Si je te survis : un recueil de nouvelles d'une brûlante actualité
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Miami Floride. Trouble de l'identité pour le jeune Trelawny, les Carraïbes ne sont ni l'Amérique Latine, ni l'Amérique du Nord, ni l'Afrique.
Alors Trelawny, né de parents jamaïcains, ne sait plus dans quel océan nager, ni comment se comporter dans cette Amérique blanche qui a accueilli ses parents.
Une saga familiale ? un récit initiatique ?
Pas vraiment, mais un caleïdoscope de nouvelles qui racontent la difficulté de s'intégrer dans le monde lorsque l'on n'a jamais la bonne couleur de peau.
Trop américain pour sa famille jamaïcaine, trop jamaïcain pour ses amours américaines, quelles soit black or white, le pauvre Trelawny navique à vue dans une existence on ne peut plus chaotique.
Distance et drôlerie dans ces tranches de vie intimistes que l'on devine autobiographique, et pourtant toutes les conséquences de la difficulté d'être accepté dans une Amérique fondamentalement WASP sont abordées frontalement.
Sorti à la rentrée dernière, " Si je te survis " devient donc un recueil de nouvelles d'une brûlante actualité.
Si je te survis, Jonathan ESCOFFERY. Albin Michel, parution septembre 2024
En Jamaïque, tu es marron. Là-bas, les gens te ressemblent fortement, un mélange bigarré d'Africain et d'Européen, avec une touche d'Indien ou de Chinois. Ils ressemblent aux membres de ta famille et parlent comme eux, alors tu te sens chez toi, même avec des inconnus. Là-bas, les gens savent que les traits métissés sont courants au sein de la classe moyenne, et pour une fois, lorsque tu obtiens une bourse pour un séjour dans le pays de tes parents, les yeux qui se posent sur toi ne sont ni interrogateurs ni accusateurs, mais accueillants.
Alors tu lui diras que tu veux aller en école d'art à l'étranger pour étudier la mode et le design. Lui a pas vu comment ton cahier l'est plein d'idées et que t'as du talent ?
Mais lui répondra, La mode ? Mon fils lui va s'asseoir et coudre des robes et des culottes ? C'est quoi ces rêves de fifille ?
Mais papa, les hommes européens ont toujours étudié la mode, tu lui diras.
Je sais, il répondra. Les makoumés.
Tu lui demanderas, Pourquoi t'es si fermé d'esprit ? Et tu bomberas le torse et tu feras le tour de la véranda à chercher des trucs à balancer sur lui, parce qu'il peut plus te battre comme quand t'étais pitit.
Lui sait qu'il peut pas te commander comme avant, alors il dit tout calme : T'as rien à faire en école d'art pour couillons.