Critique cinéma LE DESERTEUR- ode improbable à la liberté de ne pas faire la guerre
"Monsieur le Président Je vous fais une lettre Que vous lirez peut-être Si vous avez le temps Je viens de recevoir Mes papiers militaires Pour partir à la guerre Avant mercredi soir Monsieur le Président Je ne veux pas la faire Je ne suis pas sur terre pour tuer des gens". Enrôlé malgré lui dans un conflit qui le dépasse, Shlomi, 18 ans, f ne connait pas forcément son Boris Vian sur le bout de ses ongles mais fuit le chaos de la bande de Gaza pour retrouver son amoureuse à Tel Aviv.
Déserteur, sans l’avoir vraiment prévu, rebelle sans véritable cause, il cavale à pied, en vélo, en voiture, alors qu’un piège se referme sur lui : persuadé qu’il a été enlevé par un commando palestinien, Tsahal lance des représailles sur Gaza…
Shlomi veut tourner le dos à la vie militaire pour trouver
refuge à Tel-Aviv, mais la réalité finit par le rattraper jusqu’à l’engloutir.
Librement inspiré d’un épisode réel - le kidnapping d’un soldat en 2006, cette fiction déroutante résonne fortement avec l'actualité tragique israélo-palestinienne.
Comme c'est parfois le cas dans le cinéma israélien, le film joue la carte de l'absurde pour prendre le pouls d'une société paranoïaque.
Nous voilà embarqué dans une équipée bizarrement tragicomique, où le jeune soupirant s’émancipe et s’enferre à la fois, tente de retrouver l’insouciance de son âge dans un monde schizophrène où la menace et la paranoïa planent ON se retrouve parfois chez Jacques Tati ou devant une version juive du After Hours de Martin Scorsese, tellement les situations s'y enchaînent de manière inéluctable et cependant irrationnelle.
Le film désarçonne parfois, et on aimerait aussi un peu plus de profondeur sur un sujet forcément tragique Mais il séduit avant tout par sa façon assez audacieuse d'’exprimer de manière personnelle une révolte universelle.
Dans le rôle titre, le jeune Ido Tako, sorte de Buster Keaton moderne porte, de bout en bout cette échappée burlesque comme ode à la liberté
Le Déserteur de Dani Rosenberg sort en salles ce 24 avril 2024.