Baz'art  : Des films, des livres...
24 février 2025

Les chroniqueuses livres de Baz'art nous dévoilent leurs coups de coeur du moment

Découvrez les nouveaux coups de cœur "littérature" de nos chroniqueuses de la rédaction

 

Quatre romans écrits par des autrices qui nous ont particulièrement emballés :

COUP DE ❤️ d'Hermine Les bouchères Sophie Demange ( L'iconoclaste=

 

Rouen, aujourd'hui. À la mort de son père, Anne reprend la boucherie familiale aux côtés de Stacey, la seule camarade qu'elle avait pendant ses études de CAP. Mais voilà, l'idée n'est pas de marcher dans les gros souliers sales du père - dont, tiens, j'ai oublié de vous dire, le corps n'a jamais été retrouvé - mais bien de faire billot ras du passé.

Créer une boucherie qui met en avant ce que la viande a de plus noble, de plus beau, où chaque morceau d'os et de chair est exposé en vitrine comme une sculpture dans un musée. Rejoint ensuite par Michèle, ce trio plein d'idées neuves fait rapidement parler de lui : certain.e.s client.e.s sont heureux.ses de voir leur quartier s'animer d'un vent frais, d'autres voient d'un mauvais œil ces jeunes femmes qui entendent tout révolutionner. La méfiance gagne les plus jaloux.ses, et les rumeurs commencent à se cristalliser au moment où un client, grand avocat disparaît dans de mystérieuses conditions, suivi de près par un jeune homme se trouvant être le compagnon de Stacey...

Ces bouchères aiguiseraient-elles leurs couteaux sur les animaux comme sur les êtres humains ? Ne serviraient-elles pas de la chair humaine à leur clientèle ?

La romancière Sophie Demange balance un premier roman noir servi à point, jubilatoire, jouissif, que l'on aurait pu intituler #découpetonporc. Je l'ai dévoré d'une traite, fascinée par la croisade de ces justicières contre des porcs machistes qui traitent les femmes comme des bouts de viande. J'étais à fond dans leur camp,  animée par un désir de vengeance, par cette idée qu'il faut parfois faire justice soi-même.

Une écriture au couteau, qui désosse, dénerve, dissèque, qui m'a complètement happée - j'y ai retrouvé la précision d'une Joy Sorman dans son
« Comme une bête ». Chaque mot est sélectionné comme le blanc dans le poulet du dimanche. La Rouennaise que je suis a été heureuse de tomber, à la faveur d'une page, sur les endroits phares de la ville aux Cents Clochers. De retrouver le microcosme des quartiers où tout se sait et tout circule - surtout les pires vilénies.

 

Édition de l'iconoclaste- Paru le 23  janvier 2025

 

 

COUP DE ❤️ de Chocoladdict  La mère des palmiers, Nassim Marashi

En ouvrant La mère des palmiers, j’ai découvert une plume, celle de Nasim Marashi, des lieux, des prénoms, des paysages, une histoire.

Le roman s’ouvre sur une scène : celle d’un homme qui quitte la ville où il vit en voiture avec à son bord, son fils. Rassoud est dans un sale état (il le dit lui-même) : il lui manque des dents, il est bedonnant, il transpire à cause de la chaleur. Mais ce qui transparait très rapidement est sa peur.

  "  Tout en parlant, il cherchait dans leur voix, avec une folle obstination, la trace d’un danger. N’en trouvant pas, il raccrochait et les cauchemars revenaient. Il ne se souvenait plus où il avait caché son couteau à viande ni si la cachette était assez bonne pour que personne ne le trouve. Il ne se souvenait pas quand il avait fermé à clef pour la dernière fois la porte qui menait à la terrasse. Aussitôt il décrochait le téléphone. Raccrochait, rappelait. Cela faisait à peine deux heures qu’il était au travail et il ruisselait déjà de sueur. Il ne pouvait pas rester là. Il ne pouvait se concentrer sur rien, à part sa maison et ses enfants."

Même si on ne connait pas grand chose de l’histoire de l’Iran, même si on n’a jamais lu de roman iranien, on comprend grâce aux mots de Nasim Marashi que le pays est marqué par la guerre. Le bitume est abîmé, le village dans lequel Rassoud arrive est désert. Ce dernier est venu chercher sa femme dans ce village, après des années sans l’avoir vu. Tout le roman est construit entre présent et passé pour raconter ce qu’ont vécu Rassoud et sa femme Nawal pour en arriver là.

