un constat : l’incapacité à trouver des récits dans lesquels on peut se reconnaître. « Au démarrage, c’est le projet de deux mamans d’une petite fille. Malgré de nombreuses lectures, à chaque étape, à chaque âge, impossible de retrouver un album dont le contexte ressemble au sien. Il y a beaucoup de fiction, mais jamais de contexte de famille homoparentale, jamais nous ne retrouvions notre situation. Alors, nous nous sommes dit, ces livres, on va les faire. » déclarent-t-elles à Actualitté. D’association à maison d’édition, l’objectif est « avant tout de lutter contre la discrimination, pour l’inclusion et on a choisi de faire cela à travers l’édition » en travaillant avec les personnes concernées. Pour Elsa Kedadouche, cela a été un moyen d’évoquer directement son histoire personnelle dans le livre jeunesse Ma maman m’a porté dans son cœur : « C’est l’histoire d’une maman qui ne porte pas son enfant, comme c’était mon cas il y a 9 ans » avoue-t-elle au Huffpost. C’est le message qu’elle a voulu faire passer à sa première fille, portée par son ex-femme Caroline Fournier en 2014. L’amour n’est pas que physique et une maman va au-delà des liens du sang…

La littérature jeunesse constitue un premier goût à la lecture mais aussi aux représentations de la société dans laquelle l’enfant évoluera ; Sensibiliser les plus jeunes aux questions qui pourraient se présenter à eux demeure nécessaire. Pourtant, 10 ans après la promulgation de la loi sur le mariage pour tous en 2013, la visibilité LGBTQ+ a progressé, trop faiblement pour Eva Sinanian, libraire chez les Mots à la Bouche (Paris) qui propose justement des romans illustrés sur cette thématique : « Dans notre boutique par exemple, cela représente vraiment une proportion ridicule comparée à la littérature classique, à peine 5 %. » affirme-t-elle au Huffpost. Une représentation qui semble posée problème au niveau de l’action culturelle dans les écoles, au vu des multiples annulations des interventions des éditrices. 

 

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 Crédits photos : On ne compte pas pour du beurre  

Est-ce que tu as faim ?, Éd. On ne compte pas pour du beurre

À partir de 4 ans.

 Jade SAUVANET

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