ENTRETIEN AVEC MAKITA SAMBA, révélation du film Les Olympiades
Il est, avec Lucie Zhang, la grande révélation du film Les Olympiades qui sort aujourd'hui en salles. Makita Samba, acteur d'obédience théâtrale, comme se plaisait à dire Jacques Audiard quand on l'a rencontré pour la promo du film, crève l'écran dans cette marivaudage amoureux 2.0 en jeune professeur égoiste et charmeur.
On a eu la chance d'échanger avec lui la semaine passée sur ce film... Nul doute qu'on va vite reparler de lui, et notamment dès février prochain lors de la cérémonie des Césars !
Depuis quand réviez vous d'être comédien?
Après le bac, j’ai fait trois ans de droit (je voulais travailler au FMI, je rêvais de sauver le monde), avant d’entrer au cours Florent. J’ai fait la classe libre, puis le Conservatoire. Ça a vite marché de manière assez évidente, donc j’ai simplement suivi ce chemin qui s’ouvrait. J’ai fait beaucoup de théâtre, notamment avec Guillaume Vincent, et aussi tourné un film en Autriche, « Angelo ».
Comment se sont passé le casting et la rencontre avec Jacques Audiard ?
Ça a été long ! J’ai passé les premiers essais en janvier 2020, et je n’attendais plus que de rencontrer Jacques quand le confinement est arrivé. J’ai passé trois mois chez moi à me demander si j’allais faire le prochain film de Jacques Audiard…
Quand à la rencontre avec Jacques Audiard , j’étais forcément très impressionné du moins au débat, . Mais j’ai trouvé dans son écriture et son travail ce à quoi je m’attendais et plus : de la rapidité et de l’espièglerie.
Comment appréhender le personnage de Camille?
Le personnage était clairement défini au départ : un coté assez arrogant, plutôt intelligent. Cela faisait longtemps que j’attendais d’avoir l’occasion de jouer un jeune homme de mon âge, un peu vif et espiègle…
Intérieurement il fallait se raconter cela j’avais vite appréhendé la question de la silhouette des personnages,
C’est un personnage qui n’existe pas dans les histoires d'Adrian Tomine, ou à l’état embryonnaire il a vraiment servi de liant entre les histoires
Ca donne une impression de liberté, mais tout est finalement très écrit, à la virgule pres..
Jacques Audiard nous a dit que vous aviez beaucoup répété en amont du tournage, cela vous a beaucoup aidé pour le moment du tournage?
Oui, on a beaucoup répété : Jacques avait loué le théâtre du rond point pour faire un filage complet avec les techniciens.
Nous avons vite travaillé tous ensemble, un peu comme une troupe de théâtre.
Nous avons beaucoup travaillé les scènes de sexe en amont, notamment avec des chorégraphies, pour que Lucie et moi soyions très à l’aise.
Plus largement, la référence principale qu’il m’a donné pour le personnage de Camille était Perdican dans « On ne badine pas avec l’amour ».
Un jeune homme qui va décevoir l’amour auquel il est promis…
Cela a été très bénéfique , comme conseils et comme préparation, du coup le tournage était bien préparé et qu'on apparaissent bien plus libérés !
Camille n’est pas un personnage très sympathique. Comment avez-vous envisagé son évolution à mesure que le film avance et qu’on le voit baisser les armes ?
C’était une grande partie du travail, de ne pas être très sympathiques . On ne voit pas beaucoup Camille dans son métier de prof, mais j’ai énormément travaillé cet aspect.
J’ai parlé avec des professeurs, essayé de comprendre ce que c’était, d’être devant une audience de jeunes à qui on doit transmettre des choses, en étant humain mais pas trop, en posant des limites…
J’ai beaucoup construit le personnage autour de ça, de ces scènes qu’on ne voit pas.
Il y a un jeu de masques dans le film, chacun des personnages se dévoile et se révèle peu à peu…
Oui, c’est un parcours initiatique. Camille doit déconstruire l’image qu’il a de lui-même, et pour cela, il a besoin de quelqu’un d’autre.
Pour cela aussi, c’était important qu’il soit noir, pour cette question du masque social, même si sa couleur de peau n’est jamais ouvertement évoquée dans le film.
Connaissiez-vous ce quartier des Olympiades qui donne son nom au film ?
Non ! J’ai grandi à Paris, je connais cette ville par cœur mais c’est un des seuls quartiers que je ne connaissais pas.
J’ai été surpris de découvrir un univers incroyablement cosmopolite. J’ai pourtant vécu à Barbès, à Belleville, dans le 16ème…Je ne pensais pas que ça existait à Paris.
Les Olympiades, de Jacques Audiard, en salles ce 3 novembre 2021- Distribué par Memento films