Baz'art  : Des films, des livres...
25 janvier 2024

Nos 4 Questions à Cédric Kahn, réalisateur de Making Of !

 

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 Making of reprend une trame classique du cinéma : le film sur un tournage de film. Caressiez-vous cette idée depuis longtemps ?

Cela faisait très longtemps que je voulais parler de cinéma. C’est un milieu que j’ai eu l’occasion et le temps d’observer et j’y observe des choses, des situations un peu folles qui se produisent au nom de la création. Ça a d’ailleurs commencé très tôt, dès que j’étais stagiaire. Et ce que je pensais quand j’avais 20 ans, je le pense toujours : ce sont toujours les mêmes choses qui me heurtent et qui m’émerveillent.

En ce sens, Making of est un projet ancien, car cela faisait longtemps que je voulais donner ma version de ce milieu. Ce n’est pas un film sur le cinéma en tant qu’objet d’art ou de fantasme mais sur le cinéma en tant que travail. Cette distinction est très importante pour moi. Et beaucoup de choses que je raconte dans ce film pourraient sûrement se transposer ailleurs.

Le cinéma est un microcosme social comme un autre et les rapports de classe qui s’y exercent, y sont similaires. Avez-vous pensé aux classiques du genre : Les Ensorcelés, La Nuit américaine, Mulholland drive, ou autres ?

Tout le monde m’a dit « tu fais ta Nuit américaine ». Honnêtement, ce n’était pas du tout ma référence. Je pensais plutôt au film de Tom Di Cillo, Ça Tourne à Manhattan, que j’adore, parce qu’il est très fort et ironique sur les détails. Et puis les films de Nanni Moretti, qui sont toujours très politiques, y compris sur le cinéma. Ce qui m’intéressait, c’était d’entrer dans le cinéma par un angle politique et social, et pas du tout mythologique.

La mythologie du cinéma ne m’intéresse pas, la sociologie des tournages, oui. Je voulais montrer les rapports un peu délirants qui peuvent se nouer autour d’un tournage, la pâte humaine. Mais ma priorité était de faire une comédie, en aucun cas dénoncer quoique ce soit, ni être dans un esprit de sérieux. J’avais envie de faire un film politique, social, humain sur le cinéma, mais surtout amusant. Le film est en effet très drôle par endroits, mais aussi grave, dramatique, à d’autres endroits.

Ce qui est amusant, c’est ce tournage catastrophe qui part en sucette et les conflits que ça engendre. Mais c’est vrai que trois éléments plus graves viennent s’y greffer.

D’abord, l’analogie avec l’histoire des ouvriers qui défendent leur usine ; ensuite, la dépression professionnelle et intime du réalisateur, très isolé au milieu de ce bordel ; et enfin l’histoire du petit jeune qui habite dans la cité à côté du tournage, qui n’est pas un « fils de », qui ne connaît personne dans le cinéma, et qui va s’engouffrer dans une brèche pour essayer de vivre son rêve. Ce troisième aspect du récit n’est pas comique mais il est très positif

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 Vous avez co-écrit avec Fanny Burdino et Samuel Doux. Comment s’est organisée cette écriture à trois ?

J’imaginais un récit en trois grands actes englobant tous les niveaux de récit, sans scènes ni avant ni après le tournage. Aucun folklore, au ras du travail. Le premier jour de tournage, le milieu du tournage et le dernier jour. Idem pour les ouvriers et le film dans le film : l’occupation de l’usine, le siège de l’usine avec tous les problèmes afférents et la fin de l’occupation avec l’expulsion des lieux.

Tout devait rentrer dans ces trois temps, c’était le concept : simple sur le papier mais, en fait, assez compliqué à faire tenir. Ça nous a pris beaucoup de temps pour construire ce puzzle. Par contre, une fois en place, l’écriture des séquences a été très rapide. On se partageait les scènes et on se les échangeait avec nos remarques. 

Vous êtes cinéaste mais aussi acteur. Et dans ce film, on trouve beaucoup de cinéastes-acteurs, tous très bons : Emmanuelle Bercot, Xavier Beauvois, Valérie Donzelli.

Pour moi, il et elles sont comme des frères et sœurs de cinéma. Je m’entends très bien avec les trois, la communication était très fluide, presque inutile, tant ils savaient exactement de quoi je voulais parler dans ce film. Pour moi un acteur n’est jamais aussi bon que quand il a quelque chose à dire à travers un rôle.

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 Rencontre avec le cinéaste en décembre 2024 au Pathé Lyon

Retrouvez notre critique du film ici même   en salles depuis le 10 janvier dernier.

Crédit photo: Fabrice SCHIFF

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