Retour sur le cinéma de Quentin Dupieux : Au poste , entre absurde et mélancolie baudelairienne
On peut dire qu'il tourne sans arrêt.
Certes, ses films ne sortent pas tout à fait à la même fréquence élevée que ceux de Hong Sang-soo, mais Quentin Dupieux, puisqu'on parle de lui en ce dimanche soir, œuvre inlassablement à créer un univers aussi décalé que cohérent.
A l’occasion de la sortie récente de Daaaaaali !, plusieurs rétrospectives autour de l'univers absurde et déjanté de Quentin Dupieux ont germé un peu partout que ce soit dans les cinémas UGC et Pathé ou à la Télé sur My Canal.
Notre jeune rédacteur de 17 ans, fan absolu du cinéaste a souhaité revenir sur un des films mal aimés du réalisateur stakhanoviste, Au poste, réalisé en 2018.
Fugain retrouve en bas de chez lui, un homme mort, dans une épaisse flaque de sang. Il devient alors le suspect numéro 1 du commissaire Buron , chargé de l'enquête.
On suit alors l'interrogatoire mouvementé de Fugain qui ne souhaite qu'une seule chose, rentrer chez lui...
Avec ce qui est un hommage assumé- presque à 100%- au Garde à vue de Claude Miller, Dupieux dépeint une triste banalité qui vient interrompre, décalé
Il le fait avec un surréalisme parfaitement maîtrisé, qui rend poétique et passionnant un quotidien monotone et une banalité profonde, comme Baudelaire l'avait fait plus tôt avec les fleurs du mal.
A travers ces discussions et les situations remplies de banalité, la routine devient l'ennemi numéro 1 de Quentin Dupieux, qui livre une critique du quotidien routinier que bon nombre de personnes vivent.
Dupieux va en tirer un absurde d'une cohérence et d'une rigueur impressionnantes, en amenant bon nombres d'idées de mises en scènes assez intelligente et bien pensé, qui rythme parfaitement le film.
Ça fait plaisir de retrouver notre Dupieux adoré sur un film français, car ses films précédents avaient été tournés aux USA et il manquait toujours un petit quelque chose.
Ici, il peut utiliser une de ses armes qu'il sait le mieux manier, à savoir le sens du dialogue
Pour cela, il prend Benoît Poelvoorde, immense acteur de la francophonie et de la Belgique, et Grégoire Ludig, pour nous offrir un des meilleurs duos du cinéma François selon moi, un des meilleurs ping pong de répliques et une alchimie dans leurs jeu radicalement différent mais qui se complètent trop bien, je ne suis absolument pas objectif sur ça, le casting est parfait.
Dupieux ne néglige pas non plus ses seconds rôle et choisit un Monsieur Fraize en flic incompétent et complètement perché, Anaïs Demoustier qui joue sa femme un peu cruche qui va rendre visite a Fugain dans ses propres souvenirs, on nage en pleine absurde et Orelsan, revenu de Comment c'est loin, à ma grande surprise, qui interprète le fils suicidaire de Poelvoorde.
Ce film est un hommage complet au cinéma de buddy movie, remasterisé a la Dupieux qui redynamite les codes du film policier en général.
Un autre avantage du film que l'on retrouve trop peu de nos jours c'est la durée parfaite du film et la sensation que le réalisateur n'a pas étiré l'idée sur 2h30, avec 1h de "meublage".
Non non, Dupieux va dans le concis, avec pas plus d'une heure 30 par film
Ces films, il les voit d'ailleurs comme des friandises, explique t'il dans une interview, ce qui permet de ne jamais s'ennuyer et de retourner facilement revoir le film, ce qui explique sans doute pour quoi j'ai du le visionner une vingtaine de fois.
Mais c'est pas pour autant que le film est minimaliste et radin, bien au contraire, il est d'une densité folle, que ce soit dans les dialogues d'une richesse d'une perfection et d'un comique absolue, notamment dans les situations plus incongrue et invraisemblable les unes que les autres
Ca l'est aussi pour les messages et sous entendus du film, qui traite de la tristesse du quotidien, de l'absurdité des procédures et de la société comme Dupieux a l'habitude d'en parler dans quasiment tout ses films.
Je trouve aussi que Au poste distille une certaine mélancolie, celle de la ville la nuit tantôt magnifié tantôt moqué par Poelvoorde dans un monologue caricaturant les codes du film noir
Ce qui est formidable dans le cinéma du Dupieux c'est qu'il a tellement un univers a lui et son cinéma est tellement puiser dans sa propre imagination et sa propre façon de vivre qu'on ne peut pas lui reprocher de plagier
Et en même temps il a tellement de références dans son pokedecks cinématographique qu'il digère dans ses films, afin de leurs donner richesse de mise en scène assez folle.
Bref je suis totalement fan de ce film, tellement que j'ai une immense affiche de au poste dans ma poche, et quand j'ai un doute sur le cinéma comique, je le regarde et je comprend un peu pourquoi Quentin Dupieux est mon réalisateur préféré.
Au poste, à voir actuellement sur le site de My Canal
NB : Cycle « Quentin Dupieux » au cinéma Pathé Vaise avec RUBBER
➡️ Lundi 04 Mars à 20h30 en VOST
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