Baz'art  : Des films, des livres...
15 avril 2025

La Pommeraie : Peter HELLER, toujours une valeur sure

Alimenté par un ruisseau, l’étang au fond de la pom-
meraie s’était à moitié envasé, mais avait encore assez
d’eau pour recevoir les visites de castors géants qui me
semblaient aussi gros que des ours et beaucoup plus
méchants. Dans la pile de livres pour enfants qu’Hay-
ley avait emportée, il y avait Winnie et Corduroy, deux
oursons qui étaient toujours gentils.

Retrouver un auteur après un moment d’absence c’est un peu comme retourner dans un restaurant où on réserve les yeux fermés. On sait qu’on aime la cuisine, on sait qu’en ouvrant la carte, on aura déjà l’eau à la bouche.

On parle de “valeur sûre” mais on espère découvrir de nouvelles saveurs. Je lis beaucoup plus que je ne vais au restaurant mais lorsque j’affectionne la plume d’un écrivain, c’est en général un argument suffisant pour que je sélectionne son nouveau livre dans mes prochaines lectures.  Et c’est ce qui s’est passé avec Peter Heller et son dernier roman La pommeraie.    
                   
    J’ai “rencontré “ sur papier Peter Heller avec son roman Le guide. Parfois la couverture d’un livre attire plus qu’un autre : je ne pense pas que c’est en voyant un poisson au bout d’une canne pêche, que je me suis dit à l’époque c’est LE bouquin qu’il me faut là tout de suite. J’avais entendu parler de Peter Heller, en bien, même en très bien, par une libraire et j’ai mordu à l’hameçon dès les premières pages. 

On le sait bien, le talent d’un écrivain est de rendre un sujet, à priori très loin de votre univers ,(dans le cas du guide, la pêche), captivant.

La petite musique de Peter Heller m’a tant envouté que par la suite j’ai lu (avec le même plaisir), La rivière et Céline.

Lorsque j’ai ouvert La pommeraie, au bout de deux ou trois pages, je suis tombée sur ce poème de Li Xue (en cherchant j’ai trouvé une Lin Xue poétesse, peintre entre autres pendant la dynastie Ming, je suppose que Peter Heller s’est inspiré d’elle). Ce poème est intitulé La pommeraie.

 

Et c’est justement au milieu d’une pommeraie (quasi à l’abandon) que l’histoire racontée par Fryth, 6 ans commence lorsqu’elle s’installe avec sa mère dans une cabane au pied des montagnes du Vermont avec leur chien Gus.

Habituellement je n’aime pas du tout les histoires racontées à hauteur d’enfant, je n’ai pas tenu plus de quelques pages du grand classique de Romain Gary, La vie devant soi pour cette raison…sauf qu’ici je n’ai pas ressenti cette naïveté forcée.

Ce point de vue narratif n’est pas fortuit, il permet à l’écrivain d’adopter un regard émerveillé (mais pas niais) et comme vierge de désillusions. Fryth est aussi une petite fille très sensible et à travers ses yeux, tous nos sens sont en éveil.

Comme dans les autres romans de Peter Heller, la nature est très présente (j’ai du chercher, entre autres, ce qu’étaient les sitelles, le tyran quiquivi, les asters, les pois bleus ou les castilleja). sitelle à gauche, tyran quiquivi à droite - saviez-vous que le nom scientifique du pois bleu est le clitoria ternatea à cause de sa forme ?
 

 

 

Peter Heller est classé dans le genre “nature writing” mais le cœur du roman ce sont ses personnages, cette relation si forte entre cette mère et sa fille et le personnage de Rose qui va rentrer dans leur vie.

Le récit alterne deux voix : celle de Frith lorsqu’elle est enfant et celle de Frith alors qu’elle a 34 ans. Cette construction en écho parfois au sein d’un même chapitre est une des forces du livre. Un matin, par exemple, Frith trouve sa mère en train de pleurer sur la véranda de leur cabane.

Elle apprend que son père, qu’elle n’a quasi pas connu, vient de mourir. Le chapitre esquisse un parallèle avec Li Xue (la poétesse dont je vous ai parlé plus haut et qui est traduite par la mère de Frith) qui a perdu son mari très jeune mais aussi avec Frith à 34 ans alors qu’elle est enceinte et qu’elle va vivre (par choix) sa maternité seule.

    

 

On retrouve le formidable talent de conteur de l’écrivain dans la scène de rencontre entre Hayley et son futur mari dans le Bayou ou dans cette histoire dans l’histoire entre deux frères et deux sœurs déroulée sur plusieurs pages et qui interroge les notions de bien et de mal.

La pommeraie est un très beau roman qui oscille entre gaité et tristesse (je ne vous dévoile pas pourquoi), il est de ces livres qu’on déguste plutôt qu’on dévore et qu’on n’a pas envie de finir.

Il me reste encore deux titres de cet auteur à découvrir mais je préfère les garder “en réserve” (quand je pense que j’ai tout lu de Stefansson, je trouve ça triste !)

Je ne sais pas ce qu’est le bonheur. Quelque chose que l’on cherche et auquel on s’accroche, mais que l’on perd parce qu’il est comme l’eau filante entre nos doigts. Dans ma vie, le bonheur qui arrive sans crier gare est le seul qui vaille. Il peut y avoir un silence quand on te dit au revoir. Mais même là, tu entends ton cœur qui bat fort. Ca resonne dans tes oreilles.

Extrait de la newsletter de notre collaboratrice Chocoladdict

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