[Critique cinéma) Emilia Pérez- le nouveau chef d'oeuvre de Jacques Audiard
Présenté comme l’un des favoris à la Palme d’or de la 77e édition du Festival de Cannes, Émilia Perez arrive sur nos écrans dans une semaine et c'est le vrai événement cinéma de cette fin d'été !
Difficile de savoir d’où est venue à Jacques Audiard l’idée fabuleuse du film Emilia Pérez. Sur le papier, le pari est fou. Le long métrage suit le destin de Rita (Zoe Saldana), une avocate qui s’ennuie ferme dans son cabinet médiocre. Sa vie bascule le jour où Manitas, le chef du plus puissant cartel de Mexico lui demande de l’aider à achever sa transition, et à disparaître ensuite, abandonnant sa femme Jessi (Selena Gomez) et ses enfants. Manitas devient Emilia Pérez (Karla Sofia Gascón), et change radicalement de vie, avant que son passé ne revienne la hanter.
Avec Emilia Perez, Jacques Audiard réinvente ses formes de prédilection et en trouve de nouvelles, toujours plus expérimentales et baroques, à l’image d’un cinéaste taillé dans les contrastes et les mélodies dissonantes.
Jacques Audiard livre une proposition cinématographique aussi dense que surprenante
Inventif, politique et émouvant, Emilia Perez est un objet cinématographique difficile à identifier au départ.
Emilia Perez développe en grande partie au cours de son intrigue le thème de la transition de genre et de la transidentité
Incapable de faire deux fois le même long métrage À chacun de ses longs métrages, Jacques Audiard n’hésite pas à surprendre son public par ses choix inattendus de genres et de thématiques
Ici, il ose carrément le film de cartel mais le dote de contours de comédie musicale. L’action se déroule au Mexique qu’il a reconstitué en studio près de Paris, on n’y voit que du feu : le cinéma et sa fameuse “magie” !
Surtout, il y a dirigé des acteurs intégralement en espagnol, langue maternelle de Zoe Saldaña, Karla Sofia Gascón, Edgar Ramirez et Selena Gomez.
Pour son nouveau long métrage, Jacques Audiard propose un mélange des genres extraordinaire accompagné d’une distribution cinq étoiles
Sous ses airs de pure comédie, l’histoire, cependant, est abordée avec sérieux, Jacques Audiard prenant soin de l’assujettir, tout au long du film, au contexte initial – l’univers des narcotrafiquants –, dont il exploite les rouages du genre.
Des rebondissements se produisent, de l’action est injectée, mais c'est peut etre sur l'aspect comédie musicale que le film réjouit le plus.
Si vous êtes totalement allergiques aux comédies musicales et que les premières notes d’une séquence chantée dans un film vous donnent une crise d’urticaire, il y a fort à parier que vous ne soyez pas forcément emballés par ce projet complètement fou.
Mais pour les autres c'est un vrai délice de chaque instants. Emilia Pérez est une comédie musicale très variée. Crées par Camille et Clément Ducol, les chansons sont géniales. Il y a autant de ballades mélancoliques, que de chansons d’amour, de titres plus rock aussi, un peu de rap, le tout teinté de sonorités mexicaines. Car dans «Emilia Perez», ça chante et ça danse!
Au sein d'un casting formidable, l’actrice espagnole Karla Sofia Gascón, irradie par sa présence tout le film et mérite à notre sens le prix d’interprétation féminine.
En toile de fond, une question : et si, avec ce dernier film mutant, Jacques Audiard avait livré son œuvre la plus personnelle et la plus réussie de sa pourtant déjà immense filmographie?
Le dernier chef-d'œuvre de Jacques Audiard est de ces œuvres novatrices qu’il ne faut surtout pas manquer et qui a amplement mérité l’accueil enthousiaste qui lui a été réservé à Cannes. L'absence de Palme d'Or qui lui semblait promise semble assez incompréhensible à la vision de cet immense film.