Notre rencontre avec Charlie Winston, jury du récent festival Filmoramax 2024
« Like a hobo / From a broken home / Nothing gonna's stop me... » Nul n'a oublié ce tube de 2008 : nous découvrions un Anglais francophile, chapeau vissé sur la tête, cravate dénouée, oeil de velours, sifflets morriconniens et voix de crooner. La France adoptait Charlie Winston et lui faisait un triomphe : l'album « Hobo » était numéro un des ventes et deux albums suivaient : « Running » Still » (2011) et « Curio City » (2015) qui, s'ils confirmaient le talent d'écriture du bonhomme, ne réitéraient pas le succès de « Hobo ».
Une voix traînante, un style dandy et un univers entre pop rock, folk et blues.
A l'occasion du récent festival Filmoramax, Charlie Winston était de tous les fronts, il était présent au Radisson Blu Lyon pour un show case privé d’exception et de folie le jeudi 3 octobre. dernier mais il était également membre du jury 2024 pour sélectionner les meilleurs films de cette quatrième édition.
On a pu échanger pendant le festival avec le plus frenchy des artistes britanniques, nourri par un besoin permanent de métamorphose.
Rendu célèbre par son « Hobo » très attachant, Charlie Winston reconnait qu'il y a quelques années avoir un peu disparu des radars, quelques années avec son incroyable succes " Cette image de « hobo », de vagabond, ce n'était pas moi. J'ai annoncé en 2017 que je mettais ma carrière entre parenthèses - cela n'a duré qu'un an ! Je me suis installé en France et fondé une famille... »
C'est un Charlie retrouvé que l'on retrouve à Filmoramax sans son éternel chapeau ; " oui désormais, c'est ainsi que je voulais me montrer, sans artifice, sans chapeau : c'est Charlie Winston sans les effets spéciaux ! », confie-t-il en un grand éclat de rire.
Un grand garçon capable d’enflammer une scène de plusieurs milliers de spectateurs, que l’on découvre aussi timide et attentionné en tête à tête , soucieux de s'exprimer du mieux possible dans la langue de Molière qu'il apprivoise depuis qu'il vit dans le Sud de la France .
Cet artiste mondial possède un vrai lien avec le cinéma: " savez vous que j'ai travaillé avec Audrey Tautou pour mon clip « I love your smile » ? Figurez vous que j'ai également fait jouer mes musiques pour la série « Grey’s Anatomy »? le grand écart, n'est ce pas? nnous questionne t il dans un grand éclat de rire !!
Le chanteur britannique, qui vit depuis des années près de Nice, ne tarde pourtant pas à se confier sur sa passion pour le cinéma " Vous savez que quand j'avais 20 ans, j'ai été ouvreur au cinéma de Londres le Prince Charles, un cinéma connu pour passer des films à un tarif vraiment abordable un mois environ après sa sortie. C'est ainsi que j'ai découvert les Jim Jarmush ou les Nanni Moretti qui ont construit ma cinéphilie actuelle.
Quand on l'interroge sur ses années ou on le voyait et l'écoutait moins sur son silence il nous parle...problèmes de dos !!
"En fait, depuis l’adolescence, j’ai beaucoup de problèmes avec mon dos. J’ai essayé plusieurs choses pour me guérir, passé des IRM, scanners, etc. mais c’était de pire en pire avec chaque concert, je devais rester allongé. En 2016, l’idée de continuer les tournées avec les douleurs chroniques était insupportable. J’ai décidé de quitter la musique. En même temps, grâce à ma sœur, j’ai rencontré à Londres un vieil ami musicien, qui m’a envoyé un livre sur les maladies psychosomatiques. Après neuf mois de psychothérapies, je n’avais plus de douleurs. Pendant le Covid, j’ai fait des psychothérapies deux fois par semaine, c’était très profond. Ça explique surement pourquoi actuellement j'ai accepté de faire la bande originale d'un court métrage qui parle justement de psychanalyse et de somatisation, et peut etre d'ailleurs que ce court va devenir un long et que je continuerais à faire de la musique dessus, touchons du bois ' ( rires)
On reparle avec lui de Lullaby, le premier long métrage de Benoît Philippon, allie un casting de choc (Forest Whitaker, Rupert Friend, Clémence Poésy, Sarah Wayne Callies) à une somptueuse bande originale aux touches jazzy, à laquelle a participé Mr Winston. "Dans cette comédie sentimentale, poétique et pleine d’espoir, la musique était en effet un personnage à part entière. Le premier extrait de la B.O., Secret Girl je l'avais écrit, composé et interprété par On retrouvait aussi une version de mon tube In Your Hands chantés par les comédiens du film., c'est un excellent souvenir
Quand on lui parle du concert de la veille au Radisson Blue qui doit lui changer des salles immenses qu'il a pu faire, il nous répond que " Chaque concert est différent. Avec un groupe, j’aime jouer devant 1000, 1500personnes. Mais dans les petites salles Je vois les gens dans le blanc des yeux, mais on a la chance d’avoir un spectacle, avec le son, les lumières.
Et quand on lui demande s'il préfère composer au piano ou à la guitare, il nous répond que " Le piano est mon premier instrument. C’est plus émotionnel pour moi, ça peut être quelque chose de fragile ou de très grand. La guitare, c’est comme un «chien», c’est plus rythmique, je fais une promenade avec. J’ai aussi été bassiste et batteur pour mon frère. La basse, pour moi, c’est comme un singe. J’avais l’impression d’être dans les arbres, je dansais beaucoup sans chanter, j’étais plus libre."
Merci à Filmoramax et à l'équipe de Charlie Wiston pour cette interview réalisée le 4 octobre 2024.