Les Fausses Confidences, aux Célestins: Marivaux sied bien à Françon
Maître du théâtre classique, Alain Françon revient à Marivaux avec Les Fausses Confidences.
27e pièce de Marivaux, et dernière de ses comédies en trois actes, Les Fausses Confidences est écrite après les grands classiques que sont aussi Le Jeu de l’amour et du hasard (1730) ou L’Heureux stratagème (1733)
Dans les Fausses Confidences, Marivaux s’attaque à ses thèmes de prédilection : le sentiment amoureux et les conditions sociales.
Note d’intention
Une pièce romanesque où la quête de soi et la
recherche de vérité bousculent sérieusement les
ordres établis.
Dorante est pauvre et aime Amarinte, qui est riche. Fort heureusement, son valet, Dubois, entre en scène et va s'affairer à arranger la situation.
Marivaux écrit une comédie d'intrigue, avec portrait et lettre égarée, une comédie de moeurs qui fait la satire d'une société obnubilée par l'argent et le rang social et une comédie psychologique où le sentiment amoureux est finement analysé.
Au début tout le monde avance masqué : Dorante qui dissimule sa passion, Araminte qui ne s'avoue pas son amour, Dubois qui place ses pions. Il faut faire émerger la vérité, d'où la fausse confidence qui va petit à petit démasquer les uns et les autres et les obliger à se conformer à leurs sentiments.
Le stratagème repose sur le mensonge et la tromperie mais est utilisé pour faire apparaître la vérité des sentiments
C'est donc une pièce complexe dans laquelle la vérité se dérobe jusqu'au dernier moment. l’omniprésence du valet Dubois donne au dénouement un goût de vengeance sociale bien intéressant. C’est une démarche de confiance que Francon effectue avec cette pièce, en se mettant réellement au service de l’écriture de Marivaux, sans effets ostentatoires ni faire le malin. La passivité de Dorante et d’Araminte, le fait que cette dernière tombe amoureuse à l’instigation d’un valet… Tout cela confère une saveur trouble au « happy end » attendu.
Les répliques s’enchainent sans temps mort ; les acteurs et actrices trouvent aisément leur liberté dans leur partition très saccadée,
Gilles Privat est idéal de malice et d'intelligence dans le rôle de Dubois et. Georgia Scalliett incarne Araminte avec une finesse et une profondeur qui impressionnent et séduisent instantanément .
Dominique Valadié excelle aussi à jouer les belles mères acariatre et qui s'oppose systématiquement à sa fille.
On formulera simplément une petite réserve à l'encontre de Pierre-François Garel,, pas forcément le Dorante le plus approprié qui soit....