Critique- La déposition :plainte pas tres catholique
Une agression sexuelle subit à l'âge de treize ans, longtemps enfouie, qui revient comme un boomerang.
L'auteur, le jeune prêtre d'un diocèse alsacien, adoré de tout un village. La victime, Emmanuel, un jeune garçon qui avait trouvé dans l'homme d'église un guide spirituel et amical. Emmanuel qui durant près de trente années portera la culpabilité. N'est-ce pas lui qui, en se rendant au presbytère cet après-midi d'été 1993, aurait permis ces attouchements ? Pourquoi ses parents aussitôt mis au courant des faits n'ont -ils rien dit ? Pourquoi ne l'ont-ils pas cru ?
Le 02 décembre 2021, c'est en adulte déterminé qu'Emmanuel se rend au commissariat le plus proche du village, où il vit toujours, pour porter plainte et enregistrer sa déposition.
C'est cette longue déposition, détaillée, précise et douloureuse qui sert de colonne vertébrale au film de Claudia Marschal, cousine d'Emmanuel. La caméra de la réalisatrice devient une arme et un bouclier, une protection pour enfin pouvoir écrire le journal intime d'une guerre intense contre une culpabilité si longtemps enfouie.
Une bataille contre le déni d'un père complètement dépassé par la situation, en 1993, dans la France rurale et catholique on tait ces choses là.
Un véritable combat pour trouver des mots pour dire sa souffrance et finalement rencontrer l'écoute bienveillante d'un lieutenant de gendarmerie pour la recevoir.
Entrecoupé de films familiaux d'époque, " La déposition" est aussi un vrai document de la France rurale et catholique de la fin du vingtième siècle.
Un film poignant et intense, un film nécessaire pour Emmanuel et pour les spectateurs.