La vie de Nawal bascule pendant la guerre avec l’Irak lorsqu’elle perd son jeune fils et c’est aussi à ce moment précis que j’ai perçu la puissance de la plume de l’écrivaine :

 "Elle le rattrapa par les épaules et le regarda, regarda ses habits vert et jaune citron, rouge à présent. Elle pensa qu’il avait du tomber. Il était sûrement tombé. Elle le regarda. Lui aussi avait les rouges de la poitrine jusqu’aux pieds. […]"

 La mère des palmiers interroge sur la vie ou la survie après la guerre, sur nos choix et leurs conséquences (ceux de Rassoud comme ceux de Nawal).

C’est déchirant, poignant et remarquablement bien traduit par Julie Devigneau (et cela me donne envie de lire d’autres roman de cette écrivaine iranienne et en particulier L’automne est la dernière saison).

 COUP DE ❤️de Patricia, La Manif de Nelly Allard ( Galllimard)

Romain, 28 ans, est grièvement blessé à la tête en marge d’une manif contre la loi Travail. Il arrive à l’hôpital dans un état critique, plongé dans le coma.

Pour sa famille, c’est la stupéfaction. Ses parents ne lui connaissent aucune activité militante et ne comprennent pas pourquoi les médias l’assimilent à un black bloc

Inspiré de faits réels, "La manif" de Nelly Alard raconte, du point de vue de la victime et de son entourage, les ravages causés au sein d’une famille par une violence policière injustifiée.

"2019 fut l'année des Gilets jaunes, des yeux crevés, des mains arrachées. À chaque œil crevé, à chaque main arrachée, Sandro s'indignait, non seulement, que le cas de Romain n'ait servi à rien, puisque malgré les tests et les expertises, les grenades de désencerclement continuaient à être utilisées "

Une puissante  tragédie familiale en creux duquel se dessine un manifeste contre les violences policières et l’injustice d’État.

"La Manif", Nelly Almard, Gallimard, 219 pages, 20 euros

COUP DE ❤️ DE Jade L'ours, L'ours de Julia Philips ( édition Autrement)

 

Sur leur petite île de l'État de Washington, Sam et Elena, deux soeurs, survivent tant bien que mal, entre petits boulots éreintants, mère malade et accumulation de dettes.

Tandis qu'elles rêvent d'ailleurs et d'évasion, un ours apparaît soudainement dans leur vie. Arrivé à la nage, en chemin vers le Canada, cet ours noir semble élire domicile près de leur maison.

Entre fascination et terreur, les ressentis des deux soeurs divergent, et toutes les tensions gardées secrètes ne demandent qu'à éclater au grand jour.

Julia Phillips a trouvé une manière originale de parler de sororité. Elle réussit à créer toute une atmosphère particulièrement sensorielle.

En racontant comment l'arrivée d'un ours devant leur maison, érigée sur l'île de San Juan, va bouleverser la relation qu'entretiennent Sam et Elena, elle passe du fait divers à la tragédie.

Dans ce très beau roman, empreinte d'un nature writing particulièrement percutant, Julia Philips nous plonge dans une  une vie  sauvage, primitive par moments, et empreinte de nature.

 

 

Commentaires
Qui sommes-nous ?

Webzine crée en 2010, d'abord en solo puis désormais avec une équipe de six rédacteurs avec la même envie : partager notre passion de la culture sous toutes ses formes : critiques cinéma, littérature, théâtre, concert , expositions, musique, interviews, spectacles.

Nous contacter

Envoyer un mail à l'administrateur : philippehugot9@gmail.com 

Visiteurs
Depuis la création 7 831 187
25ème édition du Festival du Cinéma Européen - FCEM Du 4 au 13 avril 2025, à Meyzieu

Parrain du Festival Philippe Rebbot

Les moments forts de la 25ème édition du Festival du Cinéma Européen - FCEM
Du 4 au 13 avril 2025, à Meyzieu

https://www.cinema-europeen.fr/

21e édition du festival "Quais du polar"à Lyon, du 4 au 6 avril 2025

"Le premier festival de polar en France et en Europe" a cette année choisi une thématique d'actualité : les frontières.

Plus de 150 auteurs invités, de James Elroy à Sandrine Colette....

https://quaisdupolar.com/auteurs-2025/

 

Festival Les Mauvais Gones, à Lyon, du 14 au 18 avril 2025

 

Les Mauvais Gones  reviennent dans les cinémas UGC Ciné Cité de Lyon pour une 7 ème édition sous le signe de l'univers des films de gangsters et policiers.

Au programme : 5 soirées, 5 expériences et des projections coup de poing, des rencontres exclusives et des événements taillés pour les amateurs de cinéma qui n’ont pas froid aux yeux.

https://www.lesmauvaisgones.fr/

Newsletter
150 abonnés