Nouveauté en poche- Celles qu'on tue Patricia Melo
« Ce que nous appelons la vie est aussi une file d'attente pour la mort. Nous naissons et bam, nous intégrons la file. »
Patrícia Melo, grande femme de lettres et sans doute une des voix majeure de la littérature brésilienne contemporaine, n'a eu de cesse, dans ses différents romans (dont une dizaine est sorti en France), de raconter l'ambivalence du Brésil, de sa beauté, mais aussi de sa violence intrinsèque.
« Celles qu'on tue », ne fait pas exception à la règle avec ce texte puissant autour de la violence exercée sur les femmes, toutes les femmes du Brésil, mais surtout les femmes indigènes
.La narratrice de "Celles qu'on tue" est une avocate à Sao Paulo envoyée au tribunal de Cruzeiro do Sul pour entendre et recenser des affaires de violences faites aux femmes, du simple coup au meurtre. C'est dans ce contexte qu'elle rencontre Clara, avocate générale, Paulo - le compagnon de cette dernière, et Marcos.
De fil en aiguille, on en apprend plus sur la culture du viol, la pornographie, la normalité de la violence faite aux femmes, le besoin de vengeance inassouvi… Et également sur le parcours de vie de l'héroïne, son passé, ses retranchements, ses souvenirs d'enfance teintés de sauvagerie et de brutalité.
Celles qu'on tue, récit implacable, âpre- le récit est composé de descriptions de crimes commis envers les femmes, très crues et réalistes mais jamais complaisantes- aborde de manière fictionnelle mais en s'appuyant sur pas mal de témoignages avérés d'une thématique délicate, celle des féminicides au Brésil.
Car en Amazonie encore plus qu'ailleurs, et quelque soit leur niveau social, niveau d'instruction, tempérament, travail, physique…les hommes tuent. Les croyances des peuples de l'Amazonie se mêlent au droit, à la justice et à l'indifférence.
La plume de la romancière se fait rageuse, frappante comme un uppercut pour dénoncer cette partie du globe où une femme meurt toutes les six heures car c'est un lieu où les coups sont la norme, les femmes des objets et l'alcool un désinhibiteur puissant.
Alternant faits, narration et poésie , l'écriture, diverse, reflète la pluralité de la personnalité de celle qui parle : l'avocate, la femme, la victime, la guerrière.
Un roman résolument féministe, engagé et indispensable, qui fait vraiment froid dans le dos!
Celles qu'on tue | Patricia Melo | 10/18
Celles qu'on tue, de Patricia Melo (auteur). Une jeune avocate de São Paulo se réfugie dans l'État de l'Acre pour fuir une relation abusive, et s'intéresse...
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